College rock stars

College rock stars
Titre original:College rock stars
Réalisateur:Todd Graff
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:12 août 2009
Note:
A Cincinnati, le jeune Will Burton vit dans une apathie entière, apparemment insensible aux brimades des autres élèves et renfermé sur son propre univers musical. Seules des lettres qu'il écrit régulièrement à son idole David Bowie, qui restent forcément sans réponse et dans lesquelles il épanche librement tout son mal-être d'adolescent, lui permettent de tenir dans l'environnement abrutissant de la province. Lorsque sa mère Karen prend un travail dans le New Jersey, Will est aux anges, puisqu'il espère mieux s'y intégrer. Mais au lycée Martin Van Buren, les taquineries d'avant se transforment simplement en un anonymat pas moins pesant. Jusqu'au jour où la belle Charlotte fait appel à Will pour avoir son avis de mélomane averti sur le groupe qu'elle a fondé pour participer à la compétition musicale annuelle entre les lycées de la région.

Critique de Tootpadu

Ne vous laissez pas duper par le titre tendancieux de cette comédie américaine, qui aurait dû s'appeler initialement High School rock stars, ce qui l'aurait encore plus rapprochée de l'univers notoire du "High School Musical", auquel participe également l'actrice Vanessa Hudgens. Ce film vaut pourtant mieux que cela, puisqu'il porte un regard nullement aseptisé sur l'adolescence et se trouve par conséquent à l'antipode de la production Disney. Nous l'apparentions davantage à l'excellent Lolita malgré moi de Mark S. Waters. Le deuxième film de Todd Graff n'adopte certes pas un ton aussi mordant que celui-ci, mais il sait se démarquer agréablement des comédies débiles pour ados habituelles par sa révendication de la différence dans un monde guère édulcoré.
Le parcours du jeune Will Burton, l'exemple parfait d'un solitaire passionné de musique, ne subit ainsi aucun ménagement, mais aucun embellissement abusif non plus. Malgré sa fidélité au registre de la comédie d'ados, College rock stars préserve une fraîcheur et une crédibilité encourageantes. Le but du scénario solide n'est pas de conformer Will et ses amis à un idéal de réussite et de beauté superficielles, mais de les faire progresser malgré leurs défauts. L'ouverture au monde que vit le nouvel élève s'opère doucement, sans jamais faire basculer vers l'horreur l'équilibre fragile entre le rôle improbable de meneur qu'il adopte et son manque de confiance manifeste. Ce qui ne veut pas dire que l'intrigue est dépourvue de contrecoups. Mais la faculté de cette bande d'exclus de tout relativiser et de devenir performants au delà de leurs espoirs, jusqu'à improviser un peu trop brillamment au moment fatidique, exerce un pouvoir de séduction irrésistible dans cette ode américaine à l'affirmation de la différence.
L'absence de défauts notables nous permet ainsi de nous laisser largement subjuguer par le charme incontestable du film. Avec quelques morceaux de musique très touchants en prime (le beau "Someone to fall back on" en tête), le message d'optimisme modéré du film n'a alors eu aucun mal à nous enthousiasmer.

Vu le 27 juillet 2009, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Rares sont les films qui me donnent envie d’écrire la critique juste après les avoir vus. Rares sont ceux qui me donnent envie d’écouter leur musique en boucle juste après les avoir vus. Rares sont les films qui, jour après jour, me donnent une réelle inspiration. Rares sont les films qui me donnent envie de prendre un instrument de musique, une batterie ou une guitare, pour jouer rien que pour mon propre plaisir.

Si Mulderville.net existe, c’est, comme le raconte si bien ce film, grâce à la passion que j’ai pour le cinéma, le fait que j’aime tant ce média à force de ne penser qu’en termes de cinéma. Comme dans ce film, j’ai eu une excellente idée en imbauchant Tootpadu pour faire partie de cette aventure. Comme le personnage principal de ce film, je me sens comme un manager et je passe souvent inaperçu, non pas parce que je ne correspond pas aux critères du beau jeune homme, mais plutôt car je suis comme Will une personne à part, sur laquelle on ne parierait pas à première vue.

Le titre original de ce film est mieux adapté au thème principal (Bandslam, soit un concours inter collège de groupes de musique) et ne cherche pas à attirer l’attention du public conquis par la trilogie "High school musical". Non seulement, ce film s’impose dès sa première vision comme une pierre de l’édifice de l’histoire du cinéma aux côtés des classiques Grease et La Fièvre du samedi soir des années 1970 et plus récemment de l’excellent The Commitments de Alan Parker, mais il nous montre surtout à quel point le cinéma américain indépendant permet l’émergence de véritables talents. Ainsi, après le très réussi Une nuit à New York, ce film réussit une nouvelle fois avec brio à mêler l’image et le son. Toutes les chansons du film méritent d’être écoutées et réécoutées à de multiples reprises, comme la très belle chanson "Someone to fall back on" et l’excellent "Everything I own" du groupe créé spécialement pour le film "I can’t go on i’ll go on".

L’autre force du film, c’est que ses principaux personnages sont loin des stéréotypes de la jeunesse américaine, dont les comédies américaines portent l’étendard (les American Pie par exemple). Comme le dit si bien Will Burton, ces jeunes talentueux sont des individus que personne ne remarque, ni retient. Mais en unissant leurs talents respectifs, le personnage principal crée un excellent groupe. Ce premier film de Todd Graff nous permet de découvrir un réalisateur à suivre de près, qui s’appuie sur des jeunes comédiens qui ont fait leurs armes dans des séries américaines : Alyson Michalka ("Phil du futur"), Vanessa Hudgens ("High school musical"),et qui nous permet de découvrir un jeune acteur à suivre également : Gaelan Connell sur lequel tout le film repose. De ce dernier, on retiendra surtout la très belle scène qu’il a avec Vanessa Hudgens du premier baiser. Nous avons tous vécu cela de la même manière que lui.

La grande beauté du film vient du fait qu’avec un budget que l’on sent bien serré, le réalisateur ne fait aucune concession. Nous sommes donc loin ici de la mièvrerie des productions Disney (Hanna Montana, "High School musical"). Tous les personnages du film ont leur fêlures, un signe caractéristique les rendant différents. Mais surtout, ce qui m’a marqué dans ce film est son honnêteté profonde et le respect qu’il a envers les spectateurs. Tout ici sonne juste, surtout le film projeté dans la salle de classe montrant Sam vu par Will Burton. Cette scène est un pur moment de poésie brute, un grand moment de cinéma !

On ne peut donc qu’encourager les studios américains de suivre l’exemplarité de cette œuvre si parfaite, dont une fin moyennement réussie ne vient gâcher le plaisir. En sortant de ce film, nous n’avons qu’une seule envie : y retourner !

Film à voir absolument en salle …

Vu le 18 septembre 2009, au Gaumont Disney Village, Salle 2, en VF

Note de Mulder: