Gigantic

Gigantic
Titre original:Gigantic
Réalisateur:Matt Aselton
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:06 janvier 2010
Note:
Brian Weathersby travaille dans un magasin de literie à New York. Parmi ses clients figure le fortuné Al Lolly, qui lui achète le matelas le plus cher. Lorsque sa fille Happy passe au magasin pour convenir des détails de la livraison, Brian tombe immédiatement sous le charme de cette jeune femme mystérieuse. Au fil de leurs rencontres, il commence une relation avec elle. Mais son projet personnel de longue date, d'adopter un orphelin chinois alors qu'il est célibataire et qu'il a moins de trente ans, ne paraît guère enthousiasmer Happy, encore peu ferme dans ses choix de vie.

Critique de Tootpadu

Si ce n'était pour sa chronologie de distribution en décalage avec les impératifs de sélection du festival, ce film indépendant américain aurait tout à fait trouvé sa place au sein de la programmation de Deauville au mois de septembre dernier. Il correspond en effet parfaitement à l'idée qu'on se fait du genre de productions qui y sont la norme, à savoir des histoires toujours un peu farfelues, peuplées de jeunes acteurs en voie de devenir des vedettes et de vétérans, qui n'ont souvent plus que la diaspora hollywoodienne et la télévision pour assurer leurs vieux jours. Pris séparément, en dehors du rythme effréné des festivals, Gigantic arrive à se démarquer et à nous subjuguer, bien que quelques réserves persistent.
L'aspect le plus frustrant du film est ainsi sa tendance à tirer l'intrigue vers une bizarrerie et une vulgarité assez superflues. On se serait très bien passé de l'action parallèle du clochard qui harcèle Brian d'une façon de plus en plus violente, tout comme des quelques observations forcées sur des pratiques sexuelles douteuses, tel le salon de masturbation. Plutôt que de faire confiance à ses personnages, déjà suffisamment hauts en couleur, le réalisateur et co-scénariste Matt Aselton multiplie les détails annexes soi-disant comiques, dont la contribution principale est cependant de diluer l'impact de la relation romantique, à la fois tortueuse et attachante, entre Brian et Happy.
Car le couple formé par Paul Dano et Zooey Deschanel, tous les deux visiblement abonnés ces derniers temps aux rôles d'amoureux atypiques, affiche une délicatesse et une sensibilité, qui auraient largement permis de porter à elles seules le film. La complexité de la vie et des sentiments s'exprime ainsi avec une clarté infiniment plus parlante à travers les hésitations et les coups de passion qui rythment leur relation, que par le biais d'une mise en avant abusive des particularités de l'existence citadine.
Enfin, le déséquilibre dans la répartition des seconds rôles nous laisse quelque peu mélancoliques. Tandis que John Goodman et Ed Asner s'en donnent à coeur joie dans l'interprétation respective de leur personnage paternel, la pauvre Jane Alexander est obligée de se contenter d'une seule séquence conséquente, dont elle s'acquitte cependant avec l'élégance et l'intensité brillante que nous lui connaissons depuis longtemps. Dommage néanmoins qu'une actrice aussi talentueuse soit cantonnée, depuis des années déjà, dans des rôles sans grande importance.

Vu le 14 décembre 2009, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: