Hôtel Woodstock

Hôtel Woodstock
Titre original:Hôtel Woodstock
Réalisateur:Ang Lee
Sortie:Cinéma
Durée:121 minutes
Date:23 septembre 2009
Note:
En 1969, le jeune Elliot Teichberg appréhende plus que jamais l'été. Puisque son travail de décorateur d'intérieur à Greenwich Village n'a pas remporté le succès escompté, il est obligé de retourner vivre chez ses parents, qui tiennent un motel miteux à White Lake, dans l'état de New York. Elliot fait de son mieux pour dissuader les banques locales de mettre le motel familial en faillite avant la saison estivale, qu'il espère raviver, en tant que président de la modeste chambre de commerce du village, avec quelques festivités musicales sans envergure, qu'il organise depuis quelques années déjà. Mais lorsqu'il apprend que la ville voisine de Wallkill a retiré son autorisation pour un immense concert hippie, il saute sur l'occasion pour mettre ses parents financièrement à l'abri.

Critique de Tootpadu

Ang Lee n'est pas vraiment le genre de réalisateur que nous aurions pressenti pour raviver la flamme de Woodstock, le concert légendaire qui est le symbole suprême de toute une génération. Digne de notre entière appréciation, Lee appartient pourtant à ces cinéastes discrets, dont la subtilité du style et le soin qu'il y apporte empêchent tout soulèvement d'enthousiasme impétueux. Le réalisateur taiwanais compte sans doute parmi les plus grands narrateurs intellectuels du cinéma contemporain, en plus d'être un artisan hors pair. La folie, un ingrédient essentiel des trois jours de délire à Woodstock, ne fait par contre guère partie de son vocabulaire formel. Au lieu d'être aspirés par le tourbillon de ce moment fondateur du mouvement hippie, nous nous trouvons alors avec un film trop sage, presque politiquement correct, qui est aussi divertissant, mais finalement frustrant, que Presque célèbre de Cameron Crowe, une autre plongée hésitante dans l'exubérance de l'univers musical.
La première partie de Hôtel Woodstock est ainsi plombée par la mise en place laborieuse de l'événement historique. A priori rien de mal à cela, sauf que l'effort montré, et simultanément demandé au spectateur plus ou moins patient, ne génère pas un paiement satisfaisant par la suite. Les tractations et les coups de chance ou d'opportunisme par lesquels le protagoniste passe au début le préparent en fin de compte assez mal à ce qu'il va vivre par la suite. Ou plutôt, toute la peine qu'il se donne pour faire de son "bébé" un succès, avant qu'il ne lui glisse des mains par pure énormité, ne lui procure comme rétribution que le gain de la liberté envers ses parents. Selon le point de vue, cela est plus important, et certainement plus en phase avec les thématiques que Ang Lee développe depuis longtemps, qu'une expérience hallucinante, qui mettrait en branle toutes ses certitudes. Il n'empêche qu'une telle approche mesurée nous paraît à peine à la hauteur du bouleversement culturel de la fin des années 1960, dont le concert de Woodstock était en quelque sorte le point d'orgue.
La passion et la révendication confiante, car née d'un sursaut social comme notre civilisation n'en a hélas pas vu d'autres depuis, ne sont par conséquent pas à l'ordre du jour de ce film, qui épouse peut-être trop étroitement les caractéristiques de son personnage principal. Elliot est un jeune homme renfermé et affable, qui avait cherché sans succès l'épanouissement de son homosexualité et de ses talents artistiques loin de ses parents. Son retour involontaire aux sources s'accompagne d'une soumission docile, qui se préserve néanmoins quelques échappatoires. Il évite scrupuleusement de tenir tête à sa mère juive assez caricaturale, jouée comme si elle voulait décrocher à tout prix l'Oscar du Meilleur second rôle féminin par une Imelda Staunton glorieuse. Le débarquement de la horde des festivaliers ne provoque cependant aucun coup libérateur majeur chez ce fils, qui demeure malgré tout respectable. Son état permanent d'indécision, qui déteint lui aussi sur le film dans son ensemble, fait de lui plus un observateur passif, obligé d'assumer le rôle régressif d'instigateur de l'action, qu'un héros de la cause gaie ou plus globalement de la prise de parole par la jeunesse en cette période charnière d'il y a quarante ans.

Vu le 23 juillet 2009, à la Salle Pathé François 1er, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Du 15 au 18 août 1969 eut lieu le concert le plus connu de notre époque. Ce concert allait permette à un jeune décorateur d'intérieur et à ses parents, qui tenaient un hôtel, de pouvoir faire face à leur problèmes financiers.

Toute la force de ce film de Ang Lee tient à l'atmosphère très libre et irrévérencieuse autour de ce concert (drogues, sexe, mœurs douteuses). Certes, ce film ne met en aucun cas en avant les artistes qui se sont produits lors de l'événement (le documentaire de Michael Wadleigh est devenu culte depuis sa sortie en mars 1970). L'attention portée par Ang Lee tient plutôt à refléter la découverte de nouvelles sensations que le jeune personnage principal Elliot subit. Ce film réussit ainsi à dépeindre avec précision l'atmosphère avant, pendant, et après ces trois journées de concert.

Cependant, le scénario trop linéaire n'a guère de rebondissements. Malgré un casting intéressant, ce film ne restera pas le meilleur de Ang Lee. Par sa réalisation sans fioritures, le film semble plus ancré dans les réalisations des années 1980, que dans un style contemporain. D'un autre côte, le personnage de Elliot, qui se cherche sexuellement et intérieurement, fait que je n'ai pas pu m'indentifier avec lui. Comparé au personnage principal de College rock star, ce personnage, qui est l'un des organisateurs du concert de Woodstock, parait vide et sans grand intérêt.

Ce film aurait également gagné en force, si le scénario avait été mieux travaillé et plus riche en rebondissements. Ang Lee semble ainsi livrer ce film comme une demande de studio et n'a malencontreusement pas la force du Secret de Brokeback mountain, son meilleur film a ce jour.

Vu le 6 septembre 2009, au Casino, Deauville, en VO

Note de Mulder: