In the loop

In the loop
Titre original:In the loop
Réalisateur:Armando Iannucci
Sortie:Cinéma
Durée:105 minutes
Date:18 novembre 2009
Note:
Il n'est plus qu'une question de jours, avant que les Etats-Unis ne décident d'envahir un pays du Moyen-Orient. Dans un climat politique d'une incertitude maximale, l'annonce du ministre britannique du développement mondial Simon Foster que la guerre serait imprévisible, fait alors l'effet d'une bombe. Tandis que Malcolm Tucker, le directeur vociférant de la communication du premier ministre, tente de limiter les dégâts de cette gaffe, Foster, maladroit et naïf, enfonce le clou et s'immisce dans les tractations anglo-américaines autour d'une déclaration de guerre imminente. Son nouveau conseiller Toby n'est pas en reste, puisque ses coups médiatiques mettent involontairement le monde diplomatique sens dessus dessous.

Critique de Tootpadu

La décision américaine d'envahir l'Irak peut globalement être considérée comme une affaire louche, motivée plus par l'appât du gain de quelques millions de barils de pétrole que par une nécessité humanitaire pressante. Même les personnes les plus crédules à l'époque ont reconnu depuis, que les preuves soumises au conseil de sécurité de l'ONU étaient insuffisantes pour justifier une telle agression guerrière. L'Histoire jugera les hommes et les femmes haut placés, responsables de cette guerre qui se soldera prochainement par un demi-échec, en attendant le verdict sur le théâtre des opérations parallèle d'Afghanistan. Mais bien que les vraies décisions aient été prises par des chefs d'état comme Tony Blair et George W. Bush, il serait intéressant d'imaginer quel genre de tourbillon diplomatique il a fallu pour arriver à ce résultat, malgré tout néfaste.
C'est exactement ce que fait cette satire britannique cinglante, aux répliques jubilatoires. A partir de personnages à peine fictifs, elle nous dévoile les dessous chaotiques de cette affaire. Les pourparlers pour arriver à cette issue belliqueuse ne se sont très probablement pas déroulés de la façon décrite dans le film. Mais le don d'observation du scénario par rapport aux particularités nationales et le sentiment omniprésent d'impuissance face à un mécanisme politique qui avance imperturbablement, font qu'ils auraient très bien pu se passer ainsi. Inconsciemment ou par bêtise, chacun des participants contribue une pièce au puzzle de la résolution des Nations Unies, qui devait mettre fin au régime de Saddam Hussein.
Les répliques assassines fusent de tous les côtés. Quelque part entre la jungle des prédateurs et le niveau d'une classe de maternelle, le sort de la paix internationale se joue en toute innocence, ou presque. Le scénario se fait un malin plaisir de mettre à nu les égos démesurés des politiciens de bas étage, qui croient tirer les ficelles de cette affaire cruciale, alors qu'ils sont au mieux les marionnettes d'un spectacle orchestré par les véritables décideurs, qui n'apparaissent jamais à l'écran. Le ton loufoque de l'ensemble permet alors aisément de nous faire oublier quelques aspects improbables de cette ronde politique impitoyable, où il faut s'adapter ou périr.
Le seul bémol substantiel de In the loop se trouve du côté de la réalisation. Armando Iannucci se croit apparemment déjà en état de guerre, avec son style digne d'une guérilla filmique. Au lieu de faire confiance aux prouesses du scénario, et de laisser couler le flux narratif à la vitesse des échanges explosifs, il s'égare dans une esthétique plus adaptée aux films de guerre ou d'action. Plus très loin du "no man's land" formel occupé depuis longtemps par Michael Bay, la mise en scène multiplie les effets de montage gratuits et les cadrages hautement approximatifs. Le décalage qui résulte du ton proche de l'univers d'un Robert Altman, qui aurait sans aucun doute pu produire des miracles à partir de cette histoire prometteuse, et de la forme filmique d'une nervosité exagérée, ne rend en fin de compte nullement service à cette satire presque décevante.

Vu le 30 décembre 2009, au Saint-Lazare Pasquier, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: