
Titre original: | Rite (Le) |
Réalisateur: | Mikael Håfström |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 114 minutes |
Date: | 09 mars 2011 |
Note: | |
Nullement enclin à suivre la tradition familiale de croque-mort, le jeune Michael Kovak entre au séminaire pour devenir prêtre. Sa formation sème cependant plus le doute dans son cœur qu’elle ne l’incite à vivre pleinement sa foi catholique, au point qu’il fait part à ses supérieurs de son souhait de l’interrompre. En guise d’une dernière chance pour ce diacre prometteur, le père Matthew l’envoie alors à Rome, pour y étudier les rites de l’exorcisme. Toujours aussi incrédule, Michael cherche des explications psychologiques aux phénomènes évoqués en classe. Face à cette réticence persistante, son professeur le dirige vers le père Lucas Trevant, qui a déjà pratiqué des centaines d’exorcismes, avec des méthodes plus ou moins orthodoxes.
Critique de Tootpadu
Il pleut sans cesse sur Rome. Rien que ce détail – en contradiction avec le cliché touristique soigné de la ville éternelle constamment ensoleillée – est un indice de la volonté de ce film d’horreur de sortir des sentiers battus du genre. Le Rite ne réussit certes pas à maintenir jusqu’au bout le degré d’élégance formelle qui caractérise le générique du début, mais sa trame narrative s’avère assez ingénieuse pour ne pas nous ennuyer avec une énième variation sur le thème de la possession démoniaque.
En effet, l’accent scénaristique du film repose à peine sur de pauvres créatures qui se tordent dans tous les sens imaginables, en devenant de plus en plus vertes et en gerbant à outrance, mais plutôt sur le cheminement religieux semé d’embûches d’un exorciste en devenir. Le doute du protagoniste s’avère ainsi un moteur dramatique au moins aussi efficace que la peur à l’état pur, que des films semblables ont tendance à susciter d’une façon superficielle. Ici, l’affrontement entre le bien et le mal se nourrit d’une substance moins viscérale, mais pas moins inquiétante pour autant, puisque le comportement hésitant, voire éclairé, de Michael Kovak rend la partie surnaturelle de l’action encore plus accessible. Grâce à l’exploration assez appuyée du côté psychologique de l’intrigue, les passages obligés du genre, tel le grand affrontement final, ne résonnent pas nécessairement comme des raccourcis narratifs, inclus exclusivement pour faire peur aux spectateurs selon de vieilles recettes désormais sans saveur.
En dépit de la conclusion quelque peu décevante, le film sait maintenir une tension sans excès pendant la majeure partie de sa durée. Sous l’œil avisé du réalisateur Mikael Håfström, la distribution s’acquitte admirablement de la tâche difficile de rendre crédible cette histoire abracadabrante de mauvais esprits et de chasseurs de démons, qui agissent plus par le sens du devoir que par une passion inébranlable pour la foi chrétienne. Alors qu’Alice Braga continue sur sa lancée, entamée l’année passée, de personnages dispensables auxquels elle sait conférer malgré tout un certain charme, Anthony Hopkins se fait attendre près d’une demi-heure avant de camper sans trop de maniérismes ce vieux ecclésiastique qui doute presque autant que son jeune apprenti.
Vu le 7 mars 2011, à la Salle Warner, en VO
Note de Tootpadu: