Box (The)

Box (The)
Titre original:Box (The)
Réalisateur:Richard Kelly
Sortie:Cinéma
Durée:115 minutes
Date:04 novembre 2009
Note:
En 1976 à l'approche des fêtes de Noël, la vie paisible de Norma et Arthur Lewis est bouleversée par une boîte mystérieuse, qui a été déposée au petit matin devant la porte de leur maison à Richmond, en Virginie. Le paquet suspect a été accompagné d'une note, qui annonce le passage d'un certain Monsieur Steward à cinq heures le même jour. Alors que le couple pense qu'il s'agit d'une blague, en rapport avec le mariage prochain de la soeur de Norma, des nouvelles professionnelles déplaisantes mettent leur existence préservée en branle au fil de la journée. La visite d'Arlington Steward leur ouvre alors de nouveaux horizons financiers, puisqu'il leur propose un million de dollars, s'ils acceptent d'appuyer sur le bouton rouge de la boîte, entraînant par la même occasion la mort d'un inconnu quelque part dans le monde. Les Lewis ont vingt-quatre heures pour se décider.

Critique de Tootpadu

La prémisse du troisième film du réalisateur Richard Kelly ressemble de prime abord à celle d'un épisode de la série télévisée "Alfred Hitchcock présente". Comme dans les thrillers condensés, introduits par le maître du suspense en personne, une famille très ordinaire y est confrontée brutalement à un choix moral, qui aura des répercussions criminelles imprévisibles. La boîte au bouton rouge agit comme le déclencheur arbitraire d'une intrigue, qui mettra à l'épreuve la solidité du couple et l'attachement de ce dernier aux règles d'une société régie a priori par le Bien. Norma et Arthur Lewis se tourmentent ainsi sur la bonne décision à prendre, surtout une fois que leur action apparemment bénigne a déclenché une réaction en chaîne aux conséquences affreuses.
Evidemment, les épisodes du feuilleton précité des années 1960 ne duraient qu'une demi-heure ou une heure dans le cas d'une intrigue plus développée. Bien que The Box donne parfois l'impression d'être un épisode tiré en longueur, ce thriller plutôt élégant se dirige au cours de sa deuxième partie dans une direction clairement plus fantastique. Le réalisateur de Donnie Darko n'en démord toujours pas des univers parallèles et des revirements abracadabrants. Au lieu de laisser culminer les tourments moraux de son couple de protagonistes dans une fin ouverte, qui interpellerait le sens de responsabilité et d'altruisme des spectateurs, Richard Kelly a opté pour une conclusion lugubre, qui ne laisse guère de place à l'optimisme, mais qui ne permet pas davantage d'y voir plus clair sur l'identité ou les motivations des employeurs d'Arlington Steward.
Bien entendu, pour les implications humaines du choix que les couples prennent face au bouton rouge, qui les rapprocherait immédiatement de l'aisance matérielle, mais qui les plongerait simultanément dans des tourments moraux atroces, les rouages de la machination qui les a propulsés dans cette situation n'ont guère d'importance. Mais pourquoi alors employer les grands moyens techniques et des effets spéciaux plutôt sophistiqués pour donner du relief, à défaut de pouvoir lui procurer une âme, à la croisade de Steward ? Serait-ce pour élever un écran de fumée clinquant devant les innombrables improbabilités dans lesquelles l'histoire risque de s'engouffrer à une vitesse en pleine accélération ?
Toujours est-il que le soin apporté à la mise en scène et aux aspects techniques du film fait aisément pardonner cette passion du réalisateur pour les théories philosophiques hautement nébuleuses. Nous avons donc apprécié The Box pour ce qu'il était probablement censé être en premier lieu - et la bande originale sensiblement inspirée des thèmes de Bernard Herrmann, ainsi que la distribution faite de vétérans (Frank Langella, James Rebhorn, Celia Weston) et de têtes d'affiche de seconde catégorie (Cameron Diaz, James Marsden) étayent cette théorie - : un hommage aux thrillers télévisés estampillés Alfred Hitchcock. Sans oublier que la représentation peu valorisante des personnages féminins, qui sont l'origine de tout le mal qui s'abat sur leur famille, puisque Richard Kelly leur en fait invariablement porter le chapeau, n'aurait certainement pas déplu au maître anglais.

Vu le 5 octobre 2009, au Club 13, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Richard Kelly est un jeune réalisateur surdoué, qui a réussi à imposer sa patte à travers une œuvre qui est devenu instantanément culte : Donnie Darko. Ce premier film fantastique reste à l'heure actuelle sa carte de visite pour lancer de nouveaux projets. Son second film de science-fiction n'eut malheureusement pas les mêmes honneurs et a surpris beaucoup de monde en présentant un patchwork de films fantastiques, de science-fiction, et de comédies dramatiques. Son précédent film était en quelque sorte son hommage aux films qui ont marqué son caractère et orienté sa carrière. Pour son troisième film, il réactualise une courte nouvelle de Richard Matheson et en tire une fable moraliste sur les faiblesses humaines, les failles de notre société, la vie de couple à l'heure actuelle et surtout le foyer familial.

Une nouvelle fois Richard Kelly nous livre sa vision du monde, un monde sans espoir où les failles de notre civilisation entraînent inexorablement l'homme à sa perte. D'un acte simple comme appuyer sur un bouton pour tuer une personne et empocher un million de dollars, le réalisateur nous montre bien que chaque action mauvaise de l'homme l'attire vers son déclin. The Box pourrait ainsi renvoyer aussi bien aux classiques du genre, comme L'Invasion des profanateurs ou Le Jour où la Terre s'arrêta (une personne à l'apparence humaine confronte la race humaine à sa fin). Ce film certes très lent prend son temps pour nous livrer cette histoire d’où les femmes n'en sortiront pas grandies. En effet, elles sont pour lui à l'origine de la perte de l'homme.

Cameron Diaz et James Marsden campent un couple très réaliste, qui se bat pour pouvoir survivre financièrement et marqué par l'inéluctabilité de la vie. Ce film repose également sur Frank Langella, qui nous rappelle le personnage campé par Max von Sydow dans Le Bazar de l'épouvante. On pourrait ainsi voir en lui un Diable des temps modernes, souhaitant corrompre des foyers innocents et les pousser aux pires actes.

Par l'intermédiaire de ce film, le cinéma de science-fiction nous montre qu'il permet de se démarquer des œuvres classiques car à travers cette histoire, le réalisateur dresse un constat d'une partie de notre société. Une nouvelle fois, Richard Kelly montre qu'il est un brillant et jeune réalisateur. Loin du système hollywoodien, il arrive à garder ses idées intactes dans ses films sans aucune censure. Non seulement, il ouvre la porte à des réalisateurs rejetés du système (il a produit World’s greatest dad de Bob Goldthwait, présenté à Deauville), mais il permet aussi à de jeunes réalisateurs de continuer son œuvre. A ce jour, nous comptons déjà une suite à Donnie Darko et une autre est en préparation.

The Box n'est certes pas un classique de la science-fiction, comme le resteront à jamais Blade runner et 2001 L'Odyssée de l'espace, mais c’est un film intelligent, très bien construit et surtout un bel exercice de style.

Vu le 6 novembre 2009, au Gaumont Disney Village, Salle 2, en VF

Note de Mulder: