Unstoppable

Unstoppable
Titre original:Unstoppable
Réalisateur:Tony Scott
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:10 novembre 2010
Note:
Dans une gare de triage de la Pennsylvanie, le train de fret 777 part accidentellement sans chauffeur, tirant derrière lui à une vitesse croissante des wagons-citernes de produits hautement toxiques. Alors que la directrice du poste de contrôle Connie Hooper alerte ses supérieurs et explore toutes les options pour dévier ce train fantôme, le vieux cheminot Frank Barnes fait pour la première fois équipe avec le débutant Will Colson, en pleine crise conjugale. Les deux hommes sont aux commandes d’un autre train de marchandises, lorsqu’ils reçoivent l’avertissement que le train fantôme fonce droit sur eux, sur une voie à rail unique. Pire encore, si les manœuvres pour freiner ou pour dérailler le train fou échouent, sa cargaison mortelle risquera d’anéantir la ville de Stanton.

Critique de Tootpadu

Le style nerveux du réalisateur Tony Scott s’adapte en théorie parfaitement aux courses poursuites et autres scènes d’action, où les poussées d’adrénaline priment sur une conception logique et compréhensible du temps et de l’espace filmiques. Tributaire depuis des années d’un dispositif formel à peine plus élégant que la narration surexcitée d’un Michael Bay, Tony Scott n’aime en effet pas faire dans la dentelle, et encore moins dans les sentiments exprimés d’une manière subtile. Cette histoire d’un train bélier, librement inspirée d’un fait divers survenu dans l’Ohio il y a près de dix ans, se prête donc a priori parfaitement aux mouvements de caméra faussement virtuoses et au montage saccadé qui sont, pour le meilleur et le plus souvent pour le pire, les marques de fabrique du metteur en scène.
Du côté de l’action, il serait effectivement difficile de faire des reproches à Unstoppable. La narration s’évertue à nous montrer la menace du train de tous les angles imaginables, ce qui se solde par quelques frayeurs tonitruantes, dans la tradition honorable du camion inquiétant dans Duel de Steven Spielberg. Les tentatives diverses de mettre une fin précoce à la course folle de ce monstre inhumain, à travers les instances hiérarchiques de l’entreprise des chemins de fer, sont orchestrées avec une expertise technique rarement prise en défaut. Uniquement vers la fin, le montage de Chris Lebenzon et Robert Duffy montre de sérieuses lacunes dans le déroulement minutieux de l’incident final. Toutefois, le recours apparemment très limité aux effets spéciaux numériques redouble notre plaisir viscéral de voir de véritables bêtes d’acier jouer au rentre-dedans tout au long du voyage.
Hélas, le scénario ne s’avère nullement aussi solide que la chasse au train haletante à l’avant-plan du film. Que ce soit l’absence d’un méchant réel ou la montée inévitable d’un ton bêtement héroïque, l’intrigue ne tarde pas à tourner elle-même dangereusement en roue libre. Alors que Denzel Washington en ingénieur aguerri et bien sûr moralement irréprochable et Rosario Dawson en chef de gare indépendante garantissaient au début une avance de sympathie considérable au film, leur reddition hâtive à la fausse indignation sociale à l’égard des dirigeants pourris jusqu’à l’os et à l’emballement excessif à l’approche du virage fatal nous a déjà moins convaincus.
En somme, Unstoppable n’est guère plus qu’un film de catastrophe ferroviaire assez basique, qui contient certes son lot de moments intenses, mais dont le rythme narratif a hélas tendance à s’essouffler longtemps avant la fin ennuyeusement consensuelle. Quant à Tony Scott, il peut s’estimer heureux d’avoir un appui de sincérité aussi infaillible à ses côtés que Denzel Washington, qui lui reste fidèle film après film. Car les mouvements de caméra frénétiques pendant l’épilogue – alors que les choses sont calmement rentrées dans l’ordre depuis un certain temps – prouvent à quel point ce réalisateur se montre indifférent aux exigences dramatiques d’une histoire, s’il peut seulement laisser libre cours aux tics voyants de sa mise en scène, en guise d’un rouleau compresseur cinématographique. D’ailleurs, pourquoi ne pas lui suggérer de filmer prochainement – dans la continuité de ses thrillers dans le métro et le train – une guerre d’engins de chantier ? Ce serait en effet une bonne idée, si cette proposition ne s’approchait pas trop de l’univers des Transformers, d’ores et déjà vandalisé par son héritier officieux.

Vu le 2 novembre 2010, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: