Valvert

Valvert
Titre original:Valvert
Réalisateur:Valérie Mréjen
Sortie:Cinéma
Durée:54 minutes
Date:10 mars 2010
Note:
L'hôpital psychiatrique Valvert près de Marseille a été créé au milieu des années 1970, afin d'y expérimenter de nouvelles thérapies, basées sur un esprit d'ouverture, la libre circulation des patients et une plus grande implication du personnel soignant. Trente ans plus tard, peu de choses ont changé dans cet établissement médical, qui fait désormais figure d'exception avec ses traitements sur la durée, dans le domaine psychiatrique de plus en plus soumis à une logique de rendement quantitatif.

Critique de Tootpadu

Les années 1970 n'étaient pas seulement l'époque où le grand public a eu un premier aperçu à peu près réaliste de la vie derrière les barreaux de ce que l'on appelait de façon péjorative la maison de fous, grâce à Vol au-dessus d'un nid de coucou de Milos Forman. C'était aussi une période d'effervescence théorique, pendant laquelle des traitements alternatifs pour soigner les malades mentaux étaient mis en pratique. Finie la suprématie de l'électrochoc, qui avait peu subtilement remplacé jadis le procédé encore plus barbare de la lobotomie : l'heure était désormais à l'écoute et à la thérapie de groupe dans des environnements protégés. Pour des raisons diverses dont pas la moindre est d'ordre économique, même cette approche intelligente paraît avoir fait son temps et est remplacée petit à petit par l'administration sommaire de médicaments. Dans ce contexte précaire de la psychiatrie hospitalière, le documentaire de Valérie Mréjen doit sonner comme un dernier hommage à un suivi tout en douceur du malade, qui avait pu vivre sa folie sans contraintes.
Même si Valvert ne montre que les aspects les moins agressifs du quotidien des patients et du personnel, le regard que la réalisatrice porte sur son sujet est empreint d'une sympathie désarmante. Devant sa caméra, les malades n'apparaissent pas comme des bêtes de foire, qui attireraient notre raillerie ou notre pitié. Au contraire, la routine paisible autour du complexe hospitalier dégage un air de normalité et de calme qu'on envierait presque aux patients. Car comme le dit si bien l'un d'entre eux, ils ne sont pas cons, juste fous. Et cette folie s'exprime librement, sans que la présence de personnes qui ne pensent pas et qui n'agissent pas comme nous ne nous mette mal à l'aise.
La plus grande qualité de ce documentaire concis est de banaliser la maladie mentale. En mettant en avant les quelques moments d'interaction bienveillante entre le personnel et les patients et en laissant à chacun le temps de se manifester comme il le souhaite, la réalisatrice dédramatise admirablement une situation de dépendance et de désoeuvrement, qui connaît sans aucun doute des moments plus conflictuels, laissés hors champ.
A moins que l'hôpital de Valvert ne soit réellement un havre de paix, malheureusement menacé de disparition, où les schizophrènes et autres paranoïaques n'expriment plus le versant violent et destructeur de leurs troubles psychiques ...

Vu le 15 février 2010, au Club Publicis

Note de Tootpadu: