Easy money

Easy money
Titre original:Easy money
Réalisateur:Daniel Espinosa
Sortie:Cinéma
Durée:125 minutes
Date:30 mars 2011
Note:
JW est un étudiant de commerce brillant, issu d’un milieu modeste, qui travaille la nuit comme chauffeur de taxi à Stockholm pour arrondir ses fins de mois et pouvoir prétendre au même style de vie de luxe que ses camarades de classe huppés. Un jour, son patron lui confie une course particulière : récupérer Jorge, un dealer tout juste évadé de prison, qui s’apprête à monter un dernier grand coup d’importation de cocaïne. Mais Mrado, un tueur à gages à la solde de la mafia serbe, est aussi aux trousses de Jorge.

Critique de Tootpadu

La course à l’argent facile est actuellement un des fléaux les plus néfastes qui agissent contre le bien-être de toute notre civilisation. La crise économique récente a certes montré les limites réelles de l’enivrement du « toujours plus », mais ce premier coup de réveil a apparemment retenti sans secouer réellement les consciences des adeptes du bling-bling. Ce film suédois se penche sur l’aspect le moins hypocrite de la vénération du veau d’or : le crime organisé qui produit autant de richesses que de cadavres de gangsters de pacotille, qui se sont fait doubler par des concurrents encore plus ambitieux et moins scrupuleux qu’eux. A travers le destin de trois personnages plus ou moins véreux, Easy money montre avec panache, mais en fin de compte sans trop d’originalité, que quiconque cherche à s’enrichir sur le dos des autres, finira par payer cher sa traîtrise.
C’est surtout le fil narratif de JW qui intrigue. Tel un Tom Ripley qui préfère être quelqu’un de fictif plutôt que de végéter comme l’énergumène sans attrait qu’il croit être, ce personnage mégalomane cherche avec une détermination presque attachante à percer le cercle fermé des riches et célèbres. Il est alors plus que notre porte d’accès au milieu hermétique et codifié des gangsters, puisque son combat est celui – universel et mené depuis la nuit des temps – de l’homme qui veut à tout prix s’élever socialement. JW ne rate pas une occasion pour prouver à ceux qui ne le regarderaient qu’avec dédain s’ils étaient au courant de ses origines honteuses, qu’il sait tirer profit de chaque situation, aussi incongrue soit-elle. Hélas, cette ascension fulgurante se heurte trop tôt aux impératifs moralisateurs du scénario. Comme par miracle, le jeune requin se rend compte qu’il avait une conscience et que sa descente aux enfers de la drogue et de la guerre des gangs devrait lui servir de leçon pour sa vie future, peut-être pauvre, mais en tout cas respectable et honnête.
Le sort de Mrado, affublé d’une fille qu’il est obligé de trimballer partout avec lui pour conférer un cachet d’humanité à son personnage, n’est guère plus révélateur d’une éventuelle volonté de la part du réalisateur Daniel Espinosa de rompre vigoureusement avec les clichés du genre. Seul Jorge s’en sort à peu près indemne, au propre comme au figuré, de cette affaire, sans doute parce qu’il a survécu à suffisamment de batailles pour ne plus se faire la moindre illusion.
Alors que le style musclé de la mise en scène convient parfaitement à l’introduction assez viscérale dans le milieu de la pègre suédoise, il manque par la suite de finesse, lorsqu’il s’agit de sonder avec plus de subtilité les implications des actes des trois personnages principaux. La structure chorale du récit est ainsi de plus en plus dépourvue d’un véritable fil conducteur formel, en dehors de la leçon de morale qui plombe invariablement ce genre d’histoire bien intentionnée, mais pas toujours exécutée sans reproche.

Vu le 28 février 2011, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: