Une vie de chat

Une vie de chat
Titre original:Une vie de chat
Réalisateur:Jean-Loup Felicioli, Alain Gagnol
Sortie:Cinéma
Durée:65 minutes
Date:15 décembre 2010
Note:
Depuis le meurtre de son père par le méchant Victor Costa, la petite Zoé ne parle plus. Au grand dam de sa mère, la commissaire de police Jeanne qui est inlassablement aux trousses du gangster, elle ne trouve du réconfort qu’auprès du chat Dino, la bête noire de sa nouvelle nounou Claudine. A l’insu de toutes, Dino mène une double vie : compagnon fidèle de la fille traumatisée le jour, et assistant du voleur acrobate Nico la nuit. Ses deux identités évoluent en toute indépendance, jusqu’au jour où Zoé décide de suivre en secret son ami félin dans ses aventures nocturnes.

Critique de Tootpadu

La simplicité et la brièveté font la force de ce film d’animation, qui commence plutôt modestement, avant de nous surprendre vers la fin avec quelques perles d’une ingéniosité et d’une liberté de ton insoupçonnées. Destinée en priorité à un jeune public, cette production Folimage fait preuve d’un ton suffisamment enjoué pour ne pas ennuyer les spectateurs plus âgés. Il n’y a rien de transcendant à en tirer en termes d’une relecture ironique de notre société, une tâche à laquelle seuls les animateurs de Pixar paraissent exceller. Toutefois, l’histoire rocambolesque d’une petite fille renfermée sur elle-même, qui est obligée de prendre activement part à une enquête policière, constitue un divertissement tout à fait amusant.
Il n’y a en effet rien à redire à l’égard d’Une vie de chat, à l’exception notable de la description flatteuse du voleur invétéré Nico. Afin de relativiser l’aspect moralement douteux de ses actes – pour lesquels il ne montre au demeurant aucun remords –, les réalisateurs Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol se lancent dans une sorte de surenchère de la méchanceté, qui consiste à rendre les véritables adversaires de la commissaire Jeanne encore plus mesquins que ce héros assez atypique, surtout dans un film pour enfants. Car si les récits crépusculaires sur les bandits entiers sont légion dans le cinéma pour adultes – bien que ces descentes aux bas-fonds de notre société se soldent, selon les impératifs culturels, dans la plupart des cas par la mort du criminel ou tout au moins par sa repentance in extremis –, il est plutôt rare d’y voir confrontés de jeunes spectateurs plus crédules, qui ont d’habitude au mieux droit à un Robin des Bois, voleur certes, mais parallèlement bienfaiteur des pauvres sujets de sa majesté. Nous ne sommes pas convaincus que le personnage du reste fort séduisant de Nico remplisse un rôle semblable auprès des gamins qui devront assurer, espérons-le, un joli succès à ce film plaisant lors des prochaines vacances de Noël.
Pour faire passer la pilule de cette apologie du crime peut-être pas aussi innocente qu’elle ne paraît, les réalisateurs se surpassent en efforts pour donner de l’élan à leur intrigue. Le premier fruit de cette quête formelle est la séquence ébouriffante de la récupération de Zoé chez la bande de Victor Costa en pleine obscurité. Elle est suivie rapidement par une autre, plus spectaculaire mais au moins aussi bien exécutée d’un point de vue technique, sur les toits de Paris, avec un affrontement intense au sommet de Notre-Dame.

Vu le 10 novembre 2010, au Club de l'Etoile

Note de Tootpadu: