Potiche

Potiche
Titre original:Potiche
Réalisateur:François Ozon
Sortie:Cinéma
Durée:103 minutes
Date:10 novembre 2010
Note:
En 1977 à Sainte-Gudule, Suzanne est l’épouse parfaitement soumise de Robert Pujol, qui dirige avec une main de fer l’usine de parapluies héritée de son beau-père. Lorsque son mari ne rentre pas le soir de son anniversaire, parce qu’il a été séquestré par des ouvriers en grève, Suzanne sollicite le soutien du député-maire communiste Babin pour le faire libérer. Trop affaibli et malade pour rester à son poste, Robert lègue temporairement ses pouvoirs à sa femme potiche, convaincu qu’elle saura raisonner les employés en colère sans faire trop de dégâts. Ses nouvelles responsabilités font cependant découvrir à Suzanne son âme d’entrepreneuse. Avec l’aide de ses enfants, elle ne tarde pas à moderniser la vieille entreprise familiale.

Critique de Tootpadu

Après 8 femmes, son plus grand succès commercial à ce jour, le réalisateur François Ozon ressort le grand jeu pour tenter de plaire à peu près à toutes les générations de spectateurs. Pour les jeunes, il y a Judith Godrèche et Jérémie Renier, pour les moins jeunes Karin Viard et Fabrice Luchini, et pour tous ceux qui fréquentaient déjà régulièrement les salles de cinéma à l’époque où l’action de cette comédie de boulevard se déroule, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu. Pourquoi ne pas ratisser large après tout, pour attirer un échantillon conséquent de chalands ? Ce raisonnement mercantile se tient pendant les premières minutes de Potiche, qui n’ont pas grand-chose de séduisant à proposer, en dehors de la rencontre matinale entre Suzanne et les animaux de la forêt, bien sûr un clin d’œil volontairement outrancier envers un certain idéal féminin, colporté pendant l’ère de Giscard d’Estaing et auparavant.
Or, l’intention probable du réalisateur en adaptant à l’écran une pièce de théâtre assez conventionnelle était au mieux accessoirement de tenir compte de la lutte pour les droits des femmes. L’attrait principal du film est plutôt l’hommage vibrant qu’il rend à Catherine Deneuve, l’actrice, la femme, et l’icône. Bientôt, toute l’intrigue ne tourne plus qu’autour de Suzanne, une épouse modèle qui se mue progressivement en une carriériste, certes charismatique, mais à chaque pas dépassée par le succès inattendu qu’elle rencontre auprès de ses employés, des actionnaires, et même des électeurs. La comédienne mythique se laisse faire avec un petit air d’amusement tout à fait séduisant, comme si elle était à la fois étonnée de toute cette attention qu’on lui porte et consciente qu’elle mérite bien ce piédestal filmique, qui lui revient de plein droit. Carrément sublime dans les quelques moments musicaux de cette comédie autrement guère exceptionnelle, elle sait aussi conférer une certaine noblesse à l’ascension sociale de son personnage.
François Ozon revient donc plutôt en forme, à la suite d’un passage à vide assez long d’un point de vue économique et artistique. Il ne réussit à transcender les limitations manifestes de l’intrigue aux forts accents théâtraux qu’à de rares instants, le plus souvent en rapport avec la sublimation de son égérie. Mais en tant que retour dans le passé gentillet, qui ne fait qu’esquisser frileusement les combats à venir, comme celui des homosexuels par exemple, encore soigneusement rangés dans le placard ici, son film se laisse regarder avec un certain plaisir.

Vu le 28 novembre 2010, au MK2 Quai de Loire, Salle 1

Note de Tootpadu: