Immortel (L')

Immortel (L')
Titre original:Immortel (L')
Réalisateur:Richard Berry
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:24 mars 2010
Note:
L'ancien parrain de la mafia marseillaise Charly Matteï est la cible d'un attentat sanglant dans un parking. Comme par miracle, il s'en sort vivant. Il cherche à savoir dès lors qui a bien pu vouloir l'éliminer. Car Matteï s'était retiré des affaires quelques années plus tôt, afin de s'occuper de sa famille. Il avait légué la gestion de la pègre locale à son ami de longue date, Tony Zacchia. Bien que ce dernier vienne exprimer son allégeance au chevet de Matteï, son implication dans le trafic de drogues risque de le discréditer aux yeux de son ancien patron.

Critique de Tootpadu

Au début du quatrième film de Richard Berry, l'appréhension de ce qui va suivre s'installe solidement. Alors que le parrain vieillissant ramène son fils à Marseille, la ville des poubelles débordantes, le long d'une rue de montagnes serpentée qui fait craindre l'accident tragique à chaque virage, la tension filmique monte peu à peu, jusqu'à la fusillade nullement fulgurante, mais loin d'être bâclée non plus, qui clôt cette séquence initiale. Et puis, soudainement, L'Immortel dévie vers une ineptie cinématographique ahurissante, d'autant plus choquante que Richard Berry avait plutôt su nous charmer dans le passé avec son Moi César, 10 ans 1/2, 1m39. Rien de tel ici, puisque son nouveau film est si mal exécuté que sa vision devient presque hilarante, d'une manière tout à fait involontaire, bien entendu.
Le scénario très conventionnel, autour d'un ancien mafieux qui est obligé de reprendre les armes suite à un attentat qui a failli lui coûter la vie, n'est nullement aidé par une mise en scène particulièrement décousue. Le ton pompeux, mais incroyablement creux, de l'ensemble et les répliques, qui se veulent d'emblée marquantes mais qui ne sont au fond que la prolongation navrante d'un projet narratif condamné d'avance par la pauvreté de ses personnages et une action fort approximative, nous empêchent ainsi d'adhérer ne serait-ce qu'un tout petit peu à une intrigue sans tête, ni queue. Les personnages secondaires dispensables, celui de Richard Berry lui-même en tête, et l'action policière en parallèle qui ne l'est pas moins finissent par rendre l'histoire du film hautement inintéressante.
La véritable tare de ce film infecte se trouve cependant du côté de la mise en scène, encore moins adroite que l'esthétique déjà passablement frustrante d'un Michael Bay dans l'accomplissement des tâches narratives les plus élémentaires. Pas assez du fait que Richard Berry pose sa caméra un peu n'importe où et la fait virevolter dans tous les sens sans justification crédible, le montage assemble ces plans dépourvus de la moindre beauté visuelle dans un semblant d'ordre, qui ne se soucie nullement d'une continuité dans l'espace et le temps, que l'on qualifie habituellement de rythme. L'exemple le plus flagrant, et involontairement comique au point de devenir instantanément culte dans le mauvais sens du terme, de cette narration défaillante à tous les niveaux est sans doute la finale, au cours de laquelle Charly Matteï doit traverser péniblement un nombre incalculable de barbelés, avant d'arriver in extremis pour porter secours à son fils enlevé.
Mais même auparavant, ce film grandiloquent fait tout son possible pour dégoûter quiconque oserait s'aventurer dans une salle de cinéma pour le subir. Cela fait en effet longtemps, que nous n'avons pas vu un film aussi exécrable, qui échoue misérablement à la fois dans le fond et dans la forme.

Vu le 15 mars 2010, à l'Elysées Biarritz

Note de Tootpadu: