Paranormal activity

Paranormal activity
Titre original:Paranormal activity
Réalisateur:Oren Peli
Sortie:Cinéma
Durée:86 minutes
Date:02 décembre 2009
Note:
En septembre 2006, Micah achète un équipement sophistiqué de prises de son et de vidéo, afin de tirer au clair les supposées activités paranormales par lesquelles sa copine Katie est harcelée dans leur maison à San Diego. Depuis qu'elle a eu huit ans, Katie éprouve en effet une présence menaçante, qui revient la hanter épisodiquement. Mais les recherches théoriques du couple et la mise en place du dispositif de surveillance dans leur chambre à coucher paraissent provoquer le démon.

Critique de Tootpadu

Ce film d'horreur indépendant et diablement efficace démontre qu'il ne faut pas beaucoup d'argent pour tourner un film. Il est même probable que tout le battage médiatique qui entoure sa sortie phénoménale sur les écrans américains en ce moment ait coûté plus cher que son budget riquiqui d'à peine dix mille dollars. En comparaison, son prédécesseur en termes commerciaux d'il y a dix ans, Le Projet Blair Witch, avait nécessité un investissement initial cinq fois supérieur, pour une trajectoire atypique au box-office qui sera sans doute comparable dans le cas présent. Face à l'engouement pour cette surprise de l'automne et pour calmer les ardeurs des cinéastes en herbe qui se voient déjà sollicités par Hollywood grâce au film de famille qu'ils ont tourné avec leur téléphone portable, il ne faudra cependant pas perdre de vue le fait irréfutable que la majorité écrasante de ces productions modestes trouve au mieux un public très restreint sur le marché de la vidéo.
Paranormal activity va certainement aussi cartonner dans ce format-là, mais avant, il se paye le luxe mérité d'une sortie mondiale en grande pompe au cinéma. Même si l'histoire de sa fabrication, truffée d'anecdotes, est plus fascinante que son intrigue conventionnelle d'un couple terrorisé par une présence étrange, le premier film du réalisateur Oren Peli sait tirer les ficelles de l'horreur au moment opportun. La fin plutôt classique ne suscite ainsi pas autant de frissons que les premières rencontres furtives avec le démon. La relation tendue entre Katie et Micah pendant la journée se transforme alors en une solidarité intense dans la terreur la nuit, rien que grâce à une bande son ingénieuse et l'appréhension d'événements terrifiants. C'est justement lorsque la caméra ne réussit à enregistrer que les traces de l'ennemi invisible que la peur est le plus insoutenable.
Cependant, l'emploi du dispositif de la caméra vidéo n'est pas toujours aussi astucieux qu'en ces moments irréprochables dans leur capacité de créer de la terreur. Le fait d'avancer systématiquement à toute vitesse aux quelques instants périlleux pendant les longs enregistrements nocturnes enlève tout effet de surprise. Du coup, le choc est d'une certaine façon préprogrammé et prévisible et perd par conséquent toute spontanéité. C'est alors que l'artifice formel et narratif prend définitivement le dessus sur l'aspect plus improvisé et amateur de ce projet malgré tout très solide.

Vu le 19 octobre 2009, à l'Elysées Biarritz, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Ce premier film de Oren Peli pourrait être vu comme le Projet Blair Witch des années 2000. A partir d'un budget très restreint, voire inexistant de 15 000 dollars, ce petit film a déjà rapporté plus de 40 millions aux Etats-Unis et la cagnotte ne fait qu’augmenter, tellement le bouche à oreille est excellent.

Qu’un film d’horreur fasse un tel score au box-office américain, alors que ce film était resté pendant longtemps dans un tiroir, est chose curieuse. L’explication vient en partie de la bande-annonce, qui est utilisée ici comme l’outil marketing à son zénith. Celle-ci nous montre la réaction des spectateurs dans la salle face aux images qui défilent devant leurs yeux. L’effroi, la peur véritable, et les cris d'angoisse sont nombreux. Notre rédaction fut donc conviée à la première projection de presse sur Paris et j’avoue que le film se laisse regarder avec plaisir. Mais nous sommes loin de l’effet que nous avait fait Evil dead dans les années 1980. Le réalisateur maîtrise totalement son sujet, en montrant peu de choses (une porte se ferme, des bruits surprenants, des traces de pied). Ce film témoigne de la passion qu’a ce réalisateur pour les films d’horreur qui ont bercé notre enfance. De La Maison du diable, à Amityville (le vrai de Stuart Rosenberg, pas le remake raté d’Andrew Davis), en passant par d’autres classiques du genre.

Cependant, une fois de plus les grands studios ont vu dans le cinéma d’horreur une manne très fructueuse. Ce film est donc surtout un outil marketing, capable de rallier un maximum de personnes, en vendant le fait d’avoir peur aux spectateurs. Les vrais passionnés de ce sous-genre, comme certains l’appellent, préféreront sûrement découvrir des vrais films angoissants, comme l’inédit Trick’n’Treat, à mes yeux l’un des meilleurs films d’horreur que j’ai pu voir depuis The Descent, à ranger à côté de Halloween, L’Exorciste et Jeu d’enfants.

Ce film est plus une expérience de claustrophobie poussée à son paroxysme qu’un film d’horreur classique. Les moments d'angoisse sont nombreux, mais j’avoue avoir préféré de loin Jusqu’en enfer par sa réalisation. Reste que découvrir un bon film d'horreur est chose rare et ce film très réussi dans sa catégorie mérite toute notre attention, surtout que la suite a été signée et que Steven Spielberg avoue avoir passé un bon moment de cinéma.

Vu le 19 octobre 2009, à l’Elysées Biarritz, en VO

Note de Mulder: