
Titre original: | Cinéman |
Réalisateur: | Yann Moix |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 91 minutes |
Date: | 28 octobre 2009 |
Note: | |
Régis Deloux est un professeur de maths à Montreuil-sous-Bois, qui ne vit que pour inculquer la science supérieure des chiffres à ses élèves, point gâtés par ses méthodes pédagogiques peu fines. Un jour, il trouve dans un livre d'occasion la broche de Viviane Cook, l'actrice principale des films de Sissi. C'est un appel au secours de la part de la comédienne, qui a été enlevée par le méchant Douglas Craps. Depuis qu'il est rentré en contact avec la broche, Deloux éprouve des symptômes étranges, qui le poussent à consulter son médecin. Ce dernier le dirige vers un spécialiste, qui permettra à Deloux de rentrer littéralement dans les films et de voler au secours de la demoiselle en détresse.
Critique de Tootpadu
Passer de l'autre côté du miroir, afin de faire partie intégrante du spectacle, cela relève du fantasme de tout cinéphile qui se respecte. En quelque sorte, Woody Allen avait exaucé notre vœu dans le magnifique La Rose pourpre du Caire, où le héros du film dans le film entrait comme par miracle dans la vie de la spectatrice assidue, interprétée par Mia Farrow. Le transfert dans l'autre sens nous avait donné quelque chose d'aussi gentiment anecdotique que l'attraction "Cinémagique" dans les Walt Disney Studios, ou l'histoire d'un spectateur impoli qui se retrouve malgré lui enfermé de l'autre côté de l'écran. Le deuxième film du réalisateur Yann Moix reprend ce dispositif passablement ingénieux et l'étire dans tous les sens, sans pour autant lui apporter la moindre personnalité.
Le florilège de films cités dans Cinéman est en effet plutôt prestigieux, avec des œuvres de Murnau, Kubrick, Leone, ou encore Scorsese. Mais le traitement lapidaire qu'elles subissent rend l'exercice plus pénible que divertissant. Les enjeux minimaux de l'intrigue s'accommodent ainsi parfaitement avec la structure répétitive du scénario. Sauf que l'histoire prétendument rocambolesque du prof ringard, qui devient par hasard une vedette de cinéma improbable et intemporelle, perd du coup tout intérêt. Dans le désordre plutôt consternant créé par une narration aussi approximative que le montage, aucune ligne claire de progression ou de suivi logique du périple de Deloux ne se dégage. Chaque nouveau décor ou genre visité au fil de l'aventure nous réserve ainsi son lot de références plus ou moins subtiles. Mais l'état anémique du fondement de l'histoire, rendu encore plus discutable par quelques intermèdes inutiles dans la vie réelle, empêche la moindre prise de plaisir authentique.
Entre le narcissisme insupportable de Franck Dubosc, les traits affreusement tirés de Marisa Berenson, le jeu déjà absent de la regrettée Lucy Gordon, le cabotinage de Pierre-François Martin-Laval, et une post-synchronisation bâclée, il n'y a pas grand-chose à sauver dans cette comédie, qui ne fait jamais rire, mais qui a néanmoins su nous divertir à un niveau très bas, juste avant l'agacement complet.
Vu le 4 novembre 2009, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 17
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Podium, un vibrant hommage au chanteur Claude François avait attiré mon attention. La réussite de cette comédie sortie en 2004 tenait à un scénario original et surtout à son excellent casting : Benoît Poelvoorde et Jean-Paul Rouve en sosies de Claude François et de Michel Polnareff étaient plus que criant de vérité. A en voir Cinéman, toute la réussite de ce premier film ne tenait qu’aux acteurs ayant transcendé leur outil de travail.
Le fait qu’un personnage réel rentre dans un univers de cinéma fictif n’est pas nouveau en soi. Woody Allen avait déjà utilisé avec succès cette idée pour son film La Rose pourpre du Caire. De même, le trop rare John McTiernan avait réussi un grand divertissement avec Last action hero. Le dispositif de base de ce film, s’il avait été traité avec beaucoup d' idées aurait donc pu déboucher sur une
comédie réussie. La réalité est tout autre ici.
Ce film est non seulement une purge cinématographique, mais les scènes semblent avoir été réunies sans conviction, et les acteurs n’ont jamais été aussi mauvais sur grand écran. Cela n’étonne plus personne
que Franck Dubosc ne soit pas un grand acteur. On lui rappellera par ailleurs qu’un personnage ne peut pas être joué de manière identique dans chaque film. Dans son rôle de professeur agrégé (on n’y croit pas une seconde) se trouvant propulsé de film en film (Zorro, Tarzan, l’homme sans nom), il arrive uniquement à nous consterner totalement. De même, Pierre Richard, qui a été dans les années 1980 l’un des plus grands comédiens comiques français, semble perdu dans son rôle et ne retient pas non plus mon attention. Au niveau sonore, même si le décalage des voix est pour Yann Moix un effet comique, il devient à la longue harassant pour les spectateurs. Les effets visuels du film nous renvoient aux pires films de série Z américains, sans le moindre signe de qualité. On pourrait même voir en ce film un hommage à Ed Wood. Mais autant ce dernier savait parfaitement qu’il était un mauvais réalisateur et souhaitait le rester comme titre de gloire, autant Yann Moix n’a pas l’air de se rendre compte que son film est irregardable et nauséabond.
Puisqu’une place de cinéma coûte actuellement dix euros, il est même honteux que ce film puisse sortir sur autant d' écrans, alors que de nombreux films indépendants mériteraient, eux, le haut de l’affiche. Enfin, je comprends parfaitement le désistement de Benoît Poelvoorde au vu du résultat final.
De la même manière que Franck Dubosc rend les copies de ses élèves au début de ce pseudo-film, ma note reflète le niveau de ce très mauvais film, que rien ne peut sauver de la déchéance profonde.
Vu le 31 octobre 2009, au Gaumont Disney Village, Salle 15
Note de Mulder: