On s'fait la valise, docteur ?

On s'fait la valise, docteur ?
Titre original:On s'fait la valise, docteur ?
Réalisateur:Peter Bogdanovich
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:08 novembre 1972
Note:
Le musicologue étourdi Howard Bannister se rend à San Francisco, en compagnie de sa fiancée Eunice Burns, afin d'y décrocher la prestigieuse bourse Larrabee pour ses études sur la musique préhistorique. Mais à peine arrivé à l'hôtel Bristol, Howard se fait harceler par la débrouillarde Judy Maxwell. Pour ajouter encore à la confusion, plusieurs sacs à carreaux écossais attirent l'attention de quelques autres clients suspects de l'hôtel.

Critique de Tootpadu

Cette comédie loufoque est moins représentative du cinéma américain des années 1970, une décennie riche en expériences esthétiques, narratives et commerciales, que de la longue tradition de relectures nostalgiques à partir de genres passés de mode. D'une façon pas toujours très organique, le réalisateur Peter Bogdanovich cherche à y raviver l'esprit pétillant des comédies des années 1930, L'Impossible Monsieur Bébé de Howard Hawks en tête, tout en y ajoutant un zeste des spectacles burlesques, depuis le cinéma muet d'un Harold Lloyd jusqu'à l'oeuvre de Blake Edwards. Par conséquent, il manque une signature propre à On s'fait la valise, docteur ?, comme une touche personnelle qui ancrerait le film dans son époque, en dehors de la présence des têtes d'affiche très populaires et d'une citation finale de Love story.
En même temps, le ton un brin vieillot et la vacuité de l'intrigue participent au capital sympathique du film. Bien que l'agitation s'étire un peu trop longuement avant la célèbre course poursuite, qui est en fin de compte la principale raison d'être du film, et que la séquence suivante, devant le tribunal, rappelle l'humour le plus laborieux dont était capable Frank Capra (cf. Arsenic et vieilles dentelles), cette comédie amusante ne prétend jamais d'être autre chose qu'un divertissement léger. Le charme de Barbra Streisand et de Ryan O'Neal aidant, nous avons donc pris un malin plaisir à regarder la zone de destruction que Judy laisse derrière elle et contre laquelle le docteur introverti, mais étonnamment bronzé, est tout à fait impuissant.
Nous regrettons seulement que Peter Bogdanovich ne se soit pas foulé davantage pour enrichir son récit de niveaux de lecture et d'analyse supplémentaires, qui refléteraient par exemple l'évolution du rôle de la femme dans la société américaine entre les années 1930 et '70. On peut considérer au mieux la passivité de Bannister, pas sans lien avec la chanson suggestive du générique de Cole Porter, qui est coincé entre une fiancée hystérique et draconienne et le personnage type de Barbra Streisand, c'est-à-dire une femme désinvolte et décalée qui a de la confiance à revendre, comme l'abdication de l'homme face à la prise de parole et de pouvoir des femmes. Sauf que les comédies d'antan étaient déjà arrivées à un constat semblable avec des moyens infiniment plus sophistiqués.

Revu le 31 décembre 2009, au Grand Action, Salle Henri Ginet, en VO

Note de Tootpadu: