Super 8

Super 8
Titre original:Super 8
Réalisateur:J.J. Abrams
Sortie:Cinéma
Durée:112 minutes
Date:03 août 2011
Note:
Encore sous le choc quelques mois après la mort de sa mère dans un accident professionnel, le jeune Joe Lamb cherche à se changer les idées en participant au tournage d’un court-métrage amateur, que ses camarades de classe filment en super 8 pendant l’été 1979. Un soir, alors qu’une scène d’adieu est prête à être tournée dans une gare désaffectée qui sert de décor à leur histoire abracadabrante de zombies, les cinéastes en herbe deviennent les témoins involontaires d’une catastrophe ferroviaire impressionnante. L’armée investit rapidement les lieux et garde les habitants de la bourgade avoisinante de l’Ohio à l’écart, après que Joe et ses amis ont réussi à s’échapper sans être inquiétés. Les jours suivants, des événements étranges font craindre une invasion d’extra-terrestres, alors que la caméra du groupe d’adolescents aurait peut-être enregistré l’origine de toute cette agitation.

Critique de Tootpadu

Steven Spielberg s’est contenté de n’être que le producteur de cette aventure de science-fiction au ton très rétro, sans doute parce qu’il avait déjà dit tout ce qu’il y avait à raconter en la matière à travers les films qui ont fait sa renommée dès les années 1970. Super 8 est en effet un film d’époque à plus d’un titre, puisque – en dehors de l’action qui se déroule à la toute fin de la décennie initiale de la filmographie du futur roi de Hollywood – il imite à la perfection le style cinématographique d’une époque, qui correspond à la sortie de classiques du cinéma populaire comme Les Dents de la mer et Rencontres du troisième type. Tandis que les grands spectacles estivaux cherchent à épater le spectateur trente à quarante ans plus tard avec des effets spéciaux dernier cri et un engouement renouvelé pour le cinéma en relief qui doit encore faire ses preuves à long terme, le troisième film du réalisateur J.J. Abrams opte pour le genre d’hommage au cinéma de nos pères ou de notre jeunesse, en fonction de la génération à laquelle on appartient, qui n’a pas honte d’apparaître passablement vieillot.
L’efficacité et la solidité de la facture de ce film en même temps dépourvu de l’originalité la plus infime constituent ainsi un retour en arrière largement salutaire dans le contexte d’une production hollywoodienne actuelle, qui se sert certes toujours des mêmes modèles narratifs éculés, mais qui prétend que l’évolution technique indéniable en ferait un produit d’une nouvelle espèce. Rien de cette poudre aux yeux mercantile dans le cas présent, grâce à une narration d’emblée très révérencieuse à l’égard des piliers d’antan sur lesquels se base pourtant le mode opératoire des films pop-corn jusqu’à nos jours. A plus d’une occasion, on se croirait en effet face à une ressortie merveilleusement restaurée de ces aventures d’une bande de jeunes copains, qui avaient pullulé sur nos écrans à partir de la décennie suivante, ces problématiques années 1980. Pour quiconque considère l’Histoire du cinéma comme un éternel mouvement cyclique, fait de renvois et de faux départs vers une esthétique à l’apparence nouvelle qui se conformera tôt ou tard à la suprématie d’une narration conventionnelle, ce film hautement divertissant peut servir d’exemple parfait pour une forme de relecture des codes d’un genre, qui – contrairement à la démarche d’un Quentin Tarantino qui pervertit joyeusement les recettes éprouvées par une violence outrancière ou de Pixar qui insuffle un vent de fraîcheur à l’animation familiale en y incluant des références directes à notre culture de consommation – cherche à concocter une copie entièrement conforme, à la manière des contrefaçons industrielles chinoises les plus prodigieuses.
Si vous arrivez à vous soustraire au fil narratif si séduisant, car si familier, de cette histoire élaborée dans une éprouvette de luxe, nous vous invitons à énumérer l’ensemble des références à l’œuvre de Steven Spielberg en particulier, et aux grand succès du cinéma américain depuis les débuts de sa figure de proue en général. La déconstruction du récit selon cette forme d’enquête minutieuse des détectives du cinéma vous laissera très probablement avec rien du tout, tellement le moindre détail du film relève du déjà-vu plaisant mais en fin de compte assez creux. Chaque pièce du puzzle a ainsi déjà servi ailleurs. Pire encore, elle ne doit sans doute son inclusion dans ce tableau filmique destiné au musée du cinéma populaire et de son esthétique immuable qu’à sa réussite dans le cadre d’un film pas aussi rondement mené que Super 8, mais très certainement plus ambitieux du côté de l’originalité.

Vu le 16 juin 2011, au Paramount Opéra, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

J.J. Abrams est un réalisateur iconoclaste aussi à l'aise avec un film d'action (Mission impossible 3), un film de monstre (Cloverfield en tant que producteur), ou un film de science-fiction (Star Trek), qu'un film fantastique comme c'est le cas ici. Véritable ode au genre dont il se rattache, ce film rend hommage aux films qui ont marqué notre enfance, jusqu'à utiliser leurs codes et leur réalisation (Les Goonies, Les Dents de la mer, Gremlins, Rencontres du 3ème type). Produit par Steven Spielberg, dont on sent l'inspiration créatrice de bout en bout, J.J. Abrams nous livre pour notre plus grand plaisir un film fantastique très réussi.

Toute la force de Super 8 vient de son scénario solide, qui semble tiré d'un ouvrage du maître écrivain Stephen King. Le fantastique s'immisce par petites touches dans une intrigue où les personnages principaux et leurs fêlures sont décrits avec précision. Le déraillement d'un train très spectaculaire (dévoilé par la bande-annonce) va plonger une petite ville de l’Ohio dans un climat angoissant, où l'ombre d' une créature va planer.

J.J. Abrams est comme Steven Spielberg un humaniste et un conteur surdoué. Son film trouve ainsi la fréquence parfaite pour mélanger différents genres de films (chronique de l'enfance, film d'aventure, film de science-fiction). Son film s'impose comme un des blockbusters de l'année, aux côtés de Thor, Captain America et X-men Le commencement, soit exclusivement des films s'inspirant de notre réalité pour y insuffler un élément fantastique.

Comme dans Les Dents de la mer, la créature est dévoilée le moins possible tout au long de l'histoire, afin d'entretenir un climat angoissant. Chacune de ses apparitions est amenée par un son particulier identique, permettant aux spectateurs de comprendre que le monstre n'est pas loin. Les effets spéciaux très réussis servent l'histoire et ne sont pas là pour masquer la moindre défaillance scénaristique. De même, l'interprétation très enjouée des principaux acteurs est limpide et renforce notre excellente impression à la vue de ce film.

Certes, certains pourraient prêcher que ce film n'est qu'un assemblage d'idées déjà véhiculées dans d'autres classiques antérieurs du même acabit. Cela reviendrait à minimiser la force de cet excellent ouvrage. Certes – et c’est volontaire –, le réalisateur s'est largement inspiré des films de notre enfance, mais il en a tiré une œuvre de part en part maîtrisée. C’est donc avec un certain empressement que nous attendons sa prochaine création.

Super 8 est surtout un grand film inspiré, qui s'impose dès sa première lecture comme un classique du genre, à ranger dans son étagère de DVDs entre celui de E.T. L'extraterrestre et Gremlins !

Vu le 16 juin 2011, au Paramount Opéra, Salle 1, en VO

Note de Mulder: