Reader (The)

Reader (The)
Titre original:Reader (The)
Réalisateur:Stephen Daldry
Sortie:Cinéma
Durée:124 minutes
Date:15 juillet 2009
Note:
En 1958, en Allemagne de l'Ouest, le lycéen Michael Berg a un malaise dans la rue. Il est assisté par Hanna Schmitz, qui le ramène chez lui. Une fois rétabli de la fièvre scarlatine, Michael se rend chez Hanna pour la remercier. Commence alors une relation passionnelle entre l'adolescent et la trentenaire belle et mystérieuse. Avant de s'adonner aux plaisirs de la chair, Hanna exige de Michael qu'il lui fasse de la lecture. Mais à la fin de l'été, Hanna disparait sans laisser de trace, causant du coup un immense chagrin d'amour à Michael. Des années plus tard, ce dernier poursuit ses études de droit et assiste alors au procès des anciennes gardiennes du camp d'Auschwitz. Sur le banc des accusées : Hanna Schmitz.

Critique de Tootpadu

Mieux vaut tard que jamais pour la sortie française de ce candidat aux Oscars de l'hiver dernier, désormais ensevelie en plein été, à une date fort improbable pour ce genre de film sombre et sérieux. Mais ne boudons pas notre plaisir de découvrir enfin l'interprétation qui a valu à Kate Winslet un Oscar plutôt mérité. C'est en effet elle qui porte principalement The Reader sur ses jeunes épaules et qui nous ferait presque oublier la surcharge de poncifs avec laquelle s'embarrasse la mise en scène.
La légèreté et la pureté du ton n'ont jamais été le fort du style du réalisateur Stephen Daldry, dont seul Billy Elliot a réellement su nous émouvoir jusqu'à présent. Comme ce fut déjà le cas dans The Hours, Daldry et son scénariste David Hare multiplient un peu gratuitement les niveaux temporels de l'intrigue et les sujets porteurs qu'ils exploitent sans vergogne. Pas assez des horreurs de la Shoah et de la responsabilité d'éclaircissement de ces dernières pour les générations futures, il faut y associer en plus le handicap social de l'analphabétisme, le tout sous l'angle d'une relation sexuelle qui borde à la pédophilie. Stephen Daldry s'acquitte sagement, voire d'une manière académique, de l'entassement de ces poncifs, dont chacun séparément aurait déjà suffi à apporter de la matière tragique au récit.
De la même façon, le réalisateur élabore une structure narrative en quatre temps, parmi lesquels au moins le récit cadre ne justifie pas son existence par le simple fait de la révélation du père envers sa fille, de son malaise vital et de sa distance. Enfin, la musique pompeuse et quasiment omniprésente correspond parfaitement à ces lignes narratives peu claires, qui cherchent plus à amadouer le spectateur qu'à le mener d'une façon autonome au coeur émotionnel de cette histoire triste.
Pour cela, il faudra compter sur les interprétations plutôt prenantes, notamment de Kate Winslet et du jeune David Kross. Tandis que Winslet crée un personnage imprévisible et complexe, jusqu'à déjouer la menace d'une vague de bons sentiments lorsqu'elle apprend à lire, Kross apporte juste ce qu'il faut d'innocence juvénile à son rôle d'un agent d'une initiation à double sens, sexuelle et littéraire.

Vu le 17 juin 2009, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Certains films mettent bizarrement beaucoup de temps à sortir sur nos écrans. La plupart du temps, cela vient du fait que ces films n'ont pas eu le succès escompté lors de leur sortie nord-américaine. Ce film aurait pourtant mérité un meilleur traitement et une attente moins longue que ces sept mois d'attente, malgré l'effet Oscar (Kate Winslet a en effet obtenu pour son rôle l'Oscar de la Meilleure actrice). Certes, le sujet abordé par ce film est un sujet sensible de notre histoire. L'héroïne a en effet travaillé pendant la Seconde Guerre mondiale dans un camp de concentration sans se rendre compte qu'elle avait le sort de plusieurs personnes entre ses mains. Le procès se déroulant dans le film nous montre que les nazis utilisaient les simples d'esprit, les analphabètes comme gardes dans leurs camps. Ce thème est un sujet tabou au sein de notre chère Europe commune. Pour traiter d'un tel sujet, il fallait un réalisateur avisé, sachant dépeindre des personnages à multiples facettes et surtout l'interaction entre eux.

Ce film repose sur une très belle histoire d'amour entre un jeune homme campé parfaitement par David Kross et Kate Winslet. Le réalisateur Stephen Daldry, qui s'est fait connaître mondialement par Billy Elliot (2000) signe ici son film à ce jour le plus abouti et le plus dramatique. Il nous raconte surtout une histoire d'amour qui ne pourra laisser personne de marbre. Ce film pose la question primordiale de savoir ce que l'on serait capable de faire pour la femme de sa vie, pour celle pour laquelle nous sommes prêts à relever tous les défis, à nous battre jusqu'à la mort, à faire taire la vérité et les faits si besoin est.

De tels films sont importants, car ils nous montrent que loin du carcan des productions des grands studios, certains réalisateurs sont capables d'aborder directement des sujets graves et de dépasser ces sujets pour les rendre universel. Ce film nous renvoie de plus à nos fantômes du passé, à nos actes manqués, et à nos échecs sentimentaux. S'il y a bien un film à découvrir d'urgence, il s'agit bien de celui-ci. Car loin de tous ces films pensés comme des produits marketing, voici un film d’auteur, profond, très bien réalisé et surtout avec deux grands comédiens : Ralph Fiennes et Kate Winslet.

Vu le 17 juin 2009, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder: