Trois mousquetaires (Les)

Titre original: | Trois mousquetaires (Les) |
Réalisateur: | Paul W.S. Anderson |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 111 minutes |
Date: | 12 octobre 2011 |
Note: | |
Après avoir été trahis à Venise par Milady De Winter et le duc de Buckingham lors de la récupération du plan pour une arme secrète, les trois mousquetaires Porthos, Athos, et Aramis sont provoqués en duel par le jeune D’Artagnan, qui est monté à Paris de sa province gasconne, afin de devenir à son tour un mousquetaire. Au lieu de corriger cet adolescent effronté, les vieux guerriers font équipe avec lui pour protéger les intérêts du roi Louis XIII – lui-même encore un régent peu mature – et de la France, contre l’ennemi britannique et les stratagèmes machiavéliques du cardinal Richelieu.
Critique de Tootpadu
Le célèbre roman d’Alexandre Dumas, adapté pour l’énième fois sur grand écran ici, est si maniable et inoxydable que la succession à travers les décennies de ses montures cinématographiques en dit aussi long sur les thèmes universels qu’il traite, que sur les époques respectives dont ces aventures rocambolesques sont issues. On retrouve dans pratiquement toutes les versions les quelques passages obligés du matériel d’origine, avec le jeune D’Artagnan fougueux qui devient presque par accident l’ami des trois mousquetaires sur le déclin, avant de partir avec eux une dernière fois en croisade pour l’honneur de la France, le tout sous l’œil malveillant de l’indécrottable cardinal Richelieu. Ce fond commun ne sert cependant à la demi-douzaine de Trois mousquetaires sortis jusqu’à présent en France que pour mieux accentuer leurs différences, surtout d’un point de vue formel. Alors que le film de George Sidney tentait tant bien que mal à cacher les signes avant-coureurs de la fin du règne sans partage des grands studios hollywoodiens, celui de Richard Lester tourné un quart de siècle plus tard était symptomatique du genre de production internationale à la mode dans les années 1970, dont l’attrait principal était une distribution aux noms jadis prestigieux jusque dans les plus petits rôles, venus là pour se faire graisser la patte une dernière fois avant de devenir obsolètes.
L’adaptation de Paul W.S. Anderson ne lésine pas sur les gadgets techniques pour remettre l’histoire de Porthos, Athos, et Aramis au goût du jour. Ainsi, l’emploi du relief est plutôt prodigieux et tire amplement profit de la profondeur spatiale des palais somptueux, qui créent assez adroitement l’illusion d’être situés à Versailles, alors que le film a été presque exclusivement tourné en Allemagne. L’aspect européen de la production est d’ailleurs difficile à ignorer, tant il ne manque qu’une feuille de vigne française aux origines très variées des acteurs, de l’Allemand Til Schweiger au Danois Mads Mikkelsen, en passant par l’Ukrainienne Milla Jovovich, l’Autrichien Christoph Waltz, et les Anglais Matthew Macfadyen et Orlando Bloom. L’efficacité teutonne a en quelque sorte eu raison de l’état d’esprit plus latin de l’intrigue, ce qui se ressent à la fois dans le ton un peu lourd et très superficiel du scénario et une prolifération d’effets spéciaux pas toujours crédibles.
Plus globalement, ces Trois mousquetaires portent la marque de leur réalisateur, avant tout réputé pour son implication à longue haleine dans l’univers de Resident evil. Les nombreuses scènes de combat ressemblent par conséquent plus à des acrobaties sorties tout droit de la science-fiction, qu’aux duels légendaires des meilleurs films de cape et d’épée. Cet anachronisme permanent n’est démenti que sporadiquement, lors de l’affrontement entre D’Artagnan et Rochefort sur les cimes de Notre-Dame par exemple. Peu importe le cheminement aberrant qui les a emmenés dans cet endroit insolite, leurs échanges de coups bas et autres actes d’équilibristes justifient certainement l’inflation galopante des effets numériques qui les entourent, ne serait-ce que pour recréer un peu de la magie aventurière que les exploits d’un Errol Flynn ou d’un Stewart Granger dégageaient en abondance sans pareille trucage farfelu.
Bien qu’il ne fasse pas preuve d’une fidélité transcendante envers l’œuvre de Dumas, ce film constitue néanmoins un divertissement convenable, plus impressionnant du point de vue visuel et de l’action que de celui du contenu, traité avec aussi peu de soin et de subtilité que dans les spectacles creux et tonitruants de la saga des Pirates des Caraïbes.
Vu le 1er novembre 2011, à l’UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 5, en VO
Note de Tootpadu: