Another earth

Another earth
Titre original:Another earth
Réalisateur:Mike Cahill
Sortie:Cinéma
Durée:92 minutes
Date:12 octobre 2011
Note:
Le jour où une planète en tous points semblable à la Terre est découverte, la jeune étudiante Rhoda Williams est à l’origine d’un terrible accident de la route. Sortie de prison quatre ans plus tard, elle participe à un concours dont le gagnant pourra participer à la mission spatiale qui explorera cette Terre 2, qui apparaît désormais tout près de la nôtre. En même temps, Rhoda retrouve le seul autre survivant de l’accident fatal, le compositeur John Burroughs. Elle aimerait tant lui demander pardon, mais suite au faux prétexte sous lequel elle a frappé à sa porte, elle devient sa femme de ménage.

Critique de Tootpadu

Est-ce que nous sommes seuls dans l’univers ? Cette question existentielle taraude depuis des siècles la science, qui a imaginé toutes sortes de théories abstraites et de calculs de probabilité pour tenter d’y répondre. Même le cinéma hollywoodien s’intéresse de temps en temps à ce sujet aux possibilités infinies, tant que nous n’aurons pas la preuve concrète d’une vie extra-terrestre. Que ce soit dans Rencontres du troisième type de Steven Spielberg ou dans Contact de Robert Zemeckis, le nombre des effets spéciaux mis à contribution pour créer ce lien hypothétique vers une civilisation inconnue est souvent diamétralement opposé à l’enseignement philosophique, voire spirituel, à tirer de ces épopées de la science-fiction. A l’inverse, les moyens à la disposition du réalisateur Mike Cahill pour son premier film de fiction sont plutôt modestes. Another earth réussit néanmoins à creuser sans emphase au plus profond de nos peurs et des priorités qui régissent la vie humaine.
Le dispositif du bourreau qui revient chez ses victimes, non pas pour continuer le massacre, mais pour chercher auprès d’eux un pardon qui apaiserait sa conscience, est assez éculé. Il n’existe de surcroît que peu d’issues possibles à cette démarche qui ressemble un peu trop à un sacrifice rituel. Soit le pardon est accordé aux conditions d’une vengeance malsaine, qui implique presque toujours que le coupable se soumet complètement à la volonté de son adversaire, soit ce dernier oblige le meurtrier à un inversement des rôles, qui fera du chasseur la proie et vice-versa. Dans le cas présent, les choses se passent autrement, puisque Rhoda ne trouve pas le courage nécessaire pour révéler sa véritable identité à John. La complicité qui s’établit entre les deux personnages est par conséquent beaucoup plus fragile et condamnée d’avance à s’écrouler, que si la conductrice en état d’ébriété d’antan avait été franche d’entrée de jeu. Cette lâcheté inhérente à Rhoda, et plus globalement à la nature humaine hautement imparfaite, acquiert toutefois une dimension philosophique supplémentaire, grâce à la présence du reflet cosmique que paraît être cette autre Terre.
Rien que la possibilité d’un double plus heureux et moins torturé par les aléas préjudiciables de la vie ouvre tout un champ de réflexion, adroitement exploité par la narration, au propos d’un film qui se veut ni ésotérique, ni abusivement pragmatique. L’état d’esprit apocalyptique qui se répand suite au premier contact avec cette planète mystérieuse – et qui risque par ailleurs de redevenir une fois de plus la donne au cinéma une décennie après le passage inquiétant à l’an 2000 et à quelques mois de la fin supposée du monde – est largement relativisé par le fond dramatique du récit. Le ton du film ne se prête pas à la grandiloquence d’une menace diffuse et forcément fatale. Il persévère au contraire dans une sobriété intimiste, qui doit beaucoup au jeu d’acteur bouleversant de Brit Marling dans le rôle de Rhoda. Sans elle, ce personnage meurtri par une bêtise de jeunesse n’aurait sans doute jamais atteint d’une manière aussi crédible le même degré d’idéalisme lucide. Tandis que la dernière séquence invite à une multitude d’interprétations possibles, le cœur humain de l’intrigue se situe quelques minutes plus tôt, lorsque nous apprenons le choix de Rhoda quant à son avenir sur Terre ou dans l’espace.

Vu le 29 août 2011, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Film surprenant, car abordant de manière sérieuse le postulat de la multiplicité des univers parallèles. Suite à un accident commis en état d'ivresse et ayant causé la mort de la femme d'un grand musicien et de leur fils, une jeune étudiante, après avoir été incarcérée, revient voir le dit musicien pour obtenir son pardon. En parallèle, ayant gagné un billet pour se rendre dans ce monde parallèle et sachant que les choses à partir d'un point temporel précis aura peut-être une alternative pour se faire pardonner.

Un film de science-fiction réussi se doit d'avoir un rythme soutenu et de développer une intrigue structurée pour mieux faire passer certains éléments inconcevables à premier abord, comme l'ont si bien démontré les films de Ridley Scott, Alien Le Huitième passager et Blade runner. Ce film trop lent et manquant de rebondissements, fait pâle figure au sein du genre auquel il se rattache. Rien ne peut être sauvé dans ce film minimaliste, tout juste au niveau d'un téléfilm.

Belle déception de voir que la sélection officielle accueille de tels films en son sein, alors que d'autres y auraient eu leur place (Dark horse).

Vu le 9 septembre 2011, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: