Mary et Max

Mary et Max
Titre original:Mary et Max
Réalisateur:Adam Elliot
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:30 septembre 2009
Note:
En 1976, dans sa banlieue préservée de Melbourne, la jeune Mary Dinkle s'ennuie ferme. Solitaire et intimidée par un physique ingrat, elle rêve d'épouser un jour un Ecossais nommé Earl Grey, en hommage au travail de son père, qui attache les cordes aux sachets de thé. Sa mère, une alcoolique kleptomane, a expliqué à Mary que les enfants sont nés en Australie au fond d'une pinte de bière. Naturellement curieuse, Mary se demande alors si les naissances se font à travers des canettes de coca aux Etats-Unis. Pour trouver la réponse à cette question existentielle, elle pioche au hasard un nom dans l'annuaire de New York et envoie une lettre de présentation. Le destinataire s'appelle Max Horowitz, un juif obèse de 44 ans, qui est constamment angoissé et au moins aussi seul que Mary. Entre ces deux correspondants improbables naît un échange épistolaire qui changera leur vie.

Critique de Tootpadu

La qualité de l'animation est excellente. Et on appréciera la volonté de sortir du canon des contes pour enfants, sans tomber dans la vulgarité ou le fantastique. Néanmoins, Mary et Max raconte une histoire si déprimante, qu'on aurait envie de se tirer une balle après l'avoir vu ! Les deux personnages principaux sont si fermement prisonniers de leur solitude et de leur complexes en tout genre, qu'aucun rayon de soleil ne puisse illuminer la geôle de leur malaise mental. Même l'échange irrégulier des lettres ne leur procure qu'un plaisir très passager, puisque les questions apparemment innocentes de Mary provoquent des crises d'angoisse plus ou moins graves chez Max et que la jeune fille passe à côté de la plupart des sous-entendus contenus dans les réponses de son ami.
Le seul moyen pour tirer une véritable satisfaction de cette histoire tristounette, ce serait de la prendre au deuxième degré, au moins. Mais l'ironie mordante ne prend de loin pas aussi bien ici que dans Le Sens de la vie pour 9,99 $ de Tatia Rosenthal, un autre film d'animation australien caustique. Toutes les misères imaginables s'abattent en effet sur Mary et Max, sans qu'ils sortent plus forts de ces épreuves ordinaires. Leur trajectoire semble toute tracée depuis le début et l'échange de leurs lettres ne leur apporte qu'un peu de réconfort éphémère. Par conséquent, l'histoire du film n'est qu'une suite de situations affligeantes, qui dissèque sans ménagement l'exclusion et la solitude quasiment permanentes des deux personnages centraux.
Enfin, vu que les chemins de Mary et Max ne se croisent pas et qu'ils sont tous les deux enfermés dans un mutisme né de leur peur de l'autre, les dialogues sont extrêmement rares dans ce film. Pour pallier cette contrainte scénaristique, le réalisateur Adam Elliot, oscarisé pour son court-métrage Harvie Krumpet, fait abondamment appel à la voix off du narrateur. Nous n'avons jamais été adeptes de ce dispositif narratif et son utilisation systématique et répétitive rend la vision de Mary et Max encore un peu plus éprouvante.

Vu le 3 septembre 2009, à la Salle Gaumont - Louis Feuillade, en VO

Note de Tootpadu: