Discours d'un roi (Le)

Discours d'un roi (Le)
Titre original:Discours d'un roi (Le)
Réalisateur:Tom Hooper
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:02 février 2011
Note:
En tant que fils cadet du roi George V, Albert le duc de York n’a que peu de chances de monter un jour sur le trône du royaume britannique. Cette vie dans l’ombre de son frère Edward lui convient d’autant plus qu’à cause d’un bégaiement persistant, toute apparition en public se transforme pour le jeune aristocrate en une épreuve humiliante. Soutenu inlassablement par son épouse Elizabeth, Albert a déjà consulté une multitude de spécialistes pour guérir de ce handicap, en vain. Jusqu’au jour où il fait la connaissance de Lionel Logue, un acteur amateur australien, dont les méthodes peu orthodoxes lui donnent l’espoir de pouvoir vaincre cette faiblesse si peu commode pour une figure de la vie publique.

Critique de Tootpadu

En dépit de leur existence sur un piédestal doré, les membres de la famille royale sont au fond des hommes et des femmes comme les autres, avec leurs peurs, leurs espoirs, et ces petites imperfections qui compliquent le quotidien pour le meilleur et pour le pire. Alors que l’Angleterre se trouve actuellement dans un état d’anticipation joyeuse, à cause du mariage prochain du prince héritier, le troisième film de Tom Hooper revient sur un épisode assez peu connu de l’Histoire de la famille Windsor. De nos jours, nous chérissons encore le souvenir de cette vieille dame, la grand-mère de la nation, qui prenait en quelque sorte le rôle de compas moral et de lien avec le passé dans le tohu-bohu qui avait tendance à enflammer son clan à l’époque de Lady Di. Et nous avons une idée plutôt vague de la fonction de résistant que le roi d’Angleterre avait occupé aux côtés de Winston Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale.
Toutefois, Le Discours d’un roi représente au mieux accessoirement une invitation à une leçon d’histoire ludique. Il traite davantage de l’intimité d’un homme, réticent à la fonction publique que le destin cherche à lui imposer. Le bégaiement n’y est guère plus qu’un prétexte pour explorer subtilement la psychologie d’un monarque, qui devait redouter constamment d’être démasqué comme un handicapé de la parole, alors qu’il était censé susciter l’admiration chez les fidèles sujets de sa majesté. Sa gêne colossale de s’exprimer en public revient constamment au fil de l’intrigue, telle une épée de Damoclès qui risque de démasquer à chaque instant le futur roi pour l’imposteur qu’il croit lui-même être. Le doute de pouvoir assumer ses responsabilités prend en effet son origine chez lui. Son entourage le considère au contraire comme un meneur d’hommes né, infiniment plus qualifié pour monter sur le trône que son frère aîné, un bon-vivant inconsistant, si ce n’était pour ce petit détail attendrissant avec lequel il faudra bien s’accommoder le cas échéant.
Solennel mais jamais pompeux, ce film d’une subtilité et d’une élégance insoupçonnées n’emploie point les grands moyens narratifs ou formels afin d’éveiller notre intérêt pour son protagoniste forcément imparfait. Le scénario de David Seidler et la mise en scène de Tom Hooper fournissent plutôt le cadre idéal pour permettre à une distribution en tous points excellente de donner vie à une époque et à un environnement social reculés. Au lieu d’être une reconstitution historique poussiéreuse, créée pour plaire à une génération de spectateurs qui a déserté les salles obscures depuis longtemps, ce drame intimiste et luxueux à la fois conte avec une expertise redoutable le combat universel des démons intérieurs propres à chacun d’entre nous, qu’il faudra vaincre avant de pouvoir accomplir notre destinée.

Vu le 19 janvier 2011, au Club 13, en VO

Note de Tootpadu: