
Titre original: | Numéro 9 |
Réalisateur: | Shane Acker |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 79 minutes |
Date: | 19 août 2009 |
Note: | |
Numéro 9, une créature faite de bouts de tissu et de câbles, prend vie dans la chambre d'un vieux scientifique, la dernière pièce à peu près intacte d'un immeuble en ruines, dans une ville qui ressemble à un champ de bataille. Il prend un bouton curieux avec lui, avant de partir à l'aventure. Dans la rue, il fait la connaissance de Numéro 2, un vieil individu de la même espèce que lui, qui le protège d'une bête féroce, au prix d'être enlevé par cette machine effrayante. Au bout de ses forces après cet affrontement périlleux, Numéro 9 s'écroule et est recueilli dans une vieille église, qui fait office de refuge pour les quelques créatures numérotées, rescapées d'une guerre sans merci entre les hommes et les machines. Tandis que le meneur du groupe, le vieux Numéro 1, prône la sécurité et la discrétion, Numéro 9 repart à l'extérieur pour trouver Numéro 2.
Critique de Tootpadu
Produit entre autres par les réalisateurs Tim Burton et Timur Bekmambetov, tous deux à l'origine d'univers cinématographiques envoûtants, ce film d'animation indépendant était prédestiné à rompre avec les formules stylistiques et narratives, dont les studios nous abreuvent depuis la révolution Pixar. Le départ vers de nouveaux horizons s'avère en fin de compte encore plus radical, puisque Numéro 9 ne s'appuie pas non plus sur le goût pour le macabre de Burton, ni l'esthétique survoltée de Bekmambetov. Il s'agit davantage ici d'un fourre-tout fascinant, trop sombre pour les petits enfants, mais pas non plus suffisamment riche en sous-entendus pour divertir durablement un public adulte. En somme, ce film s'apparente à l'aventure rondement menée et sans faux-pas notable, que des productions semblables comme Igor de Tony Leondis et Chasseurs de dragons de Guillaume Ivernel et Arthur Qwak ont tenté de conter, en vain.
L'immersion dans l'univers apocalyptique y est aussi immédiate que totale, notamment grâce à la qualité redoutable de l'animation numérique. Alors que nous trouvons souvent quelque chose à redire à la palette de couleurs ou à l'aspect visuel donné au décor, le constat est sensiblement plus favorable, face à ce monde animé quasiment sans faille esthétique. Les nombreuses scènes d'action ne pâtissent ainsi d'aucun égarement formel. Elles s'inscrivent au contraire dans un rythme narratif effréné, mais guère hâtif, qui rend l'intrigue dans son ensemble très divertissante à suivre. Sans oublier la bande son impressionnante de précision, qui crée une multitude de sons mécaniques et métalliques, aptes à parfaire notre plongeon dans un monde mystérieux et menaçant.
Inspiré d'un court-métrage pour lequel le réalisateur Shane Acker avait été nommé à l'Oscar, Numéro 9 souffre néanmoins de sa trop courte durée. Une fois que les personnages sont campés, le scénario consiste essentiellement en un enchaînement habile, quoiqu'un peu creux, d'affrontements avec les machines. Même si des questions existentielles comme la culpabilité ou le but de la vie sont esquissées sans lourdeur, il manque au film le genre de souffle épique, qui ferait honneur à la qualité exquise de l'animation, qui a mis tout en oeuvre pour imaginer un monde sombre et pourtant enchanteur.
Vu le 15 juillet 2009, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu: