
Titre original: | J'ai tué ma mère |
Réalisateur: | Xavier Dolan |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 100 minutes |
Date: | 15 juillet 2009 |
Note: | |
Hubert Minel n'aime plus sa mère. Depuis qu'il s'est rendu compte de ses imperfections et de son inaptitude à remplir le rôle de mère comme il l'entend, ce jeune homme de dix-sept ans passe son temps à s'engueuler avec elle. Toutes ses tentatives de s'éloigner physiquement ou émotionnellement de cette femme qu'il avait aimée autrefois, se heurtent aux manipulations de celle-ci. Les choses ne s'arrangent pas, lorsque sa mère apprend que Hubert a un copain depuis deux mois, ni quand elle décide avec son père d'envoyer leur fils en pensionnat pour enrayer la chute de ses notes et calmer son esprit rebelle.
Critique de Tootpadu
Comme le chantait si bien Maxime Leforestier dans "Être né quelque part", on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille. Nous, on n'aurait peut-être pas tort de mieux choisir les films que nous allons voir, afin d'éviter à l'avenir le genre de catharsis haineuse et agaçante qu'est ce premier film canadien, présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Jamais très loin du règlement de compte nombriliste et pleurnichard, le jeune réalisateur Xavier Dolan y évoque la relation fort conflictuelle entre un jeune visiblement mal dans sa peau et sa mère indigne, mais pas sans amour.
La névrose profonde qu'éprouve Hubert envers sa mère et son expiation impossible sont au coeur d'une heure et demie de disputes stériles et de confessions narcissiques. Rarement avons-nous assisté au cinéma à un tel déversement ininterrompu de haine et d'apitoiement sur soi que dans ce film, dont l'expression d'un malaise existentiel et l'accusation tendancieuse et plutôt infondée d'une figure maternelle haïe constitue la seule raison d'être. Bien entendu, la relation mère-fils comporte depuis toujours un fort potentiel conflictuel. Mais de là à en faire le point crucial, voire obsessionnel, d'un film qui aurait très bien pu se concentrer également sur d'autres problématiques en rapport avec l'adolescence, c'est un parti pris que nous ne partageons nullement, en tout cas pas dans la forme qu'il prend ici. Rien de constructif ou au moins d'émotionnellement engageant ne naît de l'attitude négative et déprimante de Hubert, un personnage tellement sur l'offensive qu'on a du mal à ne pas prendre parti pour la mère, en quelque sorte par défaut.
Car les trois seuls instants, où le climat excessivement conflictuel atteint un semblant de vérité et de sincérité, c'est lorsque la mère peut exprimer son attachement profond et instinctif à son fils. Naturellement, Hubert dans toutes ses manies grandiloquentes, son agressivité et sa susceptibilité maladives est absent de ces brefs sursauts d'humanité et de subtilité. La souffrance réelle de la mère devient ainsi brièvement palpable, lorsqu'elle discute avec sa copine de l'homosexualité inavouée de son fils, qu'elle répond à Hubert, alors qu'il est déjà parti bouder, ce qu'elle ferait s'il mourait, et enfin, qu'elle déballe au téléphone toutes ses galères de mère monoparentale au directeur désemparé du pensionnat.
Hélas, c'est trop peu pour nous réconcilier avec un film, qui se démarque d'ailleurs par toutes sortes de tics formels. En effet, Xavier Dolan n'est pas un Jonathan Caouette, qui mélangeait les différents supports et niveaux narratifs avec une maîtrise incomparable dans le très beau et très personnel Tarnation. Ici, tout respire la prétention immature, de l'autoconfession en noir et blanc, à l'insertion du film de famille à la fin, en passant par des cadrages pompeux. Ainsi, cette oeuvre, qui ne se nourrit que de haine, provoque chez nous exactement le même sentiment de rejet, désagréable et vain.
Vu le 18 juin 2009, au Club Marbeuf, en VQ
Note de Tootpadu: