Crise est finie (La)

Crise est finie (La)
Titre original:Crise est finie (La)
Réalisateur:Robert Siodmak
Sortie:Cinéma
Durée:81 minutes
Date:04 octobre 1934
Note:
La jeune comédienne Nicole aura bien dû attendre la 478ème représentation de la revue avec laquelle elle est en tournée en province, pour pouvoir prétendre à interpréter le rôle principal, à la place de la vedette, absente. Mais l'arrivée in extremis de cette dernière lui enlève tout espoir de rendre sa mère fière d'elle, lors de cette représentation dans sa ville natale de Périgueux. Nicole ne se laisse pas faire et est congédiée sur le champ pour son impertinence. Le reste de la troupe suit son exemple et le rideau final tombe donc sur la revue. Désormais sans travail, Nicole, Marcel, son ami compositeur, et les autres montent alors à Paris pour y tenter leur chance dans le monde impitoyable du spectacle.

Critique de Tootpadu

Si seulement tous les problèmes de la vie étaient aussi faciles à résoudre que dans cette comédie enjouée des années 1930 ! L'optimisme et la débrouillardise illimités de Nicole et ses amis permettent à ces derniers, avec un petit coup de pouce peut-être un peu trop poussif de la part d'un deus ex machina filmique, de toujours retomber sur leurs pieds, peu importe la difficulté de la situation. Dans un contexte historique qui était tout sauf rassurant, avec la sortie difficile d'une crise économique sans précédent et une instabilité politique généralisée, qui allaient se solder à la fin de la décennie par les événements tragiques que tout le monde connaît, l'heure n'était pas vraiment à l'amusement insouciant. Mais à bien y regarder, les traits en commun entre cette période trouble et la nôtre confèrent à cette leçon de savoir-vivre sans effets secondaires une fraîcheur insoupçonnée.
La mise en scène de Robert Siodmak, légère et riche en gags visuels, comme la visite de l'appartement de cinq pièces d'où la danseuse vole toutes les ampoules pour mieux éclairer le spectacle improvisé, adopte un ton pétillant, qui ne laisse aucune place aux réserves quant aux nombreuses improbabilités de l'intrigue. Guère aussi sophistiquée que celle d'un Ernst Lubitsch, son approche s'inspire davantage du théâtre de boulevard de l'époque, gentiment populaire et célébrant sans retenue les valeurs de la camaraderie. Les obstacles que le scénario, rudimentaire mais plutôt bien ficelé, met sur le chemin des artistes idéalistes ne sont alors qu'un prétexte pour encore mieux mettre en avant les quelques numéros musicaux. Ils n'instaurent à aucun moment un doute sérieux sur la conclusion heureuse, carrément fantastique vu l'exubérance et le faste du spectacle que la troupe a pu mettre sur pied en si peu de temps et avec aussi peu de moyens.
Dans un tel déversement de bonne humeur, les interprétations ne servent qu'à rendre le divertissement encore un peu plus plaisant. Ni Albert Préjean, ni une toute jeune Danielle Darrieux ne font des étincelles, mais ils mettent leur énergie inconditionnellement au service de ce film d'un optimisme irrésistible.

Vu le 12 mai 2010, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois

Note de Tootpadu: