
Titre original: | Oscar et la dame rose |
Réalisateur: | Eric-Emmanuel Schmitt |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 106 minutes |
Date: | 09 décembre 2009 |
Note: | |
Le jeune Oscar est à l'hôpital pour enfants, où le docteur Düsseldorf tente sans succès d'enrayer le cancer qui ne lui laissera plus que quelques jours à vivre. Par hasard, Oscar entend le médecin annoncer à ses parents la mauvaise nouvelle qu'il est censé ignorer. Dégoûté de la lâcheté des adultes, Oscar se réfugie dans un mutisme, dont il n'est prêt à sortir qu'avec Rose, une ancienne catcheuse qui était venue à l'hôpital pour vendre ses pizzas faites maison. Nullement prédisposée à faire de la charité, Rose accepte toutefois l'offre du docteur de rendre visite chaque jour à Oscar, en échange d'une livraison quotidienne de pizzas.
Critique de Tootpadu
Le générateur de larmes le plus infaillible au cinéma, même avant les animaux agonisants, ce sont les enfants qui doivent mourir avant l'heure et qui attendent stoïquement la fin précoce de leur brève existence. Le malheur des parents, horrifiés par cette séparation contre nature, et la mélancolie des petits bouts de chou, qui tentent d'envisager séreinement un avenir qu'ils n'auront pas, éveillent en chaque spectateur normalement constitué en termes de ressenti émotionnel une réaction instinctive, qui s'accompagne généralement d'une effusion plus ou moins conséquente et assumée de larmes. Pour la deuxième adaptation par lui-même d'une de ses oeuvres, après Odette Toulemonde, l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt ne néglige nullement le potentiel larmoyant de son sujet. Mais la plupart du temps, il sait le traiter avec une justesse du ton, qui, vu les circonstances, alterne avec une légèreté fort salutaire entre le rire et les larmes. L'emballage un brin trop rose bonbon du film et de rares surcharges sentimentales, comme le chant des enfants de choeur au cimetière juste après le sommet émotionnel du film, rendent Oscar et la dame rose peut-être un peu trop gentillet et avenant. Mais la lucidité avec laquelle le petit garçon et sa complice improbable affrontent la conclusion inéluctable de leur aventure fait forcément chaud au coeur.
L'imagination comme moteur un peu trop religieusement teinté de la fuite d'une réalité atroce exerce en effet tout son pouvoir de séduction dans la vie ramassée en quelques jours de ce petit Benjamin Button français et à l'envers. Le subterfuge de Rose, normalement terrorisée rien que par l'odeur des hôpitaux, permet d'envisager l'existence avec un air d'optimisme inattendu. Dans le petit jeu qu'elle entreprend avec Oscar, et dont l'enjeu n'est autre que la survie mentale du garçonnet dans un corps qui le lâche à vue d'oeil, chaque jour est une éternité au cours de laquelle se produit une foule d'événements à la portée symbolique considérable. La leçon à tirer de cette ruse innocente - car le réalisateur Eric-Emmanuel Schmitt est avant tout un professeur bienveillant qui nous administre son enseignement chrétien larvé selon toutes les règles de l'art dramatique -, c'est de vivre chaque jour pleinement, comme si c'était le dernier. Même sous la forme d'un conte de Noël heureusement pas trop édifiant, cet attachement à l'instant présent et aux choses simples de la vie constitue un rappel plaisant de notre raison d'être.
D'un point de vue narratif, Eric-Emmanuel Schmitt ne se montre pas aussi efficace. Nous avons en effet noté un certain flottement, pas toujours agréable, du côté du rythme, pourtant calqué sur le calendrier à l'approche de la fin d'année, et de l'ancrage dans une époque précise. Tant de choses se passent dans les dix ans de vie d'Oscar compressés en un jour, qu'il devient parfois difficile de suivre l'évolution au quotidien. Et après nous avoir laissé craindre l'énième résurrection du décor d'une France factice, pittoresque et rétro à la Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, l'apparition de quelques acquis techniques contemporains (la photocopieuse) brouille finalement encore plus la piste du datage de cette belle histoire intemporelle.
Vu le 16 novembre 2009, à la Salle Pathé Lincoln
Note de Tootpadu: