Minuit à Paris

Minuit à Paris
Titre original:Minuit à Paris
Réalisateur:Woody Allen
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:11 mai 2011
Note:
Un nostalgique inconditionnel de Paris dans les années 1920, le scénariste hollywoodien Gil Pender se rend dans sa ville favorite en compagnie de sa fiancée Ines et de ses futurs beaux-parents. Alors que ses derniers ne sont nullement francophiles et qu’Ines est plus émerveillée par l’érudition du professeur Paul, une connaissance croisée par hasard, que par le charme de la capitale des romantiques, Gil sent qu’il devra enfin y poursuivre ses ambitions littéraires. Un soir après une dégustation, il se promène seul dans les rues parisiennes, quand les occupants d’une voiture très ancienne l’invitent à les rejoindre. Comme par miracle, Gil se trouve alors au cœur de la communauté artistique de sa période de prédilection, où il croise Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway et Pablo Picasso. C’est pourtant la muse de ce dernier, la belle Adriana, qui incite Gil à retourner tous les soirs sur les coups de minuit dans ce monde parallèle enchanteur.

Critique de Tootpadu

Les quatre premières minutes du nouveau film de Woody Allen, qui vient de faire l’ouverture du festival de Cannes, consistent exclusivement en des prises à fort caractère touristique des édifices les plus célèbres de la capitale française. Cette introduction n’est pas tant une déclaration d’amour de la part du réalisateur, qui – on s’en souvient – avait arpenté le pont d’Arcole avec une baguette sous le bras dans Tout le monde dit « I love you ». Elle remplit davantage un double rôle sournoisement efficace. D’un côté, il s’agit de plonger un public étranger dans une multitude d’endroits qui représentent communément Paris, la cité kitsch, quoique d’une façon adroitement détournée comme par exemple à travers le temps pluvieux vers la fin. Et de l’autre, de dérouter les Parisiens de souche ou d’adoption, qui reconnaîtront certes facilement les différents lieux phares de leur ville, mais sous un angle pas toujours facile à déterminer et présentés à une vitesse trop élevée pour qu’on puisse entreprendre une petite balade virtuelle tranquille de la Madeleine au Louvre et de l’Avenue Foch aux Champs-Élysées.
Le réalisateur plus qu’aguerri que Woody Allen est naturellement au bout d’une quarantaine de films, dont la plupart ont pour cadre l’équivalent américain de Paris, New York, sait instinctivement que son nouveau décor ne l’a pas attendu, pas plus que Venise, Londres ou Barcelone, ses étapes européennes précédentes, avant lui. Il procède par conséquent à une réorganisation de l’espace, voire à une création de l’espace et du temps, qui dérobe Minuit à Paris à toute compétition avec les milliers d’autres films dont la caméra s’est déjà posée aux bords de la Seine. Ce conte intelligemment abstrait ne correspond plus à une visite éclair comme celle dans la comédie musicale précitée, mais au fantasme impossible à assouvir d’un endroit parfait.
La conclusion à laquelle le protagoniste – comme toujours un alter ego à peine voilé de Woody Allen – arrive, ressemble ainsi étrangement à une des répliques emblématiques des Nuits fauves de Cyril Collard, selon laquelle les sagittaires ne sont jamais bien là où ils se trouvent. De même, l’enchantement systématique par le biais duquel le réalisateur accumule les artistes légendaires, au point de provoquer presque une inflation des noms mythiques, ne sert au fond qu’à renvoyer l’auteur manqué, qui sommeille en chacun d’entre nous, à ses propres peurs et contradictions.
Le ton enjoué jusqu’à la dérision, les répliques assassines, et le style visuellement très sobre de la narration, nous connaissions déjà tous ces atouts et toutes ces limitations de la part d’un réalisateur dont l’œuvre global est plus impressionnant que ses parties parfois inégales. Une fois de plus, il atteint cependant le niveau d’un philosophe éclairé ici, qui en finit doucement, mais fermement, avec des notions aussi dépassées que la nostalgie et l’illusion d’une vie meilleure ailleurs. Sauf qu’il lui reste un vestige de malice assez savoureux pour éconduire son héros, encore ébloui par la magnificence de Paris, sous la pluie, que seuls des romantiques et autres touristes illuminés peuvent considérer comme un aspect séduisant de cette ville éternelle, qui dispose pourtant d’un nombre infini d’attraits.

Vu le 14 mai 2011, au MK2 Quai de Loire, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Après avoir croqué la grande pomme dans toutes les largeurs, Big Ben et ses environs, ainsi que Barcelone, Woody Allen s'attaque à notre chère capitale et le cadre lui sied à merveille. Après une introduction sur Paris pendant le générique d'ouverture, digne d'un guide de voyage invitant les voyageurs à venir visiter cette ville où l'ancien et le modernisme se partagent les ferveurs du public, l'histoire peut commencer.

Ce n'est pas la première fois que le réalisateur fait un film fantastique, ni que le personnage principal change d'époque (La Rose pourpre du Caire). Mais cette fois, le voyage dans le temps est de rigueur. Le personnage principal, scénariste pour la télévision aux Etats-Unis, profite d'un voyage en France avec sa fiancée et ses beaux-parents pour visiter l'ancien Paris, période qu'il adule plus que tout. Ses escapades vont l'emmener dans le temps passé des années 1930. Il va ainsi rencontrer Cole Porter, les Fitzerald, Picasso, Ernest Hemingway et surtout la muse Adriana, de laquelle il va tomber éperdument amoureux.

Woody Allen nous invite via son film à une visite dans le temps, et à une redécouverte de notre capitale. Aucun acteur hormis Owen Wilson ne pouvait aussi bien personnifier le réalisateur. Chacun des interprètes principaux (Rachel McAdams, Kathy Bates, Adrien Brody) semble heureux d'être au casting de ce film et cela se ressent.

Minuit à Paris est une invitation à l’évasion, à la redécouverte des grands peintres du siècle passé, mais surtout une nouvelle preuve que l’amour est intemporel et qu’il donne l’inspiration, la volonté d’être meilleur et de se remettre en question.

Ce cru 2011 est une excellente année et je vous le conseille fortement !

Vu le 11 mai 2011, au Gaumont Disney Village, Salle 9, en VO

Note de Mulder: