Un jour

Un jour
Titre original:Un jour
Réalisateur:Lone Scherfig
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:24 août 2011
Note:
Le 15 juillet 1988, Emma et Dexter passent la dernière nuit de leur vie étudiante ensemble. Ce n’est pas le coup de foudre, mais ils décident de rester en contact. Devenus amis et confidents, ils vont se croiser pendant vingt ans au beau milieu de l’été. Au fil de ces journées symboliques d’une relation qui se construit sur la durée, ils vont connaître des moments de complicité, de déception, voire d’amour. Alors que Dexter accomplit le parcours éphémère d’un présentateur télé et qu’il multiplie les conquêtes sans jamais savoir comment s’attacher sincèrement à une femme, Emma, plus pragmatique et réservée, ne perd jamais l’espoir que son ami sera un jour à la hauteur des sentiments qu’elle éprouve pour lui.

Critique de Tootpadu

Il s’en passe des choses en Angleterre, un 15 juillet. Alors que le lendemain de la fête nationale rime en France, et surtout à Paris, avec le début du mois le plus calme et paisible de l’année, la prémisse de cette adaptation du roman à succès de David Nicholls impose un emploi du temps plutôt chargé à ses deux héros romantiques. Du temps, il en est justement question dans Un jour ou vingt façons de glisser la date dans le cadre sans trop se répéter. La réalisatrice Lone Scherfig a hérité du scénario et de son dispositif contraignant la tâche hardie de condenser la chronique de deux vies et d’une relation tumultueuse en quelques instantanés. Pour y arriver, elle fait certes appel à des repères de la vie courante un brin trop évidents, comme l’apparition de téléphones portables ou d’ordinateurs récents. Dans l’ensemble, sa narration réussit toutefois à conférer un sentiment de durée – à mi-chemin entre l’usure et l’acquisition pénible de la sagesse qui peut venir avec l’âge – au lien parfois serré, parfois détendu qui unit Emma et Dexter.
Bien que l’issue de cette romance mélancolique soit assez prévisible, la relation entre cet homme et cette femme qui ne sont à première vue pas faits l’un pour l’autre est assez crédible pour nous émouvoir. Le courant passe en effet étonnamment bien entre Anne Hathaway et Jim Sturgess, au point de nous faire oublier les quelques incongruités qui minent malgré tout le film. Les deux acteurs se soumettent entièrement à la suprématie fictive de l’amour, peu importe que la longue gestation de l’épanouissement de leur attachement se conforme au cadre limitatif du schéma temporel ou pas. La succession de rendez-vous manqués ou d’occasions ignorées pour se réconcilier, y compris le revirement dramatique majeur du film, vont même jusqu’à transformer ce dernier en un pamphlet doux-amer en faveur du carpe diem.
Contrairement à son film précédent, Une éducation, Lone Scherfig a beaucoup de mal à donner un véritable air britannique à ce film-ci. Ce métissage culturel provient au moins partiellement du choix de l’Américaine Anne Hathaway pour le rôle principal féminin, auquel elle peine à donner l’aspect complexé et timide, qui empêche pendant si longtemps Emma d’exprimer ses sentiments pour Dexter. Enfin, il n’est pas dans nos habitudes de vous inciter à quitter la salle avant la fin du générique. Nous faisons une exception dans le cas présent par contre, puisqu’un départ précipité vous épargnera la chanson abominable d’Elvis Costello, qui synthétise tout ce qui ne va pas dans ce film, au risque de faire oublier ses qualités indéniables.

Vu le 18 août 2011, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Les comédies romantiques anglaises ont nettement plus de classe que les américaines, trop sirupeuses et dont la dramatique est trop appuyée, à l’exception de quelques films comme La Cité des anges. Le moment le plus dramatique de ce film-ci nous renvoie à la scène tant détestée du film très réussi de Brad Silberling. Lone Scherfig qui, après des œuvres indépendantes passées inaperçues se fait connaître du grand public par Une éducation, signe ici son film le plus commercial et attachant. Le pari était assez osé d’adapter le livre de David Nicholls (qui signe aussi le scénario), car le film suit l’évolution amoureuse de deux êtres de deux classes sociales différentes sur plus de vingt ans, en ne montrant qu’une journée de chaque année, un 15 juillet.

La force de ce film à la réalisation typée anglaise provient non seulement du soin apporté aux détails pour illustrer chaque année, au niveau du choix musical, des vêtements, et des expressions, mais surtout des deux interprètes principaux. Ce drame repose sur deux jeunes interprètes qui commencent à accéder à une reconnaissance mondiale depuis quelques années. Anne Hathaway (Le Diable s’habille en Prada, Valentine’s day, Love et autres drogues) et Jim Sturgess (Las Vegas 21, Droit de passage) font partie de cette nouvelle génération de jeunes comédiens qui à force de travail ont réussi à s’imposer dans le nouvel Hollywood. Le film doit beaucoup à leur complémentarité et à la vie qu’ils donnent à leurs personnages. Sans eux, le film n’aurait pas cette âme, cette profondeur qui nous renvoie à notre propre passé. Ce film est loin des stéréotypes des comédies actuelles, sans la moindre fausse note, hormis la chanson de générique, une pure faute de goût signalée par Tootpadu.

Certes, la scène de l’accident de vélo est très forte et nous renvoie à notre hantise la plus profonde de perdre une personne très proche (son âme sœur, ses parents, ses frères d’armes). Mais comme l’avait si bien exprimé La Cité des anges, une vie sans amour ne mérite pas d’être vécue. Seul le véritable amour d’une vie nous montre la bonne route vers le bonheur réel et si difficile à trouver pour tout geek.

Reste que ce film fait partie des petits films indépendants qui nous touchent et nous donnent envie de nous réveiller le matin près de la femme de notre cœur …

Vu le 26 août 2011, au Gaumont Disney Village, Salle 16, en VF

Note de Mulder: