Couleur du mensonge (La)

Couleur du mensonge (La)
Titre original:Couleur du mensonge (La)
Réalisateur:Robert Benton
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:29 octobre 2003
Note:
Accusé d'avoir tenu des propos racistes envers deux étudiants, Coleman Silk, brillant professeur de lettres, démissionne brutalement de son université. Déterminé à mener une guerre contre le "politiquement correct", il décide d'approcher un écrivain de talent, à même de raconter son histoire. Alors qu'une solide amitié se tisse rapidement entre les deux hommes, Coleman fait la rencontre d'une jeune employée de son ancienne faculté. Tourmentée et sulfureuse, cette relation passionnelle va faire chavirer ses certitudes et son existence. De profonds secrets refont alors surface. Confesser la vérité aurait pourtant changé le cours de sa vie...
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Beaucoup de choses auraient pu faire chavirer ce drame d'une vie vécue dans le déni de soi. Un récit avec des allers-retours réguliers entre le passé et le présent, une multitude d'enjeux entre l'approche relationnelle et raciale, une surcharge d'éléments de mélodrame, des personnages secondaires quelque peu passifs, ...
Que l'on y adhère malgré tout, que l'on croit à certaines interpretations qui demandent une abstraction de la vraisemblance, est dû au scénario solide, à une réalisation raffinée et aux comédiens convaincants dans des rôles qui exigent une certaine mise à nu, au sens propre comme au sens figuré. Anthony Hopkins habite une fois de plus son personnage, cet homme âgé, cultivé, révolté par des accusations infondées, qui croise la partenaire d'un destin caché, malheureux, en la personne de Faunia, jouée par une Nicole Kidman toujours au sommet de son art, qui livre quelques moments intenses (la scène matinale dans la cuisine, par exemple). A côté de ces deux vedettes, seul le jeune Wentworth Miller arrive à impressionner agréablement, une tâche naturellement facilitée par l'écart temporel entre son monde d'un jeune homme qui cherche sa voie et celui du même individu qui s'accroche au dernier sursaut dans sa vie. C'est d'ailleurs dans le cadre des retours en arrière que l'on assiste au moment le plus émotionnel du film, lors de la confrontation entre la mère et son fils honteux, tandis que la partie contemporaine est plus dramatique et imprégnée d'action, comme pour inhiber la réflexion.
Un dernier mot sur la photo du regretté Jean-Yves Escoffier : se tenant toujours à la marge d'une texture numérique, la plupart du temps près des corps et des visages comme pour mieux les scruter, elle n'est pas parmi ses meilleures contributions, mais elle fait néanmoins avec dignité office de testament, en attendant "2046" de Wong Kar Wai.

Vu le 10 novembre 2003, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 13, en VO

Note de Tootpadu: