Mission : impossible Protocole fantôme

Titre original: | Mission : impossible Protocole fantôme |
Réalisateur: | Brad Bird |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 133 minutes |
Date: | 14 décembre 2011 |
Note: | |
Incarcéré en Russie, l’ancien agent secret Ethan Hunt est libéré dans une opération commando par ses confrères Carter et Dunn, dans le but d’être réintégré dans les forces de l’agence Mission Impossible. Leur prochaine cible est le terroriste mégalomane Kurt Hendricks qui cherche à obtenir des armes susceptibles de déclencher une guerre nucléaire. Alors que Hunt s’infiltre au Kremlin afin d’y dérober le dossier secret sur son nouvel ennemi, le monument historique est frappé par un attentat à la bombe. Hunt s’en sort de justesse, mais suite à cet incident majeur les rapports entre les Etats-Unis et la Russie sont extrêmement tendus et l’agence est désavouée par le président américain. Pour retrouver la trace de Hendricks, Hunt ne pourra dès lors compter que sur l’aide de son équipe réduite.
Critique de Tootpadu
La formule reste pratiquement inchangée dans ce quatrième épisode cinématographique de la saga Mission : impossible. Plus tellement vilipendé pour les frasques de sa vie privée qui avaient sérieusement compromis la sortie du troisième film, Tom Cruise devra désormais affronter un adversaire encore plus redoutable : le vieillissement et la perte irrémédiable de son statut de roi du box-office, qu’il n’arrive point à retenir en dehors des aventures de l’agent Ethan Hunt. Or, Mission : impossible Protocole fantôme met amplement en valeur une fois de plus – serait-ce la dernière ? – les capacités physiques de la vedette sur le déclin, par le biais d’une série de scènes d’action qui n’ont pas à rougir en comparaison avec celles des films précédents. Le seul apport notable du format IMAX réside même dans le renforcement de ces moments hautement haletants, qui célèbrent d’une façon peut-être déjà anachronique la suprématie technologique et les prouesses physiques des forces spéciales américaines.
Aussi dangereuses les acrobaties soient-elles et aussi désespérée la situation paraisse-t-elle à intervalles réguliers, l’équipe redoutable du bureau Mission Impossible saura invariablement se montrer à la hauteur des épreuves qu’elle devra traverser. On peut déceler en cette croyance inébranlable en un perfectionnisme et une efficacité à l’américaine les derniers vestiges de l’idéologie de la Guerre froide, en dépit de l’aspect international des nombreux théâtres des opérations, presque tous situés sur le continent commercialement émergeant qu’est l’Asie. Cette idéologie passéiste rassure autant qu’elle rend les enjeux de l’intrigue plutôt secondaires par rapport au prétexte qu’ils représentent pour une action à maintes reprises époustouflante. En même temps, le côté rétro, à peine démenti par une panoplie de gadgets plus bluffants les uns que les autres, ne paraît guère déranger le réalisateur Brad Bird, qui avait déjà rendu hommage aux films d’espionnage des années 1960, c’est-à-dire des débuts de la légende filmique de James Bond, dans son premier film pour Pixar, Les Indestructibles. Sans surprise, la nouvelle mission impossible fonctionne donc comme l’équivalent en équipe des enquêtes menées en solo par le plus célèbre agent secret du cinéma, même si le sacrifice d’une vie privée – un des points récurrents de la version de Daniel Craig – n’est pas la moindre des ressemblances entre Bond et Hunt.
Toutefois, là où les chemins de ces deux sagas se séparent, c’est dans le ton par lequel il faut aborder ces spectacles survitaminés. Tandis que le Bond récent est un homme dur et désabusé, Ethan Hunt commence à voir l’ironie sisyphienne de son action répétée à l’infini. L’humour bon enfant de son compère Benji Dunn, interprété par Simon Pegg qui est décidément abonné film après film aux mêmes rôles comiques, en est moins le signe révélateur qu’une auto-dérision un brin narquoise, comme lorsqu’il attend que le fameux message s’autodétruit réellement ou qu’il ne sait plus où aller une fois qu’il s’est aventuré hors de la fenêtre de sa chambre d’hôpital. Il n’est pas sûr que cette prise de conscience timide de sa propre faillibilité soit assez marquée pour devenir la nouvelle marque de fabrique de l’univers des agents secrets prodigieux. Associée à quelques scènes d’action impressionnantes, elle suffit néanmoins pour faire de ce film un divertissement sans faille notable.
Vu le 7 décembre 2011, au Pathé Quai d'Ivry, Salle 2, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Rares sont les blockbusters intelligents, racés, efficaces et sans temps mort. Dès les premières minutes, l'intrigue mis en place le film défile à toute vitesse et ne laisse plus aux spectateurs le temps de souffler. Venu du monde de l'animation, Brad Bird (Le Géant de fer, Les Indestructibles) s'impose comme le meilleur choix possible pour relancer une série tombée en désuétude. Sous sa direction, l'esprit de la série est enfin retrouvé et ce n'est plus le combat d'un seul Ethan Hunt, mais celui de son équipe entière sur laquelle repose le succès de la mission.
Mission : impossible Protocole fantôme marque aussi le retour d'un acteur délaissé par son public suite à des débordements incontrôlables lors d'émissions américaines (notamment celle de Oprah Winfrey). Ce film n'est pas uniquement efficace, il permet surtout de se rendre compte à quel point cet acteur s'investit dans ce film. A ce titre, la scène de la tour la plus haute du monde à Dubaï nous montre bien l'investissement professionnel et le dépassement de soi que s'impose à lui-même, de film en film, cet acteur. La réussite de ce film tient certes à une excellente réalisation et un scénario brillant, mais surtout à cet acteur et à ceux avec lesquels il interfère. Jeremy Renner montre ainsi une nouvelle fois l'étendu de son talent, de la même manière que Simon Pegg est un acteur comique convaincant et Paula Patton pas uniquement la caution charme de cette mission.
L'humour irrévérencieux dissimulé tout au long du film sur des gadgets ayant fait leurs preuves, mais en proie à des dysfonctionnements, montre bien que la réussite d'une mission (d'un film) repose essentiellement sur l'investissement professionnel des agents (acteurs) dans la réussite du projet. Lorsqu’un téléphone devant exploser ne le fait pas ou qu’un gant magnétique n'adhère plus, c’est sur les épaules d'un agent confirmé que doit reposer le succès d'une mission. De sa prison au début du film à la table d'un restaurant à la fin, la réhabilitation de Ethan Hunt marque aussi celle de Tom Cruise, à l'égard des spectateurs sortant de la salle avec un sentiment de gratitude envers ce film remarquable.
Enfin, comme l'illustre ce film – le meilleur de la série à ce jour –, les scènes d'action dans un blockbuster ne doivent en rien masquer les failles scénaristiques, mais au contraire servir l'histoire et capter tout au long l'attention du public. Mission : impossible Protocole fantôme s'impose ainsi comme le meilleur film de ce mois de décembre et c’est avec impatience que nous espérons revoir sur nos écrans une autre mission impossible.
Vu le 18 décembre 2011, au Gaumont Disney Village, Salle 11, en VF
Note de Mulder: