Il n'est jamais trop tard

Il n'est jamais trop tard
Titre original:Il n'est jamais trop tard
Réalisateur:Tom Hanks
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:06 juillet 2011
Note:
A peine remis du divorce de sa femme, Larry Crowne est convoqué par ses supérieurs. Alors qu’il s’attend à être couronné pour l’énième fois employé du mois dans le supermarché où il travaille depuis des années, ses chefs lui annoncent qu’il est licencié, sous prétexte que son absence de cursus universitaire l’empêcherait de progresser dans l’entreprise. Faute d’offres d’emploi sérieuses et à cause d’une dette personnelle qui risque de l’écraser, Larry s’inscrit à la fac à un cours d’économie et un autre de prise de parole en public. C’est surtout ce dernier, donné par la ravissante Mercedes Tainot, qui va changer sa vie.

Critique de Tootpadu

On n’appelle pas pour rien Tom Hanks le James Stewart de sa génération. Même si le mode opératoire de Hollywood a sensiblement changé depuis l’époque de ce monstre sacré du cinéma américain, une certaine frange du public a toujours autant besoin d’un pôle de stabilité rassurant, qui personnifie à la fois les joies et les peines de l’Américain moyen. Que ce soit dès les débuts comiques de sa carrière, ou à travers les drames engagés qui ont fait de lui ensuite un des acteurs les plus honorables et les plus honorés de son pays, Tom Hanks a toujours su se faire passer pour l’homme d’à côté, un exercice en modestie et en persévérance devant lequel la plupart de ses confrères et de ses contemporains rechignent. Son retour à la mise en scène, par le biais d’un film qui – contrairement à son premier – a eu le privilège tout relatif d’une traduction en français de son titre, s’inscrit parfaitement dans cette démarche de donner à la classe moyenne une voix cinématographique, quitte à lui conférer quelques touches plus populistes à travers la participation au scénario de Nia Vardalos, sortie de l’oubli depuis Mariage à la grecque.
Les deux têtes d’affiche d’Il n’est jamais trop tard ont beau figurer parmi les vedettes les mieux payées de Hollywood, elles campent ici des personnages gentiment ordinaires, voire matériellement ou émotionnellement démunis. Les Etats-Unis vivent désormais à l’heure de la crise économique. Le cinéma se doit de refléter ce début de la fin d’une hégémonie planétaire, en faisant passer les héros de ses drames sociaux invariablement bien intentionnés par des épreuves aussi symptomatiques que le licenciement ou la perte du logement. Aussi désespérante la situation soit-elle pour le jeune quinquagénaire au cœur de l’histoire, son optimisme et son éthique du travail irréprochable suffiront pour faire vivre le rêve américain un jour supplémentaire, même en mobylette et sans un écran plat à la maison.
En tant que générateur de bonne humeur, le deuxième film de Tom Hanks remplit en effet parfaitement le contrat que l’acteur a conclu avec son public depuis près de trente ans. Une fois débarrassé de toutes les mauvaises ondes et des possessions encombrantes qui lui pourrissaient la vie à son insu, Larry Crowne y retrouve un deuxième souffle des plus idylliques. C’est juste le chemin employé pour parvenir à ce nouveau style de vie tendance et séduisant qui peine parfois à convaincre. Car au fond, le protagoniste reste presque ennuyeusement fidèle à l’image que l’on se fait de Tom Hanks, l’homme et l’acteur : serviable, discrètement opportuniste, attaché au maintien d’un lien social à l’ancienne, et intrinsèquement incapable de sortir des sentiers battus.
Sans surprise, l’épave potentielle d’une restructuration du monde du travail retrouve donc ses repères et accessoirement plein de nouveaux amis aussi proprets que lui. La dépression est logiquement réservée à ceux qui ont perdu toute perspective à force de travailler d’une façon routinière, mais la solution miracle est à portée de main même pour la maîtresse légèrement alcoolique. Ce n’est évidemment pas le cocktail glacé grâce auquel elle espère oublier ses journées frustrantes à l’université, mais une mise en question dans la plus pure tradition volontariste, que ce film divertissant nous vante plutôt superficiellement, sans chercher à offusquer personne.

Vu le 7 juin 2011, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: