Freddy Les Griffes de la nuit

Titre original: | Freddy Les Griffes de la nuit |
Réalisateur: | Samuel Bayer |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 96 minutes |
Date: | 12 mai 2010 |
Note: | |
Insomniaque depuis trois jours, le lycéen Dean Russell fait tout pour ne pas s'endormir. Ses rêves sont en effet hantés par Freddy Krueger, un individu menaçant au visage brûlé, qui tente de l'étriper avec ses griffes de métal. A la stupéfaction de ses camarades de classe, Dean meurt atrocement dans le café où travaille Nancy Holbrook. Alors que ses amis Kris et Jesse ne tardent pas à être trucidés aussi sauvagement, Nancy se demande d'où viennent ces cauchemars qui l'accablent également. Décidée de rester éveillée, elle entame un retour mental sur un épisode douloureux de son passé, qu'elle avait effacé de sa mémoire jusqu'à présent.
Critique de Tootpadu
Ne vous endormez pas ... en allant voir ce remake bancal du classique de Wes Craven. Tributaire d'un seul et unique dispositif pour semer une terreur fort superficielle, cette production de Michael Bay reprend sans la moindre nécessité l'histoire de Freddy Krueger depuis le début. Alors qu'on aurait pu croire que tout avait déjà été dit sur l'homme aux griffes de métal, au bout d'une petite dizaine de films à la qualité variable, la mise à zéro du compteur de ses exploits sanguinaires n'apporte strictement rien de nouveau. Il s'agit plutôt ici d'une production bêtement opportuniste, qui surfe sans grâce sur la vague récente de remakes des oeuvres incontournables du genre des années 1970 et '80. Sauf que la recette pour inquiéter sérieusement son public a bien entendu changé en un quart de siècle, ce qui nous laisse sans surprise avec des resucées guère inspirées et, dans le meilleur des cas, tout juste divertissantes.
Ce serait malheureusement trop demander au film de Samuel Bayer, qui - après avoir démarré avec une élimination plutôt soutenue des personnages auxquels nous étions sans doute censés nous identifier - s'accommode paresseusement du scénario aux trous béants et à la logique douteuse. Il y a avait sans doute de quoi alimenter convenablement une intrigue avec le principe du danger provenant du monde des rêves, aussi éculé soit-il. Mais l'absence d'un rythme narratif perceptible et celle pas moins préjudiciable d'un parti pris visuel pour évoquer cet univers parallèle suffisent pour ôter tout intérêt au récit. Et ce ne sont certainement pas les interprétations, ternes sans la moindre exception, qui vont y changer quelque chose.
En somme, ce film d'horreur, catastrophique seulement dans son insignifiance, n'atteint même pas le niveau du sacrilège, par rapport aux Griffes de la nuit de Wes Craven. C'est juste un produit exécuté sans joie, qui n'en procure pas davantage.
Vu le 12 mai 2010, au MK2 Bibliothèque, Salle 4, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Lorsque le film original de Wes Craven sortit sur nos écrans en 1984, personne ne s'attendait à une telle force de frappe cinématographique. A cette époque, je n'avais que onze ans et mon père, féru de cinéma, avait réussi à me faire passer pour voir ce film. Je découvris, après Halloween, un très grand film d'horreur. L'ambiance glauque, le scénario aux multiples rebondissements, et surtout le personnage de Freddy Krueger, tueur à l'humour vindicatif, faisaient de ce film un film culte des années 1980, et de son tueur l'égal d'un Michael Myers. Les suites ne furent pas de grandes réussites, hormis les épisodes 3 et 4, qui nous permettaient de voir de très bons effets spéciaux. Mais l'effroi, qu'avait suscité le premier opus, en avait totalement disparu.
Michael Bay, via sa firme Platinum Dunes, avait déjà produit des remakes de classiques de l'horreur, tel Massacre à la tronçonneuse et Vendredi 13. Il était alors inévitable qu'il s'attelle un jour à produire un remake de l'original, pour revenir à la source du mal. Exit Robert England, bienvenue à Jackie Earle Haley dans le rôle titre. Adieu aussi à l'ambiance très glauque du premier opus. Nous avons droit ici à un film d'horreur longuet, ponctué de grandes scènes, comme celles déjà vues dans l'original, soit la scène de la chambre, du bain et de la raffinerie. Ces scènes revisitées sont un réel plaisir et auraient mérité un meilleur emballage. Les producteurs, ayant voulu limiter au maximum l’équivalent américain de l'interdiction aux moins de 16 ans, nous présentent donc un film certes démonstratif, mais guère effrayant.
Le manque de rythme dans ce film d'horreur, et surtout le manque de nouveautés font qu’il ne retient guère mon attention. Malgré un excellent et très convaincant Freddy Krueger, ce remake me déçoit à moitié. Cette impression est marquée d'autant plus par la réalisation, guère convaincante, de Samuel Bayer. Pour une telle résurrection, il aurait fallu un réalisateur chevronné, comme Marcus Nispel ou un Alexandre Aja. Autant le premier opus nous faisait réellement peur et cauchemarder, autant celui-ci nous fait à moitié dormir pendant le film. Certes dormir tue, mais ce film nous tue le moral, en nous berçant sans harmonie.
Les Griffes de la nuit reposait aussi sur un casting convaincant, dont Heather Langekamp. Ici, hormis le rôle principal, le casting semble sorti d'un épisode de « Beverly Hills ». On peut déjà parier qu'aucun de ces jeunes n'aura une carrière à la Johhny Depp. Ce remake fait donc se côtoyer le meilleur (Freddy Krueger) et le pire (casting, réalisation, musique). Le succès énorme du film au box-office américain, où il fut amorti en un week-end, laisse présager une suite. Espérons que cette fois-ci, les rênes en seront transmises à un meilleur réalisateur et qu’elle reposera surtout sur un scénario bien mieux abouti et permettant d'apporter des éléments nouveaux à cette épopée au tueur à la main griffue.
Film à voir uniquement, si vous êtes un mordu de films d'horreur, et que vous ne ratez aucun festival de Gérardmer. Pour la vraie claque, c’est-à-dire le film d'horreur aussi brillant que culte, attendez la sortie de Splice à la fin du mois prochain !
Vu le 6 mai 2010, au Paramount Opéra, en VO
Note de Mulder: