
Titre original: | Barons (Les) |
Réalisateur: | Nabil Ben Yadir |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 111 minutes |
Date: | 20 janvier 2010 |
Note: | |
Hassan et ses potes Mounir et Aziz sont les barons d'un quartier populaire de Bruxelles. Enviés par tous, ils passent leur temps à glander devant l'épicerie du vieux Lucien ou à crâner avec leur voiture de sport qu'ils se sont achetés à huit. Mais à la longue, Hassan veut plus que cette existence de chômeur invétéré. A l'insu de sa bande de copains et de sa famille, il va monter sur la scène d'un cabaret du centre-ville, afin d'y tourner en dérision le quotidien pénard des siens. Seule Malika, la soeur de Mounir qui a réussi à s'affranchir des codes du quartier et qui présente désormais le journal télévisé, est au courant.
Critique de Tootpadu
En Belgique, les jeunes issus de l'immigration et en quête d'identité peinent visiblement autant qu'en France à trouver un style de vie en accord avec leur pays natal, mais qui ne trahit pas pour autant la tradition de la génération de leurs parents. La solution la plus facile pour ne pas se casser la tête avec ce dilemme culturel, ce serait évidemment de rester à l'écart des deux mondes, de s'imaginer une sorte d'univers parallèle, taillé sur mesure, où les insécurités et les frustrations d'être né à cheval entre l'Orient et l'Occident peuvent se manifester librement à travers le refus de se conformer aux modèles établis. Dans le cas présent, cela s'appelle être un baron auto-proclamé, qui glande du matin jusqu'au soir et qui n'a de comptes à rendre à personne. Il aurait sans doute fallu une approche plus téméraire de la part de Nabil Ben Yadir, le réalisateur de ce premier film, pour tenir jusqu'au bout ce raisonnement contestataire et faire de ses personnages paresseux les héros d'un conte contre le conformisme envers la suprématie du rendement.
Car bien trop vite, le chef des barons, ou tout au moins celui qui nous guide à travers le récit par le biais d'une mise en abîme temporelle assez astucieuse au début, doit se rendre compte que sa philosophie de la moindre résistance ne le menera nulle part. Dès lors, le ton du film devient de moins en moins enjoué et l'aspect tristounet de la vie réelle fait son entrée. A de rares exceptions près, comme la séquence des antilopes, Les Barons s'imprègne alors d'une gravité, qui ne laisse plus de place à l'humour dérisoire, auparavant encore capable d'égayer tant soit peu la trajectoire tout tracée de l'histoire. Cette morosité ambiante atteint son comble, lorsque l'adversité entre Hassan, le plus progressiste de la bande, et son meilleur ami Mounir, la caricature parfaite du jeune agressif et borné, en vient aux mains, avec un retour de bâton désagréablement moralisateur qui ne se fait pas trop attendre. C'est d'ailleurs cette tendance à vouloir transformer à tout prix le destin du protagoniste en une leçon de vie universelle et édifiante, qui rend ce film aussi pesant par intermittence.
La structure narrative des Barons donne en effet l'impression de tirer l'histoire artificiellement en longueur. Bien que l'on ne se désintéresse jamais tout à fait du sort de Hassan, Malika et les autres, le passage obligé par tant d'étapes pour arriver finalement à quelque chose d'aussi prévisible ne vaut guère l'investissement de deux heures. L'aspect visuel soigné du film et les interprétations sincères compensent à peine un léger sentiment de déception, face à une histoire sur l'intégration improvisée, qui aurait mieux fait de s'écarter plus d'un conformisme narratif peu excitant.
Vu le 6 janvier 2010, à la Salle Pathé Lincoln
Note de Tootpadu: