Permission de minuit (La)

Titre original: | Permission de minuit (La) |
Réalisateur: | Delphine Gleize |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 110 minutes |
Date: | 02 mars 2011 |
Note: | |
Quand il avait deux ans, Romain a été diagnostiqué d’une maladie génétique rare et a priori incurable, qui l’oblige à fuir la lumière du soleil. Désormais à l’âge adolescent, il en a marre de ne pas pouvoir vivre comme un garçon ordinaire, voire de risquer de succomber à sa maladie avant d’avoir fait l’amour. Son seul réconfort, ce sont les rendez-vous avec son médecin de longue date, David, un spécialiste passionné qui met tout en œuvre pour trouver un remède à la maladie orpheline de son jeune ami. Or, David doit être muté à l’étranger et il ne sait pas comment annoncer cette nouvelle d’une séparation à son patient.
Critique de Tootpadu
Le choix de ne pas attaquer la maladie de front s’avère quelque peu préjudiciable pour le deuxième film de Delphine Gleize, après Carnages. Les contraintes pour rester à l’écart de la lumière du jour et toutes ses variations artificielles font certes partie intégrante de la vie quotidienne de Romain. Mais ce sont surtout les conséquences psychologiques et sociales de cette existence en sursis qui préoccupent la narration. Etre atteint d’une maladie orpheline, cela signifie et pour le patient, et pour le personnel soignant un lot incommensurable de frustrations et de tentations de baisser les bras. Au lieu d’emprunter la voie de la guérison miraculeuse, à laquelle Mesures exceptionnelles de Tom Vaughan avait si lâchement cédé, ce film ne préfère pas se faire d’illusions et se concentrer presque exclusivement sur le lien d’amitié fort entre le spécialiste et son patient fétiche, qui borde à la dépendance affective.
Hélas, la structure particulièrement rapiécée du récit permet à peine un investissement sentimental envers cette rupture programmée d’avance. La narration reste en effet trop dans le vague, peut-être par peur de procéder à un chantage émotionnel. Le temps que l’enjeu dramatique principal – la mutation de David à l’Organisation mondiale de la Santé – se concrétise, notre capital de sympathie envers La Permission de minuit s’est déjà installé dans une indifférence à peine bienveillante. Cette même résignation paraît également animer les deux personnages principaux, torturés d’un côté par l’appréhension d’une mort précoce, et de l’autre par l’indécision lénifiante quant au poste qu’il faut choisir dans le domaine professionnel.
En somme, les retrouvailles d’Emmanuelle Devos et de Vincent Lindon en milieu hospitalier après le brillant Ceux qui restent de Anne Le Ny ne nous ont pas totalement convaincus, en dépit de la petite guerre pas sans intérêt entre David et sa remplaçante et l’interprétation plutôt prometteuse du jeune Quentin Challal dans le rôle de Romain.
Vu le 15 février 2011, au Club de l'Etoile
Note de Tootpadu: