A l'épreuve du feu

A l'épreuve du feu
Titre original:A l'épreuve du feu
Réalisateur:Edward Zwick
Sortie:Cinéma
Durée:112 minutes
Date:08 janvier 1997
Note:
Après la Guerre du Golf, l'armée américaine cherche à tout prix de donner une image héroïque au conflit. Cette stratégie consiste à la fois à étouffer les bavures et à glorifier les actes courageux. Ainsi, le lieutenant-colonel Sirling, responsable de la mort d'un de ses hommes, est chargé de l'enquête sur le capitaine Karen Walden, abattue avec son hélicoptère et, selon les voeux de la Maison Blanche, la première femme à recevoir une médaille d'honneur. Sauf que Sirling découvre au fil des entretiens avec les survivants de l'incident, que la mort de Walden sur le champ de bataille est survenue dans des circonstances plus complexes que supposées.

Critique de Tootpadu

La Guerre du Golf, cette première incursion prétendument victorieuse des forces américaines sur le territoire irakien, n'a vraiment pas inspiré les producteurs hollywoodiens. A ce jour, plus de quinze ans après l'opération Tempête du Désert, seulement trois films aux moyens conséquents en tiennent compte : celui-ci, Les Rois du désert et Jarhead. En vue de l'échec de plus en plus cuisant de l'armée américaine en Irak actuellement, il paraît peu probable qu'un réalisateur ose s'attaquer désormais à ce premier conflit, qui paraît chaque jour plus comme une paranthèse idéalisée.
Le traitement qu'A l'épreuve du feu réserve à la guerre se veut cependant ambigu. Ce sont les agissements au sein des forces armées qui mènent l'histoire, les répercussions des actions, bonnes ou mauvaises, dans le feu de la bataille. A peine une ou deux allusions sont faites pour critiquer ou plutôt justifier la libération du Koweït. Et même la mise en question des tactiques de la hiérarchie militaire ne débouche sur rien de tangible. Le principal souci du scénario de Patrick Sheane Duncan se trouve bien là : qu'il prétend interroger l'appareil militaire et les individus qui le forment en temps de guerre, mais qu'il esquive toute prise de position sérieuse avec ses conclusions ennuyeusement consensuelles. En cela, le film est entièrement fidèle à une conception très américaine de l'armée, qui croit toujours dur comme fer en sa supériorité morale et sa capacité de rechercher la vérité à travers des actes de bravoure.
Une fois n'est pas coutume, le style très lourd d'Edward Zwick fait tout son possible pour enfoncer encore plus le clou de l'héroïsme dans l'adversité. Outre une abondance de ralentis aux moments les plus décisifs, la forme du film accentue le ton pesant à travers son traitement très conventionnel d'une histoire qui ne l'est pas moins. Le réalisateur ne sait ainsi pas tirer profit de la structure narrative inspirée de Rashomon, dont la première victime est le jeu de Meg Ryan, obligée de tomber dans une caricature après l'autre au gré des différentes versions de l'histoire. Heureusement, les interprétations de Matt Damon et Lou Diamond Phillips sont plus consistantes, sans oublier le très solide Denzel Washington qui s'en sort pas trop mal avec un personnage constamment accablé par ses fautes du passé.

Revu le 5 juillet 2007, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: