
Titre original: | John Rabe |
Réalisateur: | Florian Gallenberger |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 132 minutes |
Date: | 27 avril 2011 |
Note: | |
Fin 1937, John Rabe, le responsable de la centrale électrique de Siemens à Nankin, est promu à un poste à Berlin. Il quitte avec regret cette ville et cette filiale qu’il a construite pendant plus de vingt ans. Quelques jours avant son départ, l’armée japonaise, en guerre avec la Chine, s’approche dangereusement de Nankin et risque de l’envahir. Bien qu’il ait appris que la centrale va être fermée par son successeur et en dépit des bains de sang perpétrés par les Japonais à Shanghai, Rabe maintient son projet de voyage. Mais la communauté des expatriés de la ville décide, en l’absence de tout personnel diplomatique, de créer une zone de sécurité, afin de mettre à l’abri la population civile. Contre son gré, John Rabe est désigné comme le gérant de cet havre de paix supposé.
Critique de Tootpadu
La proverbiale rigueur allemande n’est pas seulement une des valeurs fondamentales de John Rabe. Elle caractérise aussi ce drame historique, qui nous arrive enfin en France, deux ans après sa sortie outre-Rhin. Sa facture est en effet d’une solidité sans reproche et presque trop empressée de ne pas inviter à une comparaison avec l’autre épopée d’un héros allemand récalcitrant, La Liste de Schindler de Steven Spielberg. Pourtant, le dirigeant de Siemens-Chine confirmé, devenu à l’improviste un activiste humanitaire, se rapproche d’Oskar Schindler par sa réticence initiale d’accepter le rôle que l’Histoire lui tendait et par sa renommée tardive. Ce n’est pas un homme sans reproche que le réalisateur Florian Gallenberger nous montre, mais un individu tiraillé entre l’idéalisme, la naïveté, et enfin la consternation face à son impuissance manifeste.
Au début, John Rabe fait partie de ces Allemands entreprenants, qui sont convaincus que les autres feront un travail moins soigné et performant qu’eux. De cette assurance trompeuse découle une certaine condescendance, comme un trait de caractère hautain qui cache en fait les bonnes intentions de la personne trop imbue d’elle-même. L’optimisme aux yeux bleus de John Rabe aura la vie dure, avant que cet homme exemplaire ne se rende compte qu’il ne pourra rien et qu’absolument tout – l’œuvre de sa vie qui aurait pu lui apporter une réputation immortelle, son épouse chérie, ses économies, et pire que tout sa foi en la supériorité morale allemande – s’est évaporé sous les coups barbares de la guerre. La réussite du personnage, c’est de persévérer malgré son échec manifeste de garder les soldats japonais et leurs pratiques abjectes hors de sa communauté nullement préservée. John Rabe était, au moins tel que le représente ce film édifiant, un homme courageux qui a su franchir le pas, sous la pression de circonstances exceptionnelles, de l’industriel détaché vers un altruiste résigné.
John Rabe suit ce cheminement sans états d’âme particuliers. C’est un film qui répond présent à toutes les attentes que l’on pourrait avoir à l’égard d’un chant héroïque en temps de crise, mais qui ne sait pas en dépasser une seule. Il vaut donc mieux ne pas être trop exigeant, mais se contenter d’une narration efficace et relativement mesurée quand il s’agit de céder au pathos. En même temps, il existe une contradiction inhérente à ces films tellement sages formellement, qui tentent justement d’enthousiasmer le spectateur pour le destin d’une personne qui, elle, a fait fi du statu quo et de la bienséance pour défendre une idée plus extrême et moins rationnelle de la compassion envers son prochain.
Vu le 14 mai 2011, au Reflet Médicis, Salle 3, en VO
Note de Tootpadu: