
Titre original: | Vie est belle (La) |
Réalisateur: | Frank Capra |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 123 minutes |
Date: | 28 juillet 1948 |
Note: | |
En cette veille de Noël, les prières des habitants de la petite ville de Bedford Falls en faveur de George Bailey montent au ciel. Dieu décide alors d'envoyer Clarence, un ange qui n'a pas encore gagné ses ailes, à la rescousse de ce père de famille désespéré. Afin de lui faciliter la tâche, les moments importants de la vie de George Bailey sont montrés à Clarence, jusqu'à ce soir fatidique, où tous les sacrifices et tout l'altruisme de George ne peuvent plus l'empêcher d'envisager l'irréparable.
Critique de Tootpadu
On reconnaît les classiques intemporels du cinéma à leur capacité de susciter en nous à chaque nouvelle vision les mêmes émotions profondes et enthousiasmantes qu'au moment où nous les découvrions. La Vie est belle de Frank Capra compte indéniablement parmi ces films rares et précieux, qui englobent l'essence de la nature humaine tout en l'exprimant avec une aisance rafraîchissante. Ce chef-d'oeuvre est autant un hymne magnifique à l'amitié et à l'abnégation au quotidien, qu'un divertissement formidable dont l'intrigue adroitement construite ne manque jamais de nous émouvoir jusqu'aux larmes.
Le périple de l'homme exemplaire George Bailey, qui a besoin d'un coup de main cruel de son ange gardien pour se rendre compte à quel point il s'épanouit dans sa vie, au lieu de la considérer comme une charge pénible, cette histoire enchantée donc nous met subtilement face aux lacunes de notre propre train-train quotidien et à l'aisance avec laquelle nous nous permettons de nous en plaindre. Ce personnage emblématique est très loin des héros des autres contes édifiants avec lesquels Hollywood se plaît à nous abreuver régulièrement. La perte d'une forte somme d'argent par son oncle étourdi, qui risque de mettre à genoux la petite entreprise familiale de prêts et de constructions pour laquelle il avait dû tant sacrifier dans le passé, n'est que la goutte qui fait déborder le vase d'une frustration accumulée depuis des années chez ce voyageur bloqué au port. Au moins en apparence, ce n'est pas un idéalisme sans bornes qui a poussé George Bailey à assumer les responsabilités qui lui tombaient dessus une par une. Cet homme brave et fiable s'est plutôt trouvé au mauvais endroit au mauvais moment pour réaliser les rêves d'une carrière flamboyante qu'il cultivait depuis sa jeunesse. Sauf que la morale optimiste de La Vie est belle lui ouvre les yeux sur ce qui est vraiment important dans notre vie sur Terre. Il s'agit là plus d'un rappel que d'une révélation. Car si George Bailey a déjà laissé filer tant d'occasions en or pour s'épanouir à un niveau individualiste, c'était probablement aussi parce qu'au fond, le sens des priorités inculcé d'une manière indirecte par son père idéaliste le prédestinait à une existence au service de la communauté.
Outre la richesse en valeurs humaines de son sujet, ce sont la narration d'une précision stupéfiante et les interprétations d'une intensité pas moins engageante qui nous rendent ce film aussi cher. En comparaison, les rares éléments vieillots qui l'ancrent bien dans son époque, comme la discussion stellaire initiale, l'ambition d'un chez soi décent même pour les citoyens américains aux faibles ressources dont nous récoltons actuellement les effets secondaires néfastes pendant la pire crise économique depuis la sortie du film, ou quelques gags et répliques qui trahissent l'humour un peu lourd de Frank Capra, ne font que rajouter au charme désuet et malgré tout universel de cette histoire indémodable.
Revu le 7 mars 2010, au Champo, Salle 1, en VO
Note de Tootpadu: