Pas si simple

Pas si simple
Titre original:Pas si simple
Réalisateur:Nancy Meyers
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:23 décembre 2009
Note:
Jane avait eu du mal à tourner la page, après la séparation il y a dix ans de son mari Jake, qui s'est depuis remarié avec la sensiblement plus jeune Agness. Tout va désormais pour le mieux pour Jane, à l'exception du calme plat dans sa vie sentimentale et sexuelle. Jusqu'à ce qu'elle passe, presque par accident après un dîner particulièrement arrosé, une nuit torride à New York avec Jake. Son ex-mari, déçu de sa nouvelle vie conjugale, ne lâche alors plus prise et invite Jane à le suivre dans une affaire d'adultère qui n'en est pas vraiment une. Sauf que Jane commence à s'intéresser en parallèle à son architecte Adam, récemment divorcé, ce qui complique encore sa situation romantique.

Critique de Tootpadu

Les films de la réalisatrice Nancy Meyers se distinguent presque toujours par leur touche féminine. Contrairement à la plupart des comédies romantiques conçues par des hommes, qui s'emploient plus ou moins subtilement à satisfaire les besoins de la libido masculine, et aux contes généralement inoffensifs, voire consensuels, de sa consoeur Nora Ephron, les histoires de coups de coeur déraisonnables et de déceptions amères qui y suivent invariablement que nous raconte Nancy Meyers portent toujours la marque d'une maturité adulte, peu répandue sur le marché américain gouverné par un public pubère. Les héroïnes de ses films sont rarement faciles à aimer ou à comprendre. Mais leur comportement imprévisible reflète les doutes légitimes de toute une tranche du public - en gros, les femmes au dessus de l'âge jusqu'auquel elles intéressent encore les hommes vieillissants et les studios mercantiles -, qui est laissé pour compte par le reste de la production cinématographique.
En dépit des apparences, les comédies de Nancy Meyers ne s'adressent pas exclusivement aux spectateurs dont elles parlent indirectement, à l'opposé de la démarche d'un Tyler Perry, par exemple, qui fournit inlassablement de la marchandise destinée au public afro-américain. Pas si simple et ses films précédents exercent tous un attrait considérable sur un public plus large, justement parce qu'ils ne s'enferment pas dans la bulle d'un apitoiement narcissique sur la condition féminine et les signes du vieillissement. Peu importe à quel âge, la vie et les questions du coeur ne sont jamais faciles à résoudre. Heureusement pour nous, Nancy Meyers ne nous impose pas de réponses toutes faites, ni de lignes de progression sentimentale dépourvues de bifurcations. Même si sa recette personnelle commence très doucement à montrer quelques signes de fatigue - les similitudes avec l'intrigue de Tout peut arriver sont ainsi difficiles à ignorer -, elle dégage toujours assez d'élégance et de fraîcheur pour nous divertir et nous faire rire plus que convenablement.
Puisque le point de vue des femmes est une fois de plus à l'honneur dans ce film, le choix de Meryl Streep pour porter l'histoire d'un éveil sentimental et érotique tardif ne peut être considéré que comme fort judicieux. L'actrice est ici plus radieuse que jamais. Au point que nous nous demandons s'il n'était pas plus juste de lui donner l'Oscar par défaut qu'elle recevra probablement dans quelques mois pour Julie et Julia plutôt pour ce film-ci, que son humanité et la perfection de son jeu, constamment tiraillé entre les rires et les larmes, font vibrer du début jusqu'à la fin. Meryl Streep est effectivement une actrice d'exception. Pas seulement parce qu'elle détient de loin le record des nominations aux Oscars et que les interprétations magistrales sont légion dans sa filmographie. Mais aussi parce qu'elle est une des rares comédiennes de sa génération qui a le courage de vieillir dignement, à la fois d'un point de vue physique (cf. la séquence hilarante de la consultation chez le chirurgien esthétique) et émotionnel, par la très grande maturité avec laquelle elle aborde un personnage féminin comme Jane, fort et néanmoins ambigu.

Vu le 12 janvier 2010, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 11, en VO

Note de Tootpadu: