
Titre original: | Au-delà |
Réalisateur: | Clint Eastwood |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 129 minutes |
Date: | 19 janvier 2011 |
Note: | |
La journaliste française Marie Lelay échappe de justesse à la mort, lors du tsunami de 2004. Cette expérience intime de l’au-delà ne la lâchera plus. A San Francisco, l’ancien médium George Lonegan essaie de mener une vie normale, en mettant en veille son don spirituel. Sa rencontre avec Melanie lui donne l’espoir de pouvoir enfin fonder un couple ordinaire. En Angleterre, les jumeaux Jason et Marcus sont inséparables. Quand l’aîné meurt dans un accident de la route, le cadet cherche désespérément à entrer en contact avec lui.
Critique de Tootpadu
En dépit des gènes de longévité transmis par sa mère qui s’était paisiblement éteint à près de cent ans, Clint Eastwood, désormais octogénaire, doit bien se poser des questions sur sa propre mortalité. Il est entré dans les rangs de plus en plus clairsemés des réalisateurs en activité, sans doute vieux et peut-être même sages, parmi lesquels on compte Alain Resnais, Jacques Rivette, et le doyen Manoel De Oliveira. La plupart de ces cinéastes ont fait de leur décrépitude physique ou mentale le sujet d’un de leurs films, pour produire parfois des œuvres de vieillesse débordantes de lucidité quant au crépuscule de l’existence, qui nous attendra tous un jour. Hélas, le nouveau film du réalisateur de Gran Torino ne fait pas partie de ces films capables de nous apaiser dans une sorte de quiétude face à l’inévitable.
Au-delà serait plutôt à même de nous inspirer un agacement certain, en raison de la structure laborieuse de son scénario sous forme de triptyque artificiel. Prises chacune séparément, les histoires passablement macabres, qui forment ici une unité hétéroclite, auraient pu fournir matière à des contes fantastiques potentiellement engageants – à l’exception du volet français trop boursouflé pour être récupérable. Le destin de l’ancien médium hanté par un don qu’il vit comme une malédiction et celui du garçon en deuil de son frère jumeau contiennent en effet leur lot de moments touchants, qui donnent envie de passer plus de temps avec ces individus meurtris depuis qu’ils ont côtoyé la mort. Même la rencontre entre ces deux personnages brille par une sensibilité émotionnelle, qui fait malheureusement défaut au reste du film.
Car la sobriété formelle de la mise en scène de Clint Eastwood, qui avait su parfois nous émouvoir jusqu’aux larmes dans le passé, se heurte constamment ici à la grande banalité du scénario de Peter Morgan, qui aspire pourtant à élucider un des grands mystères de l’univers. En sortant de ce film somme toute décevant, vous n’en saurez donc pas plus sur la vie après la mort, pire encore, vous n’aurez probablement même pas une idée précise de ce que Clint Eastwood a voulu achever en le tournant. Au mieux, vous aurez senti la panique vous étreindre au moment du tsunami – malgré les effets spéciaux à peine crédibles – ainsi qu’un petit pincement au cœur vous saisir lorsque George se voit contraint d’inventer une vision pour calmer le chagrin de Marcus. Comme le passage éclair de la sublime Marthe Keller, c’est bien sûr trop peu pour hisser cette bouillie fantastique parmi les réussites de la longue carrière de temps en temps en dents de scie de son réalisateur.
Vu le 3 janvier 2011, à la Salle Warner, en VO
Note de Tootpadu: