
Titre original: | Corruption (La) |
Réalisateur: | Mauro Bolognini |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 83 minutes |
Date: | 00 mars 1966 |
Note: | |
A la fin de ses études, Stefano, descendant d’un riche industriel milanais, prend la décision de devenir prêtre. Alors que sa mère est trop occupée par sa cure de sommeil pour lui prêter attention, son père refuse catégoriquement le choix de son fils unique. Il lui propose de passer quelques jours sur son yacht, soi-disant pour discuter et mettre les choses au point. Lors de l’embarquement, Stefano est désagréablement surpris de voir qu’Adriana, la maîtresse de son père, sera aussi du voyage.
Critique de Tootpadu
Les traits angéliques et le corps juvénile de Jacques Perrin conviennent parfaitement au rôle principal de ce conte moral italien. L’idéalisme du jeune adulte ne tarde en effet pas à être mis à rude épreuve, face aux tentations plus ou moins perverses de ce bas monde. Stefano a beau se débattre contre les pièges que son environnement social lui tend avec une insistance grandissante, la pureté de sa foi ne saura résister à la saleté de sentiments aussi peu édifiants que l’apathie ou la luxure. Le titre du film de Mauro Bolognini est ainsi à prendre au premier degré, dans toute son étendue de la corruption d’une âme qui se croyait appelée à une besogne plus exemplaire que la succession dans les affaires peu nettes de la maison d’édition familiale.
Le récit de La Corruption progresse avec un pragmatisme presque rafraîchissant, tellement il se donne la peine d’expliciter chaque étape de la descente aux enfers de l’ange présumé. Tandis que la visite chez sa mère à l’hôpital a encore de quoi renforcer le souhait du jeune homme de se retirer de cet environnement nombriliste et autosuffisant, le premier aperçu des méthodes musclées de la gestion de l’entreprise paternelle constitue le genre de mise à l’épreuve de ses certitudes altruistes, à laquelle il ne peut répondre qu’avec l’annonce de son retrait de ces affaires dégradantes pour la noblesse supposée de l’être humain. Au cours du troisième chapitre du film, la carcasse fragile des bons sentiments finira par s’écrouler face à l’appel de la chair aussi banal que voluptueux. En somme, le pauvre Stefano est condamné depuis le début à vaciller dangereusement dans ses convictions religieuses, non pas parce qu’elles seraient faibles, mais à cause de ses origines bourgeoises, qui impliquent une plus grande responsabilité envers la sauvegarde de la fortune familiale qu’à l’égard du bien-être de la communauté.
L’ambiguïté n’est pas le point fort du ton de ce film, qui est pourtant représentatif des premiers balbutiements de la contestation contre le statu quo social, en attente de sa manifestation éclatante cinq ans après la production de La Corruption, sorti avec du retard en France. Le trajet méthodique qui mènera le protagoniste à l’abattement moral final est ponctué néanmoins de suffisamment d’épreuves pour rendre cette histoire ni trop tendancieuse, ni trop défaitiste. Elle prouve plutôt le vieil adage que la chair est faible, peu importe les circonstances sociales et la sincérité de la vocation sacerdotale.
Vu le 28 avril 2011, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois, en VF :-(
Note de Tootpadu: