Chico et Rita

Chico et Rita
Titre original:Chico et Rita
Réalisateur:Fernando Trueba, Javier Mariscal
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:06 juillet 2011
Note:
A Cuba en 1948, le pianiste talentueux Chico rêve de remporter le concours de la radio nationale, grâce à ses compositions inspirées du jazz américain. Il ne lui manque plus qu’une chanteuse capable de donner vie à ses mélodies pour participer à la compétition. Chico pense l’avoir trouvée en la personne de Rita, découverte dans un bar. Même si la jeune femme ambitieuse est admirative devant le talent de Chico, leur collaboration au fil des ans ne sera pas aussi harmonieuse que leur coup de foudre initial aurait pu le laisser supposer.

Critique de Tootpadu

Le ton mélodramatique tourne à plein régime dans cette production espagnole, inspirée par la vie du musicien cubain Bebo Valdés. Les innombrables séparations et retrouvailles qui rythment le récit à travers les décennies et les continents, rapprochent en effet Chico et Rita de la trame narrative habituellement associée aux drames situés dans le monde des artistes, dont Barbra Streisand a été la dernière égérie à ce jour, dans des films comme Funny girl de William Wyler et sa suite Funny lady de Herbert Ross. Vous l’aurez compris, la narration de Fernando Trueba, assisté par le dessinateur Javier Mariscal, ne brille pas par son originalité. Elle rend davantage hommage à une époque où les vedettes de la musique ne s’improvisaient pas encore sur les plateaux de compétitions télévisées, mais quand elles faisaient parler d’elles … ou pas, grâce à un parcours plus traditionnel et tortueux, depuis les bars miteux jusqu’aux grandes salles de concert américaines, en passant si besoin est par des boulots moins glorieux pour arriver à survivre matériellement.
Cependant, ce film d’animation n’emprunte pas la même voie que Buena Vista Social Club de Wim Wenders et tous les documentaires semblables qui l’ont suivi, comme par exemple Calle 54 de Trueba en personne. Il séduit surtout par sa capacité à ressusciter un temps révolu, où l’amour de la musique valait plus que la course à la célébrité éphémère. Peu importe donc les revirements cycliques et à la longue déroutants du scénario, puisque la justesse de l’évocation de l’atmosphère qui régnait dans les clubs confidentiels à La Havane, à New York, ou bien à Paris au milieu du siècle dernier facilite l’immersion dans cette histoire un brin désuète. Grâce à la beauté du dessin des arrière-plans, d’une richesse de détails et d’une exubérance de couleurs proprement enivrantes, les quelques faiblesses scénaristiques et l’animation guère convaincante des personnages, esquissés au trait sommaire, passent heureusement à leur tour à l’arrière-plan.
Néanmoins, la facture globale de l’animation ne quitte que pour des parenthèses trop brèves, tel le rêve de Chico, le sillon préservé de la bienséance formelle. Ce qui est malgré tout un peu décevant, puisque cette génération de musiciens cubains, redécouverts en Europe sur le tard, n’a certainement pas su exceller dans son domaine en se conformant sagement aux règles en place, sous le règne socialiste et auparavant.

Vu le 29 avril 2011, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: