
Titre original: | Megamind |
Réalisateur: | Tom McGrath |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 96 minutes |
Date: | 15 décembre 2010 |
Note: | |
Depuis qu’il a été éjecté au dernier moment par ses parents de sa planète en perdition, le jeune Megamind est entré en compétition avec Metroman, qui a connu un sort semblable. Or, chaque fois que Metroman était célébré pour ses exploits héroïques, son adversaire se morfondait dans le dépit d’un méchant aux stratagèmes jamais couronnés de succès. Le vent tourne cependant le jour où Megamind vient à bout de Metroman. Désormais le seul maître de Metrocity, il doit vite se rendre compte qu’être méchant sans avoir en face de soi un bon à défier n’est pas non plus une source durable d’épanouissement.
Critique de Tootpadu
S’il y a un genre sur lequel il ne reste apparemment plus rien d’original à dire, c’est bien celui des super-héros. Entre les résurrections cinématographiques de Superman, de Batman, de Spider-man, et des X-Men – sans oublier toute une cohorte de personnages issus de l’univers Marvel qu’il nous reste à découvrir prochainement sur grand écran –, ces dernières années ont constitué un véritable festin pour les nombreux fans inconditionnels de ces contes héroïques, qui tentent avec un succès variable le grand écart entre la science-fiction et un manichéisme quelque peu archaïque. Même les parodies et les super-héros malpropres ont déjà eu droit à leur quart d’heure de gloire, ce qui laisse supposer que le cycle de ce phénomène de mode serait sur le point de s’achever en douceur. Seule la parcimonie des déclinaisons au féminin de ces personnages plus grands que nature, qui reviennent jusqu’à présent presque exclusivement à Angelina Jolie, nous donne à espérer qu’un ultime sursaut du genre aura bien lieu, avant que l’engouement du public ne passe à autre chose.
En somme, cette production Dreamworks avait tout d’un retardataire potentiel, qui ressasse une dernière fois les éléments porteurs du genre, avant que la fête des hommes aux pouvoirs exceptionnels ne s’arrête définitivement. A notre plus grande surprise, Megamind sait déjouer habilement les pièges que ses nombreux prédécesseurs ont laissé sur son chemin, pour s’engager comme si de rien n’était dans un traité théorique, mais nullement soporifique, sur la dichotomie indispensable à chaque épopée de héros. Le méchant transi de cette histoire peu ordinaire, qui est obligé in extremis de changer de camp afin de rétablir l’équilibre entre le bien et le mal, se voit en effet brusquement privé d’une raison d’être au moment de la disparition de son antagoniste de toujours. Dans la vraie vie, le vide créé par l’écroulement d’un pouvoir régulateur se solderait probablement par l’anarchie et non pas par des criminels et autres profiteurs du système, qui se tourneraient les pouces parce qu’ils ne savent plus quoi faire. Mais dans le cadre spécifique de la fiction hollywoodienne, le promoteur par excellence d’une morale édifiante, ce déséquilibre inouï ouvre la voie à une multitude de pistes de réflexion insoupçonnées. Ce qui ne signifie nullement que le fond exceptionnellement philosophique de ce film d’animation aurait l’ambition clairement affichée de supplanter sa vocation principale : le divertissement.
Le spectacle est donc indubitablement au rendez-vous, au point de nous désorienter temporairement, à force de nous bombarder avec des effets en trois dimensions toujours plus farfelus. Et même si les velléités des scénaristes de nous conter cette histoire différemment – hors des sentiers battus de l’affrontement millénaire et couru d’avance entre le bien et le mal – s’estompent progressivement, pour se terminer par un rapprochement un peu trop facile à la famille Indestructible, le retournement de situation initial avait de quoi confirmer agréablement notre intuition que le commentaire social acerbe, caché sous l’air innocent d’un film à destination d’un public familial, n’est plus une exclusivité Pixar.
Vu le 18 novembre 2010, au Club de l'Etoile, en VO
Note de Tootpadu: