Rendez-vous l'été prochain

Titre original: | Rendez-vous l'été prochain |
Réalisateur: | Philip Seymour Hoffman |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 91 minutes |
Date: | 29 décembre 2010 |
Note: | |
Le chauffeur de limousine Jack est célibataire plus par manque d’opportunités de trouver la femme de sa vie, que par choix. Il accepte la proposition de son meilleur ami Clyde de rencontrer Connie, une nouvelle collègue de sa femme Lucy. Le courant passe tout de suite entre les deux et Connie émet le souhait de faire une balade en bateau ensemble l’été suivant. Jack accepte sans hésiter, bien qu’il ne sache pas nager. Pendant des semaines, il prend alors des cours de natation auprès de Clyde, tout en entreprenant d’autres efforts pour gagner le cœur de Connie.
Critique de Tootpadu
Les histoires d’amour au cinéma entre un homme et une femme qui n’ont a priori rien de séduisant sont au moins aussi vieilles que Marty de Delbert Mann. Depuis un demi-siècle, les rares scénaristes férus de sentiments sans strass, ni paillettes, cherchent à nous montrer qu’il n’est guère plus facile de tomber amoureux entre gens à l’attrait physique modeste qu’entre des têtes d’affiche couronnées sans cesse comme l’homme le plus sexy ou la femme la plus voluptueuse. Pour son premier film en tant que réalisateur, l’acteur Philip Seymour Hoffman fait sienne cette recette à première vue éculée et la transforme en une petite histoire romantique à la simplicité fort touchante.
La prémisse du dépassement de soi pour permettre l’éclosion de l’amour se prêterait aisément à un hymne au volontarisme forcené et invincible, si cher à la philosophie du cinéma hollywoodien. Heureusement, le parcours de Jack adopte un ton beaucoup moins pompeux, même s’il relève jusqu’à un certain point les défis qu’il se lance lui-même. Son investissement à la piscine et dans la cuisine agissent cependant plus comme les étapes nécessaires à une prédisposition pour tomber amoureux – comme les signes indubitables de la prise en main de son existence baba cool en quelque sorte – qu’en tant que prétexte narratif pour célébrer lourdement sa volonté d’acier. En fin de compte, Jack ira bel et bien faire du bateau, comme l’indique le titre original, Jack goes boating. Mais l’accomplissement de son projet ne pèse point plus lourd dans la balance sentimentale que son échec derrière les fourneaux ou le cheminement tortueux avant d’atteindre l’épanouissement sexuel avec Connie.
La mise en parallèle entre le couple des jeunes amoureux qui se crée et celui des anciens qui se désagrège constitue peut-être le point culminant en termes de simplicité et de subtilité narratives de Rendez-vous l’été prochain. Chaque fois que l’attirance entre Connie et Jack se concrétise, la rancune et l’usure qui minent la relation entre Lucy et Clyde montent d’un cran. En dehors de l’obstacle de l’insécurité émotionnelle et sociale dont ils sont une proie facile, les deux tourtereaux devront donc se demander si cela vaut la peine de s’engager pour finir au bout de quelques années comme leurs amis acariâtres.
Alors que les ficelles du jeu d’acteur de Philip Seymour Hoffman peuvent parfois être trop apparentes dans ses autres films, ses débuts derrière la caméra se démarquent par une sobriété des plus séduisantes. Nullement narcissique, sa narration tire plutôt profit de la prestation d’un ensemble d’acteurs excellents, Amy Ryan et John Ortiz en tête. Elle réussit même des séquences aussi délicates que celle du dîner culinaire, dont les revirements rocambolesques n’atténuent nullement l’impact de cette mise à nu cathartique des sentiments.
Vu le 1er janvier 2011, à l’UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 11, en VO
Note de Tootpadu: