Firefox L'Arme absolue

Firefox L'Arme absolue
Titre original:Firefox L'Arme absolue
Réalisateur:Clint Eastwood
Sortie:Cinéma
Durée:125 minutes
Date:15 décembre 1982
Note:
L’ancien pilote Mitchell Gant, un vétéran de la guerre du Vietnam qui souffre de traumatismes psychologiques, est convoqué par l’armée américaine, afin de mener une mission secrète en territoire ennemi. Les Russes ont réussi à construire un avion furtif hautement dangereux, qui est sur le point d’accomplir ses derniers vols d’essai. Gant devra s’infiltrer en Russie et prendre la place du pilote dont il partage les mensurations, afin de dérober ce supersonique qui est guidé par les pensées de celui qui le commande.

Critique de Tootpadu

La Guerre froide était à son comble lors de la sortie de ce film, qui n’est guère plus que de la propagande pro-américaine. Les stéréotypes à la mode pendant cette époque d’un antagonisme exacerbé entre les superpuissances des deux côtés du rideau de fer y prospèrent tranquillement, sans que la mise en scène de Clint Eastwood ne fasse grand-chose pour relativiser le bien-fondé de cette opération commando. L’inventivité et l’adresse des Américains priment donc sans surprise sur la lenteur et le raisonnement erroné des Russes. Seule la faille psychologique du héros pourrait mettre en danger l’issue favorable de la mission, si cette faiblesse n’était pas brandie à tout bout de champ comme l’unique subtilité d’une intrigue sinon ennuyeusement conventionnelle.
Firefox L’Arme absolue appartient en effet à cette partie de l’œuvre du réalisateur, qui consiste essentiellement en des films de commande auxquels Clint Eastwood n’apporte aucune touche personnelle. La période récente de sa carrière, où l’éminence grise du cinéma hollywoodien jouit du luxe de ne tourner que des films de prestige qui lui tiennent à cœur, risque de nous faire oublier qu’il y a eu des pans entiers de son parcours consacrés à des films de genre que n’importe quel artisan aurait pu tourner aussi solidement. A vrai dire, pour chaque petit chef-d’œuvre il a même dû y avoir au moins deux ou trois médiocrités, qui se laissent regarder sans nous gratifier d’un souvenir impérissable. En cela, la réputation de Clint Eastwood en tant qu’auteur majeur du cinéma américain paraît pour le moins exagérée, puisque la qualité fortement inégale de ses films le placerait plutôt du côté de ces boulimiques de la mise en scène, comme John Huston par exemple, qui tournent sans cesse en ne faisant preuve d’une touche personnelle que lorsqu’ils le veulent bien, c’est-à-dire d’une façon très sporadique.
Ainsi, le principal point d’intérêt de ce film déjà assez longuet dans sa version cinéma initiale, rallongée par la suite de dix minutes, est son aspect daté, à la fois du point de vue de l’agencement de l’intrigue et de celui des effets spéciaux qui font au mieux sourire de nos jours. Les différentes étapes de l’incursion du protagoniste en terre communiste, où les services secrets font la loi et où les juifs sont persécutés sans ménagement, suivent ainsi une logique scénaristique décidément trop lente, voire exsangue, pour séduire encore un public habitué désormais aux récits à tiroirs et aux rebondissements multiples. La structure plutôt bavarde du scénario ne compense point un manque d’action flagrant, que l’on pourrait résumer en quelques bagarres aux rapports de force inégaux, pendant lesquels Gant assène des coups de poing sans rencontrer la moindre résistance de la part de ses adversaires russes, désemparés face à un tel déchaînement de force brute. Rien que dans cette condescendance américaine, à peine relativisée par les syncopes psychologiques du personnage principal symbolisées sans la moindre finesse visuellement par l’image de la fillette vietnamienne sur fond de flammes, on reconnaît l’essence de tout ce qui cloche dans le cinéma de propagande en général, et celui à la gloire de l’Oncle Sam et de ses vaillants soldats en particulier.

Vu le 12 décembre 2011, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: