Warrior

Warrior
Titre original:Warrior
Réalisateur:Gavin O'Connor
Sortie:Cinéma
Durée:140 minutes
Date:14 septembre 2011
Note:
L’ancien marine Tommy Conlon se pointe sans préavis chez son père Paddy, sobre depuis peu de temps, qui l’avait entraîne dans sa jeunesse. Il souhaite participer à un tournoi d’arts martiaux mixtes à Atlantic City. En dépit de la haine profonde qu’il voue à son père pour avoir maltraité et abandonné sa mère, il a besoin de lui pour pouvoir espérer décrocher le titre de champion et les cinq millions de dollars qui vont avec. Simultanément, son frère aîné Brendan, qui a renoncé à sa carrière de lutteur pour fonder une famille et devenir un prof respectable, n’a plus que trois semaines avant que la banque ne vienne saisir sa maison. Suspendu suite à sa participation à un combat amateur, il retrouve son ancien coach afin de se remettre en forme et de décrocher à son tour un ticket pour l’affrontement des meilleurs combattants.

Critique de Tootpadu

Pour le meilleur et pour le pire, Sylvester Stallone est la référence en termes de drames sportifs qui se terminent invariablement par un duel éprouvant dans le ring, où le héros malmené pourra prouver qu’il vaut mieux que les railleries de ses adversaires, à première vue donnés favori. Tandis que le premier Rocky est un exemple plus qu’honorable de l’éternelle histoire sur un ancien champion qui n’est pas encore prêt à décrocher, ses suites et la plupart des films semblables qu’il a inspirés de près ou de loin ne sont que des resucées tendancieuses et paresseuses de cette même formule. L’année dernière, nous avons déjà eu droit à un remake officieux de ce conte édifiant par le biais de Fighter, que seule la mise en scène relativement inventive de David O. Russel a su sauver du naufrage. Nous sommes sensiblement moins chanceux avec Warrior, puisque Gavin O’Connor est précisément le genre de tâcheron qui sait certes assembler tous les éléments indispensables à ce genre d’histoire, mais sans pour autant être en mesure de leur insuffler un minimum d’originalité ou de vie.
Le scénario assez lamentable n’a en effet rien trouvé de mieux que de pimenter la trame narrative usée jusqu’à la corde avec une mise en parallèle laborieuse des trajectoires des deux frères antagonistes. Sauf que les traits des personnages sont esquissés d’une façon si atrocement superficielle, qu’il a fallu toute la sensibilité d’un acteur aussi immense que Nick Nolte pour y apporter un iota d’émotion. Pendant que le récit avance avec une prévisibilité hautement ennuyeuse, il n’y a que ce père autrefois alcoolique et désormais flasque pour nous rappeler que ce sont les imperfections de l’homme qui devraient être au cœur de ces propagandes volontaristes à peine larvées, et non pas des machines sportives sans âme. Car entre le cabotinage de Tom Hardy et le jeu livide de Joel Edgerton, il nous est carrément impossible d’éprouver quoique ce soit pour ces deux protagonistes risiblement caricaturaux.
La mise en scène assez répugnante de Gavin O’Connor rate en effet sans appel les deux ou trois séquences qui auraient dû apporter un peu de profondeur à cette intrigue schématique au possible. Chaque fois que Tommy et Brendan sont censés justifier leur décision de reprendre l’entraînement ou qu’ils s’épanchent sur un passé familial misérable, les lacunes formelles de la narration deviennent presque insoutenables. Dans ce contexte, le moment le plus incongru du film se trouve sans doute lors du grand déballage de linge sale sur la plage d’Atlantic City, le soir précédant le tournoi décisif, filmé d’ailleurs sans la moindre montée d’adrénaline notable. Au lieu de nous y faire goûter à la pomme de discorde entre les deux frères, si essentielle à la compréhension et à notre implication émotionnelle dans le duel qui finira bien sûr en apothéose, la réalisation se confond en platitudes et en un découpage dépourvu du moindre mérite. Seul le faux montage en écran divisé pendant l’entraînement – dont nous ne partageons du coup nullement l’intensité ou l’effort à fournir – dépasse en crétinisme cinématographique ces conversations bancales entre les personnages principaux.
Difficile à dire donc ce qui est plus détraqué : ce film décevant avec ses fils narratifs annexes tout à fait superflus, qui ne font qu’allonger artificiellement sa durée, ou bien cette famille éclatée dont les griefs ne trouvent en tout cas aucun forum filmique adéquat ici.

Vu le 21 septembre 2011, à l’UGC Ciné Cité Bercy, Salle 34, en VO

Note de Tootpadu: