Capitalism A Love story

Capitalism A Love story
Titre original:Capitalism A Love story
Réalisateur:Michael Moore
Sortie:Cinéma
Durée:128 minutes
Date:25 novembre 2009
Note:
Les Etats-Unis d'Amérique ont adopté depuis longtemps le capitalisme comme système économique miracle, qui apporterait le confort matériel à tous ceux qui poursuivent cette déclinaison du rêve américain. Au plus tard depuis les années 1980 et la présidence de Ronald Reagan, lourdement influencée par les patrons de Wall Street, ce mode de fonctionnement social basé sur le libre échange et la loi du marché s'est transformé en une course déréglée au profit et au rendement. Bien avant que la crise bancaire n'éclate à l'automne 2008, le peuple américain a dû payer le prix d'une politique économique, qui prend aux pauvres pour donner aux riches.

Critique de Tootpadu

Les conséquences à long terme de la crise économique actuelle commencent tout juste à se profiler, que nos cinémas sont submergés par des documentaires qui traitent de ce nouveau sujet brûlant, soudainement plus populaire que le réchauffement climatique, les conflits africains, et les dérives de la production alimentaire réunis. Les perspectives y varient forcément. Mais nous n'aurions pas cru qu'un réalisateur de la trempe d'un Michael Moore, bien intentionné mais parfois populiste et simpliste dans sa démarche, soit capable de faire rentrer les tenants et les aboutissants de cette crise inouïe dans un documentaire à la fois informatif et divertissant. Tant mieux alors que Capitalism A Love story se rapproche du meilleur que l'on peut espérer de la part de ce mélange entre pamphlet et appel satirique à l'action, dont le réalisateur détient le secret. Moins émotionnellement éprouvant que Bowling for Columbine, il atteint un équilibre peut-être encore plus convaincant entre le spectacle et la transmission relativement sobre de faits sociaux.
La réputation de manipulateur sentimental, qui colle souvent Michael Moore à la peau, est adroitement démentie par une exploration plutôt solide du contexte historique, qui a mené les Etats-Unis au bord du gouffre d'une récession tenace. Le rôle des différents présidents est analysé sans pathos, mais avec une dose salutaire d'humour dérisoire, à commencer par une origine indubitable du mal : la main mise du grand capital sur le président-cowboy Ronald Reagan. Michael Moore traite Barack Obama déjà avec plus de sympathie, bien qu'il se garde prudemment de céder à l'euphorie de son élection, avant même de savoir comment il gérera les ruines laissées par son prédécesseur. Le véritable acte politique digne d'un héros remonte pour le réalisateur à la déclaration en 1943 de Franklin D. Roosevelt du plan d'une charte, qui garantirait des acquis fondamentaux dans le domaine social et professionnel à chaque citoyen et qui, cela va sans dire, est resté lettre morte jusqu'à présent. C'est dans l'héritage de cette idéologie doucement socialiste que Michael Moore s'inscrit d'une manière fort convaincante.
Pour y arriver, il fait une nouvelle fois appel à ce qu'il y a de plus positif en Amérique : un esprit de solidarité et d'optimisme, qui ne se laisse décourager ni par la force écrasante de l'adversaire, qui n'a qu'à sortir son chéquier sans plafond pour mettre tout le monde dans sa poche, ni par les dérives nauséabondes d'un système corrompu jusqu'aux os. Les documents d'archives que Michael Moore a déterrés sont toujours au moins aussi étonnants que le détournement pour la bonne cause qu'il leur fait subir sans scrupule. De ce point de vue, ce documentaire relève de la propagande militante, toutefois nettement plus sobre et moins tendancieuse que les chevaux de bataille sur lesquels Moore était monté auparavant. Visionnaire et lucide à la fois, Capitalism A Love story suggère que la résistance immédiate au statu quo est possible et nécessaire, en attendant un système économique moins injuste et plus égalitaire !

Vu le 29 octobre 2009, à la Salle UIP, en VO

Note de Tootpadu: