
Titre original: | Skylab (Le) |
Réalisateur: | Julie Delpy |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 114 minutes |
Date: | 05 octobre 2011 |
Note: | |
En juillet 1979, la jeune Albertine se rend avec ses parents en Bretagne, près de Saint-Malo, afin d’y fêter avec toute la famille le 67ème anniversaire de sa grand-mère du côté paternel. Pour la fillette au seuil de l’adolescence, les retrouvailles avec les cousins et les cousines, les oncles et les tantes sont placées sous le signe de la menace du retour imminent dans l’atmosphère terrestre du Skylab, la première station spatiale américaine, qui risque de s’écraser sur l’ouest de la France. Alors qu’elle s’imagine déjà en train de vivre ses dernières heures, Albertine éprouve son premier coup de foudre pour un garçon. Le temps d’un week-end à la campagne, elle est surtout le témoin d’une réunion de famille au cours de laquelle de vieilles rancunes refont surface.
Critique de Tootpadu
A cinq ans et un millier de kilomètres près, ce conte familial a failli nous rappeler nos propres réunions outre-Rhin, qui se sont déroulées à intervalles réguliers du milieu des années 1970 jusqu’à la fin de la décennie suivante. La description de l’exubérance généralisée avec laquelle les membres de la famille s’accueillent au début, pour retomber au fil des heures passées ensemble dans les mêmes schémas comportementaux qui ont régi leurs rapports depuis l’enfance, bref, cette acuité du regard sur les mécanismes du cercle familial compte indéniablement parmi les points positifs du troisième film de Julie Delpy. La réalisatrice y évoque avec un naturel pas sans charme la solidarité entre les générations, qui prime dans ces circonstances de rassemblement estival sur l’unité de la famille proche. Le personnage principal se définit ainsi bien plus par rapport aux autres enfants, qu’à travers l’échange avec ses parents, des saltimbanques qui jouent le rôle quelque peu caricatural de trublion gauchiste au sein d’une famille autrement plutôt franchouillarde.
C’est dans l’agencement simultané des clichés du passage ambigu à l’adolescence, et des stéréotypes emblématiques de cette époque de transition entre mai ’68 et l’arrivée de la gauche au pouvoir, que Le Skylab a plus de mal à nous convaincre. Alors que l’absence d’un véritable enjeu dramatique ne nous gêne pas outre mesure, le scénario a une tendance presque fâcheuse à combler ce vide de l’action par une série de tranches de vie plus banales les unes que les autres. Chaque adulte dispose par conséquent d’un défaut de caractère principal – rien de sérieux, juste la collection habituelle d’alcooliques, de frustrés sexuels, d’idéalistes impuissants, et de vétérans traumatisés par une guerre qui était si différente de leur quotidien ennuyeux, dans lequel ils perdent pied à force d’être nostalgiques –, tout comme chaque enfant donne déjà une idée quant à son avenir probable : du pédé coiffeur jusqu’à la future mère névrosée, qui tape un scandale en plein voyage parce que ses places de train ne correspondent pas à ce qui arrangerait sa petite famille.
Le ton général du film n’est heureusement pas aussi pénible, voire bidon, que celui du récit cadre. Cependant, la narration n’atteint que très rarement le degré de véracité humaine, qui avait distingué par exemple L’Heure d’été de Olivier Assayas, un film plus grave, mais aussi moins convenu dans sa façon de nous faire pénétrer dans l’intimité d’une famille ordinaire. Tandis que ce dernier nous a emmené en toute simplicité vers une meilleure compréhension de notre rapport ambivalent à l’égard de cette institution sociale, Julie Delpy ne réussit malgré une distribution tout à fait convenable qu’à nous rappeler les aspects les plus contraignants de cette vie en communauté.
Vu le 9 août 2011, à la Salle Pathé François 1er
Note de Tootpadu: