
Titre original: | Animal kingdom |
Réalisateur: | David Michôd |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 113 minutes |
Date: | 27 avril 2011 |
Note: | |
Après la mort de sa mère d’une overdose, le jeune Joshua Cody ne sait pas quoi faire. Il s’adresse à sa grand-mère Smurf, qui n’hésite pas à l’accueillir chez elle. Joshua s’intègre tant bien que mal parmi ses quatre oncles, des braqueurs professionnels qui sont traqués par la police antigang de Melbourne. Alors que les agents de cette unité spéciale éliminent sans état d’âme les frères Cody un par un, l’inspecteur Leckie cherche à persuader Joshua de servir de témoin à charge dans un procès contre sa famille de criminels.
Critique de Tootpadu
La balance des choses à prendre ou à laisser penche faiblement en faveur de ce film australien. Pour la réalisation de son premier long-métrage, David Michôd ne paraît en fait pas vouloir se passer de quelques effets de style à employer avec parcimonie. Tandis que l’usage abusif de la voix off au début du film s’estompe assez vite, pour disparaître presque complètement une fois que les enjeux de l’histoire sont expliqués, le recours systématique au ralenti confère un côté pompeux à la narration, qui mine sensiblement la mécanique implacable du scénario nullement enclin à une apologie superficielle du crime. De même, la passivité du personnage principal, un grand benêt apparemment dépassé par les événements violents qui détruisent son drôle de cercle familial, nous garde à distance d’une intrigue potentiellement viscérale.
En même temps, Animal kingdom joue admirablement avec ces apparences trompeuses, tirées avec panache au clair quand on s’y attend le moins. A commencer par le comportement de Joshua, un jeune adulte sans perspective qui considère son séjour chez la fratrie de braqueurs comme un pis-aller, comparé à la solitude. L’attachement qu’il éprouve à l’égard de ses oncles l’oblige à fermer pendant longtemps les yeux sur leurs agissements illégaux. Cependant, il ne s’agit pas non plus ici d’un héros valeureux, prêt à tout pour servir la justice afin de reprendre une vie ordonnée. Derrière son air d’abruti qui fait sans broncher tout ce qu’on lui dit, cet adolescent avance de son état d’esprit passablement attardé au début du film vers un calcul machiavélique à la fin, qui dépasse en cynisme encore les plans diaboliques de sa grand-mère.
Car l’ambiguïté morale du petit fils d’une famille pas du tout modèle et la démarche serviable de l’inspecteur Leckie sont mises à l’épreuve par la méchanceté inquiétante de leurs adversaires. La tension qui émane sans cesse des actes imprévisibles de l’oncle Pope – une véritable bombe à retardement – n’est atténuée qu’en apparence par la bonne humeur imperturbable de sa mère au grand cœur. Alors que Ben Mendelsohn dans le rôle du premier laisse libre cours à la folie d’un psychopathe dangereux, Jacki Weaver entreprend un tour de force infiniment plus subtil pour incarner tous les côtés parfois contradictoires de cette mère poule vénéneuse. Ce personnage saisissant d’une femme qui choisit froidement l’option la plus bénéfique ou sinon la moins néfaste pour sa famille est ainsi au centre névralgique de la perversion d’un film, qui exprime malheureusement trop souvent cette dernière à travers une forme cinématographique d’une moindre finesse.
Vu le 23 mars 2011, au Club 13, en VO
Note de Tootpadu: