Jimmy Rivière

Jimmy Rivière
Titre original:Jimmy Rivière
Réalisateur:Teddy Lussi-Modeste
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:09 mars 2011
Note:
Jimmy Rivière avait deux passions dans la vie : la boxe thaï et sa copine Sonia. Mais ce jeune membre d’une communauté de gens du voyage sédentaires à Grenoble s’est converti au christianisme. Dès son baptême par le pasteur et ami de longue date de la famille José, Jimmy renonce à ces deux sources de violence et d’embrouilles gratuites. Sa séparation des choses du monde se complique par contre, lorsque Gina, son entraîneur de boxe, lui propose le combat décisif pour enfin devenir un sportif professionnel, et que Sonia n’accepte pas la rupture.

Critique de Tootpadu

Les gens du voyage ont une si mauvaise réputation en France, que même le président en manque de popularité avait cru pouvoir redorer son blason grâce à eux, lors de son opération pitoyable de nettoyage des camps au karcher l’été passé. Alors que l’échec, voire l’absurdité, du renvoi des Roumains chez eux avait enfoncé le chef de l’état encore un peu plus au fin fond des sondages, la communauté des voyageurs français a dû observer ce cirque avec une consternation grandissante. Le cliché des voleurs malpropres que l’opinion publique colle trop facilement à ce groupe social a en effet été confirmé en quelque sorte par la couverture médiatique à ce moment-là, focalisée presque exclusivement sur les campements de fortune des gitans roumains. Heureusement qu’un réalisateur comme Tony Gatlif œuvre depuis des années en faveur d’une représentation plus valorisante de ce style de vie au cinéma et que la relève paraît désormais assurée, par le biais du premier film de Teddy Lussi-Modeste.
Les épreuves que le jeune protagoniste fougueux de Jimmy Rivière doit traverser s’inscrivent certes dans le contexte d’un regroupement de caravanes. Mais la difficulté qu’il éprouve à concilier ses aspirations spirituelles et les tentations terrestres de la chair et de l’entraînement physique aurait sans doute pu être exprimée de la même façon, s’il était de confession juive ou musulmane. Le jeune réalisateur fait ainsi preuve d’une sagesse remarquable en ne jamais forçant le trait de la description du quotidien dans le campement et en cherchant simplement à présenter les gens du voyage dans toute leur banalité et leur normalité. Aucune menace n’émane de ce cercle fermé, qui procède davantage à sa propre déconstruction depuis l’intérieur, qu’il n’exclut activement celles, Sonia et Gina, qui pourraient mettre en question son fonctionnement traditionnel.
La portée universelle de l’histoire de cette jeune tête brûlée qui n’arrive pas à se décider entre les différentes voies qui s’ouvrent à lui est par conséquent indéniable. Elle est encore soutenue par des interprétations de premier ordre, qui – à l’image de Serge Riaboukine dans le rôle de José – n’exacerbent pas l’arrière-plan culturel des personnages, mais investissent plutôt ces derniers d’une intensité et d’une authenticité fascinantes.

Vu le 9 février 2011, au Club Marbeuf

Note de Tootpadu: