Gnomeo et Juliette

Gnomeo et Juliette
Titre original:Gnomeo et Juliette
Réalisateur:Kelly Asbury
Sortie:Cinéma
Durée:84 minutes
Date:16 février 2011
Note:
Les voisins Mme Montague et Mr Capulet se vouent une haine féroce. Cette rivalité sévit également parmi leurs nains de jardin respectifs, les bonnets bleus d’un côté et les bonnets rouges de l’autre. La guerre entre les deux clans paraît sans fin, jusqu’au jour où le bleu Gnomeo rencontre par hasard la rouge Juliette en terrain neutre et en tombe tout de suite amoureux. L’hériter et la princesse s’aiment alors en secret, puisqu’une liaison vécue au grand jour entre leurs deux familles paraît impensable.

Critique de Tootpadu

Qui aurait cru que l’histoire d’amour la plus tragique qui soit pouvait être aussi hilarante ? Adapter le grand classique des cœurs brisés avec des nains de jardin, cela ressemblait à première vue à de la lèse-majesté littéraire d’un niveau jamais égalé. Quitte à tourner le destin hautement romantique de Roméo et Juliette en dérision, pourquoi ne pas en faire une parodie mesquine et vulgaire ou bien une transposition naïve destinée aux plus jeunes spectateurs, peu familiers de l’univers de William Shakespeare ? Heureusement, Gnoméo et Juliette n’a choisi aucune de ces options. Il s’agit plutôt d’une relecture savoureusement ironique d’un mythe, avec lequel les scénaristes se sont permis quelques libertés amusantes, mais guère irrévérencieuses.
Comme le dit si bien le héraut au début du film – avant qu’il ne se fasse violemment éjecter parce qu’il veut nous infliger l’histoire ancienne des Montague et des Capulet dans son intégralité – il n’y a rien de nouveau à espérer de l’énième adaptation d’une pièce connue par tous. En effet, personne ne devrait plus être dupe des différentes bifurcations de cette intrigue à l’issue triste à en mourir. L’astuce de ce film d’animation tout à fait divertissant consiste à alterner entre les passages obligés et la description jouissive du monde des nains, qui reflète évidemment notre propre société sectaire et attachée aux valeurs poussiéreuses. Rien de nouveau à tout cela, puisque l’attrait des films Pixar pour un public adulte dépend justement de leur capacité d’inscrire leurs histoires dans un contexte de relecture plus ou moins moqueur des travers de notre culture de consommation. Cette même impression d’un recyclage pas forcément désagréable, car pleinement assumé, s’applique aux nombreuses chansons d’Elton John, a priori toutes sorties du catalogue de l’artiste, qui rythment le récit.
Il n’est pas toujours nécessaire d’être innovant pour distraire. Ainsi, vous ne trouverez pas une idée réellement nouvelle dans cette production anglaise. Mais la façon dont le réalisateur Kelly Asbury agence les différentes recettes éprouvées nous permet, contre toute attente, de sortir joyeux et avec un grand sourire de cette adaptation d’une histoire qui a normalement tendance à nous déprimer.

Vu le 18 janvier 2011, à la Salle Pathé François 1er, en VO

Note de Tootpadu: