Je m'appelle Bernadette

Je m'appelle Bernadette
Titre original:Je m'appelle Bernadette
Réalisateur:Jean Sagols
Sortie:Cinéma
Durée:114 minutes
Date:30 novembre 2011
Note:
En février 1858, alors qu’elle était allée chercher du bois avec des amies, la jeune Bernadette Soubirous voit pour la première fois une belle dame dans la grotte de Massabielle, près de Lourdes. Cette apparition, qui se répétera encore dix-sept fois et que la jeune fille pauvre, illettrée et malade est la seule à voir, soulève à la fois l’indignation auprès des autorités locales et l’admiration chez les croyants qui affluent de toute la France. Pour endiguer ce phénomène populaire, le préfet menace Bernadette et lui interdit de retourner à la grotte, pendant que l’église catholique n’ose pas prendre position face à ce prétendu miracle.

Critique de Tootpadu

Chaque époque a la version cinématographique de Sainte Bernadette qu’elle mérite. Après le point de vue américain de Henry King, qui en faisait un spectacle prestigieux et édifiant pendant les années de guerre, et celui de Jean Delannoy plus sobre près d’un demi-siècle plus tard, voici ce qui ressemblerait presque à un téléfilm bon marché, tellement le vocabulaire visuel du réalisateur Jean Sagols est modeste et la structure dramatique est anémique. Ces lacunes manifestes de la forme empêchent Je m’appelle Bernadette de s’aventurer jusqu’aux confins du mystère de Lourdes, d’aller au-delà d’une simple reconstitution historique d’un événement important du XIXème siècle en France, qui trouverait tout aussi bien sa place dans les grilles des programmes des chaînes de télé spécialisées.
Cette banalité de l’approche permet en même temps de dresser un portrait sans fard de cette petite fille paysanne, inculte et insolente, qui était en fait très loin de l’image de la sainte irréprochable et innocente qui a perduré dans l’imaginaire collectif. A une visitation de la vierge près, la Bernadette Soubirous de ce film-ci est le fruit ordinaire de son milieu social défavorisé, c’est-à-dire humble et travailleuse, quoique aussi suffisamment têtue pour ne pas se laisser faire par les basses manœuvres des hauts dignitaires qui cherchaient à la dissuader de sa vocation divine. Au lieu d’être un cadeau céleste trop bon et pur pour être soupçonné d’imposture, elle fait preuve d’un état d’esprit plutôt terre à terre, qui rend ses illuminations crédibles, même pour le plus cartésien des spectateurs.
Le naturel du volet religieux du film doit beaucoup à l’interprétation de la jeune Katia Miran dans le rôle-titre. La seule véritable révélation d’un film sinon assez médiocre, constamment en danger d’être rabaissée par une distribution qui pullule de comédiens de seconde zone partiellement mal doublés, elle confère une béatitude sans faille à son personnage pendant les moments de l’apparition de la vierge, tout en lui préservant de nombreux aspects d’imperfection pendant tout le cirque qui les entoure. Grâce à son jeu proprement inspiré, Bernadette reprend vie sur le grand écran, en dépit des limitations flagrantes de la mise en scène en termes d’une narration exsangue et le plus souvent incapable de mener jusqu’au bout de leur potentiel dramatique les nombreuses séquences avortées prématurément.

Vu le 22 novembre 2011, à la Salle Gaumont - Louis Feuillade

Note de Tootpadu: